(Paris) Le « peintre du noir et de la lumière », le Français Pierre Soulages, figure majeure de l’abstraction de l’après-guerre, est décédé, a annoncé le musée Soulages de sa ville natale de Rodez. Il avait 102 ans.

Pierre Soulages est devenu très influent pour ses toiles où le noir domine. Il l’appelait « noir-lumière » ou « outrenoir ».

Le président français, Emmanuel Macron, lui a rendu hommage, publiant sur Twitter une photo de lui avec l’artiste. « Pierre Soulages avait su réinventer le noir, en y faisant jaillir la lumière. Par-delà le noir, ses œuvres sont des métaphores vives où chacun de nous puise l’espoir », a-t-il écrit.

Une grande rétrospective Soulages au musée du Louvre l’année de ses 100 ans a eu lieu en 2019, dans laquelle le musée l’a qualifié de « figure majeure de la peinture non figurative ».

Les premières peintures brun-noir de Soulages en brou de noix ont conduit aux œuvres qui ont défini sa vie : ses peintures « outrenoir ». Celles-ci sont presque toujours d’un noir pur, avec de la peinture pressée sur d’immenses toiles, puis grattée avec des couteaux et caressée avec des pinceaux à un degré quasi sculptural.

Soulages a découvert la technique en 1979 alors qu’il travaillait sur une peinture qu’il considérait comme un échec. Puis il s’est rendu compte que la peinture était réfléchissante, que la lumière vient de la couleur qui est l’absence de lumière. La réflexion des spectateurs et la lumière du jour changeante font partie de l’art, qui, selon lui, crée un nouvel espace mental.

Pierre Jean Louis Germain Soulages est né à Rodez, dans la région Occitanie, dans le sud de la France en 1919, au lendemain de la Première Guerre mondiale, grandissant avec une fascination pour les vieilles pierres, les paysages et l’artisanat.

Ses débuts dans la peinture en 1936 et 1937 lui donnent l’ambition de travailler à Paris. Au cours d’un passage à Montpellier à cette époque, il rencontre sa future épouse, Colette Llaurens, qui restera avec lui pour le reste de sa vie.

En 1943, Soulages fait une rencontre importante avec l’artiste Sonia Delaunay qui l’initie à l’art abstrait. Cependant, ce n’est qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il a servi, que le jeune peintre a pu ouvrir son premier atelier dans la capitale française, et a tenu sa première exposition en 1947.

Il n’a cessé d’acquérir une reconnaissance internationale, et particulièrement aux États-Unis lors de l’après-guerre.

Les œuvres de Soulages figuraient dans les principales expositions américaines des années 1950, notamment au Museum of Modern Art (MoMA) de New York en 1955.

Dans son pays natal, la France, il était considéré comme un trésor national.

Son héritage comprend la réalisation de 1987 à 1994 de quelque 104 vitraux pour l’abbaye romane Sainte-Foy de Conques — un site qu’il a visité enfant, qu’il a évoqué dans des entrevues comme étant un moment marquant de sa vie.

Lors d’une rétrospective au Centre Pompidou à Paris en 2009, Soulages a indiqué qu’il ne pouvait pas déterminer quand il était tombé amoureux du noir. Il disait que cela faisait une éternité, se lançant dans une ode soulignant que le noir est l’anarchie, la révolte, le deuil, mais aussi là pour faire la fête.

Soulages, que le Centre Pompidou a qualifié de « plus grand peintre de la scène française actuelle », a été prolifique jusqu’à la fin de sa vie. Au fil des décennies, il a eu des rétrospectives dans le monde entier, de Houston, aux États-Unis, à Séoul, en Corée du Sud. En 2001, il devient le premier peintre vivant à être exposé à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, en Russie.

Le musée Soulages a été ouvert dans sa ville natale de Rodez, dans le sud de la France, en 2014.

Le peintre possédait un esprit vif et vivait dans le présent. Interrogé sur son travail, il a un jour plaisanté avec l’Associated Press : « C’est dur, j’ai presque envie de vous parler de ce que je ferai demain. »