Le plus difficile du travail en vue de réaliser la grande exposition des oeuvres du peintre Vincent Van Gogh, à Ottawa, fut de convaincre les musées à travers le monde de prêter leurs précieuses oeuvres, explique Anabelle Kienle, conservatrice adjointe de l'exposition Van Gogh. De près.

«C'est une chose difficile, souligne Anabelle Kienle, du Musée des Beaux-Arts du Canada, parce que les tableaux de Van Gogh sont les favoris des visiteurs.»

L'exposition Van Gogh. De près s'ouvrira le mois prochain au Musée des Beaux-Arts du Canada.

«Juste pour obtenir une oeuvre, cela a exigé plusieurs appels, souligne Mme Kienle, nous avons vraiment fait le tour du monde pour convaincre les prêteurs de nous céder les tableaux sur l'exposition.»

Les amateurs d'art qui ont hâte d'en apprendre davantage au sujet des interprétations du monde que faisait le maître du post-impressionnisme seront heureux d'apprendre que Mme Kienle et ses collègues ont relevé le défi. Quarante-cinq tableaux qui ornent habituellement les murs de musées partout au monde, d'Amsterdam à Honolulu, seront exposés au Canada. Le travail de l'artiste hollandais n'avait pas été vu au Canada depuis plus de 25 ans. L'exposition a été organisée en collaboration avec le Philadelphia Museum of Art où l'exposition est présentée ce mois-ci.

L'événement qui aura lieu du 25 mai au 3 septembre mettra l'emphase sur les travaux portant sur les paysages réalisés en France pendant les trois dernières années et demie de sa vie.

Après son arrivée à Paris en 1886, Van Gogh a alors mis en application les bases de l'impressionnisme, y incorporant des couleurs vives et des coups de pinceau audacieux. Il a également exploré la perspective et la présentation, créant des natures mortes et des scènes extérieures, mais sans l'arrière-plan habituel, faisant plutôt ressortir les bourgeons et les troncs d'arbre.

Le projet est né il y a six ans à la suite d'une conversation entre la conservatrice adjointe pour les oeuvres européennes et américaines, Anabelle Kienle pour le Musée des Beaux-Arts du Canada, et Cornelia Homburg, spécialiste indépendante de Van Gogh en France et conservatrice invitée pour cette exposition.

Mme Homburg avait noté que le Musée des Beaux-Arts du Canada avait possédé un certain temps cette oeuvre très connue de Van Gogh peinte en 1889 après son internement volontaire à l'asile d'aliénés de Saint-Paul-de-Mausole, à Saint-Rémy-de-Provence.

L'oeuvre devenue icône représente une rafale de bleu et de vert dans une perspective qui a plus tard caractérisé son style largement composé de gros plans. «J'avais remarqué cet aspect du travail dans les oeuvres de Van Gogh, explique Anabelle Kienle, mais personne ne l'avait jamais analysé dans une étude.»

De son vivant, les peintures du maître ont été peu appréciées. Décédé à l'âge de 37 ans, le peintre se serait suicidé après avoir été interné à plusieurs reprises pour instabilité mentale. Il a laissé en héritage plus de 2000 tableaux et une vaste correspondance faisant état de ses problèmes personnels incluant les lettres destinées à son frère Théo, un marchand d'oeuvres d'art.

Van Gogh est aujourd'hui reconnu non seulement pour avoir eu une influence déterminante sur les peintres du 20e siècle, mais comme un artiste à la personnalité complexe qui attire les amateurs d'art et fait monter les enchères.

«Il demeure une énigme, un personnage déconcertant pour un historien de l'art, tellement versatile et difficile à saisir», conclut Anabelle Kienle en disant espérer que les visiteurs sortiront de cette exposition avec une nouvelle perception de l'artiste, soit celle d'un homme déterminé à être reconnu comme un peintre moderne.

L'exposition qui débute le 25 mai se tiendra jusqu'au 3 septembre.