La National Gallery de Londres a réussi un coup de génie: rassembler pour la première fois plus de la moitié des peintures du maître de la Renaissance. Preuve que Léonard de Vinci fait toujours courir les foules, les billets pour l'exposition historique sont déjà presque tous vendus. La Presse était à son ouverture.

Incroyable, mais vrai: même si Léonard de Vinci a signé le plus célèbre tableau de la planète, La Joconde, seulement 15 toiles lui sont attribuées avec certitude. Neuf d'entre elles sont à l'honneur à la National Gallery de Londres jusqu'au 5 février pour l'exposition Léonard de Vinci: Peintre à la cour de Milan. Du jamais vu.

Une cinquantaine de croquis, dont le tiers provient de la collection privée de la reine Élisabeth, complètent l'hommage au savant qui abordait la peinture comme une science divine.

Puisqu'elle s'intéresse à sa période milanaise, de 1482 à 1499, la direction du musée n'a pas tenté d'emprunter La Joconde au Louvre, qui fut terminée vers 1506, à Florence. «Elle ne quittera jamais Paris», concède Per Rumberg, conservateur adjoint de l'exposition.

Il a tout de même fallu cinq années de délicates négociations pour rallier des musées partenaires, de Cracovie à Milan. «De Vinci est si légendaire que chacune de ses oeuvres est le joyau d'une collection», explique M. Rumberg.

Cette rétrospective met en scène deux personnages féminins tout aussi fascinants que La Joconde: La Belle Ferronnière, aux yeux marron énigmatiques, et La Dame à l'hermine, dont l'expression nuancée évoque une intelligence vive, si embryonnaire soit-elle. Considéré comme le premier portrait moderne, ce tableau témoigne du génie de de Vinci, fin psychologue bien avant Vélasquez (1599-1660) et Rembrandt (1606-1669).

Les visiteurs de la National Gallery peuvent aussi comparer les deux versions de La Vierge aux rochers, exécutées à différentes époques dans une même salle. Un privilège que le célèbre polymathe lui-même n'a jamais eu.

L'exposition affiche déjà complet jusqu'à la mi-janvier. Heureusement pour les retardataires, le musée libère 500 places chaque matin pour le jour même.

Conscients de leur chance inouïe, des Londoniens rencontrés à l'inauguration planifiaient plusieurs visites pour bien s'imprégner de l'univers de Léonard de Vinci. «J'ai fait la file pendant une heure et demie et cela en valait la peine, dit Mark Henderson, les yeux brillants. Les Vierge aux rochers sont magnifiques. J'ai acheté trois autres billets, je reviendrai avec des amis.»