Vous pensez qu'il est impossible de collectionner des oeuvres d'art? Trop cher? Réservé à une élite? Pas du tout. Plus que jamais, l'art est accessible. Ça ne prend qu'une chose: de la passion.

Avant toute chose, il faut développer un amour pourl'art si on veut collectionner. Certains l'ont depuis leur jeunesse. Ils ont baigné dedans, comme Jean-François Bélisle, fils du collectionneur Jean-Denis Bélisle, devenu directeur général du lieu d'exposition L'Arsenal. D'autres acquièrent cet amour plus tard.

«Collectionner, c'est d'abord savoir visiter en prenant son temps dans les musées et dans les galeries, mais le plus important est de savoir regarder», lance Véronique Lefebvre, guide-éducatrice au Musée d'art contemporain de Montréal.

«Dans l'art, il faut suivre sa passion», renchérit l'homme d'affaires Stephen Bronfman. Ma famille se passionne pour les arts depuis 40 ans.»

Se faire un budget



Il faut un minimum d'argent pour collectionner, mais il y a de l'art à tous les prix. Certains lancent leur collection avec 500$. D'autres y consacrent plus d'argent. «J'ai commencé avec 8000$ de budget», confie François Rochon, collectionneur et président de Giverny Capital. «Mais on peut acheter de très belles oeuvres avec 2000$. C'est sûr qu'il faut faire un sacrifice ailleurs. Je préfère acheter des tableaux que la voiture de l'année.» «Quand vous dépensez des milliers de dollars pour rénover votre appartement, il semble logique de penser à incorporer de l'art à votre nouvelle décoration», ajoute Lisa Hunter, l'auteure américaine d'un livre très utile pour les collectionneurs d'art, The Intrepid Art Collector, publié chez Three Rivers Press.

Acheter sur le web

On peut aussi acheter de l'art sur le web. Comme pour tout, il faut se méfier. Vérifier la provenance de l'oeuvre. L'artiste est-il connu? A-t-il exposé ou fait l'objet d'articles? «On peut acheter de très belles photos en édition limitée pour 20$ sur internet», indique Lisa Hunter, qui recommande les sites suivants: 20x200, aperture, blindspot, igavel, creativetime, othercriteria, artmetropole, ugallery ou printedmatter.

Conserver sa collection



Il faut aussi assurer et entretenir ses oeuvres. Le Centre de conservation du Québec fournit de la documentation et des conseils pour une conservation adéquate. De plus, un collectionneur soutient l'art et ne vend pas ses oeuvres. Il les lègue à son décès: à ses enfants, à son légataire ou à un musée. «La destination ultime d'une collection est de rejoindre un musée», dit l'historienne d'art Florentina Lungu. L'art n'est donc jamais perdu sauf quand on le perd de vue.

Ne pas penser profit



Collectionner n'est pas investir. Si vous collectionnez dans l'espoir d'épargner, vous vous égarez, disent les collectionneurs aguerris. «Je ne suis pas convaincu qu'acheter pour investir à la place d'un REER soit une bonne idée, dit François Rochon. Oui, l'oeuvre d'art peut prendre de la valeur, mais quand l'accent est mis sur la somme, on risque de se priver de la valeur réelle d'une oeuvre. Rien ne peut égaler regarder un magnifique Rothko à la Phillips Collection de Washington. J'y suis allé en 1999 et j'en ai encore des palpitations.» Toutefois, pour les entreprises, il existe des programmes d'amortissement des oeuvres qui permettent de réduire le coût d'achat.

Acheter quand?



C'est un bon moment pour acheter, semble-t-il, car la récession a fait baisser les prix. Il y a réellement de la qualité à un coût souvent dérisoire par rapport à ce qu'on trouve ailleurs. «Les prix ont baissé, c'est vrai, et il y a eu beaucoup de ventes de feu. Mais pour les artistes connus, le marché est de nouveau en feu, à des prix plus élevés que jamais, dit Stephen Bronfman. C'est lié au marché de la Bourse qui est pas mal haut.» «Les artistes canadiens sont extrêmement accessibles à l'achat, dit de son côté Lisa Hunter. On peut trouver de la grande qualité à des prix très intéressants. D'autant plus que le marché de l'art a changé depuis 20 ans. Ce n'est plus seulement pour les riches.»

Acheter quoi?



Au début, on n'y comprend rien. Choisir tel ou tel artiste? «L'important, c'est d'en voir beaucoup, dit François Rochon. Plus on va en voir, plus on va discerner ce qui est important de ce qui est répétitif. Soudain, on voit quelque chose qui ne ressemble à rien d'autre, comme les peintures de Guerrera ou les sculptures de David Altmejd, et on s'ouvre l'esprit.» «Encouragez les jeunes artistes, dit Lisa Hunter. Les marchands d'art travaillent maintenant avec des artistes qui sont souvent encore aux études. «Il faut lire des revues spécialisées, visiter galeries et musées, rester en contact avec les sites d'art contemporain (comme ratsdeville), laisser son nom sur les listes d'envoi, signer les livres d'or en laissant ses coordonnées, lire les critiques dans les journaux avant d'aller aux vernissages. «Le vernissage d'une exposition, c'est gratuit, tout comme une visite dans une galerie», rappelle le galeriste Pierre-François Ouellette.