Le directeur du Musée d'art contemporain de Casoria, près de Naples (sud de l'Italie), a commencé mardi à brûlé ses oeuvres pour protester contre les importantes coupes budgétaires dans le secteur de la culture.

En fin d'après-midi, le fondateur et directeur du musée, Antonio Manfredi a mis le feu à l'oeuvre d'une artiste française, Severine Bourguignon, qui avait préalablement donné son accord et a suivi les ravages des flammes en direct sur Skype.

«Les mille oeuvres que nous exposons sont de toute façon promises à la destruction en raison de l'indifférence du gouvernement», a-t-il expliqué.

Antonio Manfredi a l'intention de brûler ainsi trois oeuvres par semaine dans le cadre d'une initiative intitulée «Art war» (guerre de l'Art).

Ce directeur, exaspéré par les menaces de la mafia et l'inaction du gouvernement pour protéger le patrimoine italien, s'était déjà illustré l'an dernier en écrivant à la chancelière allemande Angela Merkel pour lui demander l'asile.

«L'Allemagne est l'un des seuls pays qui n'ait pas taillé dans le budget de la culture. Elle accorde beaucoup d'argent à la recherche, pas comme ici», avait-il alors expliqué à l'AFP. Pour enfoncer le clou, il avait même planté un drapeau allemand devant le musée.

«Si le gouvernement laisse Pompéi s'écrouler, quel espoir a mon musée», avait-il ajouté après une série d'effondrements dans la célébrissime cité antique proche de Naples.

Il n'a jamais reçu de réponse de Mme Merkel, mais le Tacheles, squat emblématique de Berlin, lui avait toutefois offert «l'asile artistique» en mai 2011 avec des oeuvres consacrées à la mafia et son infiltration dans la société.

Le secteur de la culture est l'un des plus touchés par les plans d'austérité à répétition en Italie.

Le ministère de la Culture a annoncé récemment la mise sous tutelle du Maxxi, musée d'art contemporain de Rome, en raison de ses dettes. Les subventions accordées à ce musée ont été coupées de 43% par rapport à 2010, année de son inauguration triomphale.

L'État italien ne consacre que 0,21% de son budget à la culture, alors que la péninsule assure abriter la moitié du patrimoine culturel mondial.

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