Il ne manque pas d'activités artistiques à Montréal, mais celles qui combinent plaisir des yeux, des papilles et de l'esprit sont rares. Le deuxième Rallye des galeries, organisé le 18 novembre dernier par artsScène Montréal et l'Association des galeries d'art contemporain, fait partie de ces moments magiques: on peut apprécier une oeuvre, une bonne verrine et un bon cru dans une ambiance conviviale et inspirante.

Le premier Rallye des galeries, qui permet aux initiés comme aux «recrues de l'art contemporain» d'en découvrir les nombreuses facettes, avait attiré 50 personnes en 2009. Cette année, 150 personnes, moyennant 80 $, ont passé une soirée à visiter quatre galeries, à déguster quatre vins, à manger des bouchées, à contempler des dizaines d'oeuvres et à participer à des discussions avec les artistes et les visiteurs.

17 h 30. Rendez-vous au Belgo, rue Sainte-Catherine, immeuble occupé par des galeries et des centres de création. Les représentants d'artsScène et de l'AGAC accueillent les esthètes à la galerie Joyce Yahouda. La plupart sont âgés de 20 à 40 ans. Présidente d'artsScène Montréal, Julie Arsenault précise l'objectif de la soirée. «On veut éduquer les jeunes pour qu'ils achètent une moins grosse voiture en investissant la différence dans une oeuvre d'art, dit-elle à La Presse. Ce genre d'activité provoque des changements sur la scène culturelle à Montréal.»

Une fois les groupes de 50 personnes constitués, un verre de Riesling Selbach 2008 à la main, les gens se promènent en jetant un coup d'oeil aux photos de Corinne Lemieux, aux dessins de François Morelli et aux oeuvres ludiques de Zipertatou. Anne-Marie Bergeron, membre d'artsScène Montréal, filme l'activité, tout comme TV5. La photographe Alana Riley, qui a reçu le matin même le prix Pierre-Ayot, prend des photos. Sur un des murs, l'une de ses oeuvres: elle-même en train de soulever son dentiste dans son cabinet! Croqueuse de situation, Alana.

Petit discours de bienvenue. Jean-François Belisle, directeur de l'AGAC, souligne que «l'art est important et (que) ça vaut la peine de temps en temps de s'arrêter et de constater combien ça fait partie de notre univers quotidien».

Push

18 h 45. Le groupe 2 se rend au cinquième étage du Belgo, à la nouvelle galerie Push créée pour les artistes émergents par Megan Bradley. Très lumineux, l'espace expose les oeuvres géométriques de l'Américain Ben Merris.

Nous sommes accueillis par les macarons sucrés-salés de Point G présentés comme des suçons par Philippe Tardif, du Traiteur Ferreira, et par un verre de cidre de glace. Venu au rallye avec sa femme Micheline, Jean-Denis Bélisle dit qu'il collectionne de l'art contemporain depuis 30 ans. «Il faut commencer jeune à collectionner, dit Micheline. Au lieu de s'acheter de gros cadeaux à Noël, on s'offrait un tableau.»

Animée par Natalie Chapdelaine, d'artsScène Montréal, et par l'artiste Yann Pocreau, une discussion s'établit autour du thème de l'appréciation des oeuvres. Certains évoquent ce que signifie le «oh boy!» lâché devant une oeuvre qui les surprend.

On prend ensuite un autobus rue Bleury. Direction galerie Dominique Bouffard, rue Amherst. Là nous attendent les sérigraphies sur papier de Jason Cantoro, artiste montréalais de 31 ans. Doué et connu aux États-Unis, en Europe et au Canada, Cantoro s'inspire de Robert Rauschenberg, père du néo-dada. Verrine de pieuvre dans une main, verre de Jerez Fino del Puerto dans le creux du coude, s'engage une conversation avec l'artiste et la galeriste. On parle sérigraphie, vente de peintures, liens entre une galerie et un artiste.

Art mûr

21 h. On reprend l'autobus pour la galerie Art mûr où les trois groupes se rejoignent pour un buffet, un laïus du collectionneur Maurice Forget et pour découvrir des artistes exposés dans la galerie fondée par Rhéal Olivier Lanthier et François St-Jacques.

En ce moment, on peut voir les néons d'Orest Tataryn, les jets de peinture - en dehors des cadres - de Mike Patten, les Machinations en nylon de Guillaume Lachapelle, qui crée des oeuvres pénétrant dans le mur de la galerie, les huiles sur alu du Montréalais d'origine coréenne Jinny Yu et les brouettes découpées au plasma de Cal Lane.

Jeune menuisier, Jonathan Turcotte est content de son Rallye. «Ce qui est cool, c'est que les artistes sont là et peuvent parler de leurs oeuvres», dit-il. M. Lanthier clôt la soirée en lançant que «l'art de vivre, c'est de vivre avec l'art».

Il y aura un troisième Rallye des galeries en 2011. Plutôt que de se languir d'ici là, artsScène et l'AGAC organisent d'autres activités régulières: un parcours artistique mensuel et des discussions animées autour de l'art tous les derniers mercredis du mois au restaurant Verses, dans le Vieux-Montréal.

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Infos : www.agac.qc.ca et www.artsscenemontreal.com