«L'autre» spécialité de l'oncologue Richard Béliveau lancera les festivité du 20e anniversaire du Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal...

Richard Béliveau a deux spécialités. Sommité mondiale de la recherche sur le cancer du cerveau, le biochimiste et professeur est aussi un auteur à succès Les aliments contre le cancer (Trécarré, 2005) a été traduit en 25 langues et un vulgarisateur de premier plan, comme le savent les habitués de Kampaï, l'émission santé de Radio-Canada.

Richard Béliveau est également un expert du Japon des samouraïs et l'un des plus grands collectionneurs au monde d'objets de cette époque où le Japon était gouverné par la grande caste guerrière des samouraïs (1600-1868). Sa spécialité: les armures, qui constitueront la pièce de résistance de l'exposition Samouraïs - La prestigieuse collection de Richard Béliveau, qui sera inaugurée au musée Pointe-à-Callière en mai 2012.

Francine Lelièvre, la directrice générale du Musée d'archéologie et d'histoire de Montréal rappelle la genèse du projet. «En 2006, notre exposition sur le Japon préhistorique avait présenté des objets qui sortaient du Musée national de Tokyo pour la première fois. Pour cette autre exposition sur le Japon, quelqu'un nous a suggéré d'emprunter quelques pièces à Richard Béliveau, mais quand j'ai vu sa collection, je me suis dit qu'elle pouvait à elle seule faire l'objet d'une exposition de calibre international.»

Ainsi, pour marquer son 20e anniversaire, Pointe-à-Callière lancera au printemps la série «Collectionneurs montréalais» qu'inaugurera Richard Béliveau. De spectaculaire façon, on le voit tout de suite en entrant chez lui, mais en allant bien au-delà de la simple «exposition» d'objets rares.

«J'ai découvert la culture japonaise en m'initiant au judo à l'âge de 12 ans», raconte le Trifluvien d'origine. «J'aimais l'aspect rituel de cette discipline basée sur le respect de l'adversaire et le courage d'apprendre à tomber avant de faire tomber.» De lectures en voyages, Richard Béliveau a découvert la philosophie bouddhique, qui «combat la peur de la mort», et le shintoïsme, la grande religion animiste japonaise qui célèbre chaque parcelle de la vie. En arrivant aux samouraïs («ceux qui servent»), il vit que force et beauté pouvaient aller de pair. Puis il a acheta une armure, puis une autre: il en a aujourd'hui 25, complètes, uniques.

«Le Japon est le berceau du design», lance Richard Béliveau en évoquant la rencontre parfaite de l'art et de la fonction que constituent ces armures faites de métal, souvent laqué, de cuir et de soie. Rien à voir, ça saute aux yeux, avec les «boîtes de fer» des chevaliers de la Table ronde...

Ici, un casque à la forme asymétrique fait de 43 rangées de pitons de métal de dimensions décroissantes «Des années de travail.» Là, un masque décoré de feuilles d'or avec moustache en poils de yak, «pour rehausser la masculinité» du guerrier. Et des sabres longs signés par les plus grands forgerons du Japon, toujours au sommet mondial de la «coutellerie», et des plus courts pour se faire hara-kiri en cas de manquement au devoir. Pour illustrer les aspects moins guerriers de cette culture, l'expo montrera aussi des services de thé plusieurs fois centenaires et des rouleaux calligraphiés par les plus belles plumes du temps.

«Mon objectif, dira Richard Béliveau, est d'amener les petits gars au musée. Pour leur faire découvrir une certaine forme de beauté, pour leur montrer que force et sensibilité ne sont pas mutuellement exclusives. Que l'on peut, comme le bambou, être fort et souple en même temps.»

La retraite venue, le célèbre oncologue entend construire dans un quartier comme Pointe Saint-Charles un centre de la culture japonaise, avec un dojo pour les arts martiaux et des studios pour l'art floral, des jardins de bonsaï et une salle-musée pour ses armures et le reste. Entre-temps, Richard Béliveau vit au milieu de ses armures, «dépositaire temporel d'objets importants de l'histoire de l'humanité».

Samouraïs - La prestigieuse collection de Richard Béliveau, au musée Pointe-à-Callière, du 17 mai 2012 au 31 mars 2013.