À l'occasion de l'inauguration, cet automne, du nouveau pavillon du Musée des beaux-arts de Montréal consacré aux oeuvres canadiennes, Nathalie Bondil, sa directrice générale, a invité 16 artistes à célébrer cette collection. Parmi eux, le cinéaste Denys Arcand et l'artiste visuel Adad Hannah ont créé une installation qui sera présentée à l'occasion d'une exposition en novembre qui s'intitulera Big Bang, a appris La Presse.

«Comme en 2007, nous avons voulu organiser un automne gratuit au musée pour fêter nos nouvelles installations, car le public ne sait pas assez que la collection permanente du Musée des beaux-arts de Montréal est libre d'accès», explique Nathalie Bondil, directrice de l'institution.

Pour accompagner l'inauguration, le 26 septembre, de cette nouvelle présentation de la collection québécoise et canadienne dans le pavillon Claire et Marc Bourgie, Nathalie Bondil et Stéphane Aquin, conservateur des arts contemporains, ont voulu que des artistes utilisent les oeuvres du musée pour en créer d'autres.

L'exposition Big Bang présentera donc, de novembre à la mi-janvier, le fruit de la réflexion de 16 artistes, dont le cinéaste Denys Arcand et l'artiste visuel Adad Hannah. «La collection du musée est ainsi magnifiée, dit Mme Bondil. Big Bang aura un caractère très festif et très inclusif, pour montrer que les arts visuels parlent aux arts visuels et pour fêter la créativité montréalaise.»

Toutes les disciplines artistiques seront représentées dans Big Bang: le cinéma, la danse, le chant, le théâtre, les arts plastiques, etc.

Un film à deux têtes

Denys Arcand et Adad Hannah projetaient de travailler ensemble depuis quelque temps. «Nous avons discuté de l'idée dans mon studio, Denys et moi, dit Adad Hannah. Nous sommes ensuite allés voir la collection permanente du musée. Nous avons créé un scénario, puis avons dirigé le tournage ensemble.»

Ils ont ainsi tourné, en février dernier, un court métrage à l'intérieur du musée. Une dizaine d'employés du musée ont joué les acteurs dans ce petit film. «Leur performance a été incroyable, dit Adad Hannah. On n'a vraiment pas l'impression que ce sont des acteurs amateurs.»

Le court métrage de 6 minutes 40 secondes s'inspire de la pièce de théâtre La ronde, de l'écrivain juif viennois Arthur Schnitzler, qui avait fait scandale au début du XXe siècle, car elle évoquait les excentricités sexuelles de la société viennoise de l'époque.

Les deux artistes relisent la pièce de Schnitzler de façon contemporaine à partir d'une oeuvre du musée, un sofa Safari du designer italien Archizoom, qui fera partie de l'installation placée dans une salle du musée.

«On a imaginé une sorte d'histoire archéologique de ce sofa Safari qui a six sièges placés dans un cercle, dit Adad Hannah. Dans l'histoire [du court métrage], il se retrouve au fond d'une discothèque, dans les années 80, et on a imaginé ce qui se passe dans ce sofa.»

L'installation comportera le sofa et une projection sur six canaux. Ainsi, le visiteur pourra se promener à l'intérieur de l'installation et découvrir l'oeuvre de six façons différentes.

Adad Hannah et Denys Arcand ont encore du pain sur la planche pour préparer leur oeuvre. «Le tournage est terminé, mais il y a encore beaucoup de travail à faire avec les écrans, dit Adad Hannah. C'est un projet qui nous aura finalement pris de huit mois à un an à réaliser - à temps partiel, bien sûr.»

En attendant le Big Bang, Adad Hannah prépare une exposition en septembre prochain à la galerie Pierre-François Ouellette Art Contemporain. Il s'agit d'oeuvres réalisées en Russie pendant trois semaines de travail, l'an dernier.