Suppressions d'emplois, diminution des expositions, disparition des activités promotionnelles et d'acquisitions, la Société des directeurs des musées montréalais (SDMM) lance un cri d'alarme pour dénoncer le sous-financement de ses membres. Elle demande au ministère de la Culture d'augmenter ses subventions au fonctionnement de huit millions par année pour stabiliser la situation financière des musées montréalais.

Situation précaire

Ces demandes font suite à une enquête interne menée cet été par la SDMM auprès de 25 de ses membres (au nombre de 38). Selon la directrice générale de la Société, Manon Blanchette, plusieurs musées sont dans une situation financière précaire. Elle déplore également le désengagement de l'État de la sphère muséale, qui compterait sur le secteur privé pour boucler les budgets de fonctionnement des musées.

«Les musées passent beaucoup de temps à chercher de l'argent pour financer leurs expos et à attendre des dons pour faire des acquisitions, indique Mme Blanchette. Ce n'est pas une solution viable.»

«Nous nous réjouissons des investissements publics dans les infrastructures [estimés par la SDMM à un milliard depuis 1992], mais les subventions au fonctionnement n'ont pas suivi», ajoute-t-elle.

Selon Mme Blanchette, les musées les plus menacés sont le Château Dufresne, qui réfléchit à ouvrir seulement six mois par année, le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée McCord, le Centre des sciences de Montréal, le Château Ramezay, le Musée des maîtres et artisans de Saint-Laurent, le Musée de Lachine, le Musée Redpath et le musée Pointe-à-Callière.

Toutes ces institutions prévoient à court terme des suppressions d'emplois, sans toutefois les chiffrer. Plusieurs d'entre eux s'attendent également à revoir leur programmation, leurs programmes éducatifs, leurs heures d'ouverture et leurs activités de diffusion.

«Près de la moitié des musées qui ont participé à notre enquête ont déjà fait des coupes importantes, note Manon Blanchette. Dans certains cas, ces compressions touchent près de 35% du personnel.»

Selon elle, le quart des musées ont aussi diminué le nombre d'expositions, ainsi que leurs activités promotionnelles.

«Nous savons que les communications sont essentielles à la promotion des expos, explique-t-elle. Pourtant, c'est une des premières choses qui est sacrifiée», déplore-t-elle.

La SDMM demande donc huit millions de plus annuellement.

Salaires «dérisoires»

«Cet ajustement est absolument nécessaire pour stabiliser la situation financière de nos musées, juge Manon Blanchette. Les salaires des employés sont dérisoires, il n'y a pas de rétention du personnel, c'est très difficile en ce moment.»

Les demandes de la SDMM sont formulées à quelques semaines des États généraux des musées du Québec, qui auront lieu du 4 au 6 octobre. «Notre objectif est de fournir des informations à la ministre de la Culture pour l'aider à avoir un portrait juste de la situation de nos musées, dit Manon Blanchette. Nous sommes prêts à faire notre part, mais nous avons besoin d'aide», conclut-elle.