Son parcours
David Elliott était venu à Montréal pour faire sa maîtrise à Concordia. « Ça ne coûtait pas cher de vivre ici et j’aime les deux cultures », dit-il. Après avoir rencontré sa femme, Elise Bernatchez, avec qui il a eu quatre enfants, il est devenu artiste et enseignant (durant 40 ans) à cette université.
Inspiré durant son adolescence par le mouvement London Regionalism des Jack Chambers ou Greg Curnoe, il s’est dirigé vers la figuration et l’image populaire quand l’abstraction et le formalisme étaient au zénith. « Au Québec, le seul qui correspondait à ce que j’aimais intrinsèquement, c’était Edmund Alleyn », dit-il.
Poétiques, ses œuvres font partie de collections muséales – le Musée des beaux-arts de Montréal, le Musée d’art contemporain de Montréal, le Musée national des beaux-arts du Québec, le Nova Scotia Museum et le musée Pointe-à-Callière. Récemment, le Conseil des arts du Canada a acquis Studio w Typewriter & Squirrels, une œuvre de 2021. Pourtant, c’est le Museo de Arte Moderno de Mexico qui lui a organisé sa seule rétrospective, en 1993. Aucun musée d’ici ne lui a offert cette chance.
Longtemps représenté par Joyce Yahouda, il fait affaire aujourd’hui avec le galeriste Nicolas Robert. Il est aussi commissaire et auteur. Il a publié un article sur Philip Guston en 2020 dans le vénéré magazine Border Crossings et, l’an dernier, il a organisé une expo sur R. Holland Murray à la Fondation Guido Molinari.
Ses boîtiers
Dans les années 1980, David Elliott créait de grandes toiles, souvent après avoir réalisé des maquettes préparatoires. Il est donc naturel qu’il se soit tourné vers des boîtiers-collages en 3D ces dernières années. Une pratique qui découle aussi des problèmes liés à la polio, contractée dans sa jeunesse. La faiblesse de son système nerveux l’oblige à travailler assis et a affaibli ses bras. Mais pas son moral ni sa détermination !
« Quand tu es jeune, ton corps fait semblant que tout est correct, alors je marchais avec des béquilles, je montais les escaliers et dans les échelles, dit-il. Aujourd’hui, ce n’est plus possible. Je me suis fait un atelier où tout est à mon niveau. Je peux poser mes bras pendant que je fais de la découpe, par exemple. »
Ses boîtiers lui permettent de parler autant d’actualité que d’expériences personnelles. « Il y a une intimité dans mes boîtiers qu’il n’y avait pas dans mes toiles, dit-il. Mes boîtes ont aussi évolué. Elles sont maintenant plus détaillées. »
Son atelier
David Elliott a quitté son atelier du 305, rue de Bellechasse pendant la pandémie. Son atelier actuel est au rez-de-chaussée de sa maison. Un atelier avec des œuvres partout. Celles en cours de création, d’autres récentes et d’autres plus anciennes.
Il crée avec Photoshop, fait des impressions et beaucoup de bricolage, pour couper, coller et fixer ses images dans les boîtiers. Il a toujours été bricoleur. « À la fin de l’école secondaire, je faisais des découpages dans le sous-sol, chez mes parents, tout seul ! », dit-il. L’atelier est devenu très tôt chez lui un refuge, artistique comme personnel.
Ses projets
David Elliott a décidé de rendre hommage aux ateliers qu’il a eus dans le passé. À son arrivée à Montréal, c’était rue Saint-Pierre. En 1978, il le transfère rue Peel, près de Wellington. De 1980 à 1995, il travaille au 2247, rue Delisle, dans la Petite-Bourgogne. Puis, de 1996 à 2020, dans le mythique 305, rue de Bellechasse.
« Pendant de courtes périodes, pour des raisons financières ou familiales, j’ai travaillé chez nous, rue Marcil, en 1979 et 1980, puis rue Oxford, en 1986-1987. J’ai aussi effectué deux résidences internationales. En 2010 dans un atelier à New York et en 2013 à la Cité des arts de Paris. »
David Elliott expose ses œuvres cette fin de semaine dans le kiosque de Nicolas Robert, à la foire Plural, dans le Vieux-Montréal, dont son boîtier Atelier avec système de son, qui représente l’atmosphère de l’atelier qu’il a partagé avec son ex-élève Nicolas Grenier au 305, rue de Bellechasse.
Alors qu’il aura 70 ans en juin, il continue de savourer son bonheur de créer qui ne l’a jamais quitté. Il s’est mis à la photographie et se sent plus libre que jamais. « Je suis gâté, dit-il. Je suis au milieu-fin de ma carrière, alors je fais comme je veux ! Jeune, j’avais besoin d’accepter la polio, et toute ma vie, les obstacles ont été la norme. Alors aujourd’hui, ça va ! »