(Saint-Paul-de-Vence, France) Créée en 1964 à Saint-Paul-de-Vence par deux marchands d’art et collectionneurs totalement amoureux des artistes, la Fondation Marguerite et Aimé Maeght souligne le centenaire de la naissance de Jean Paul Riopelle cet été avec Parfums d’ateliers, un programme qui comprend une exposition, un spectacle de danse, des concerts et des projections de films consacrés à l’artiste québécois.

C’est un coup de chapeau remarquable que Riopelle reçoit en Provence à l’occasion des célébrations des 100 ans qu’il aurait eus cette année. L’artiste disparu en 2002 est honoré par les descendants de Marguerite et Aimé Maeght (prononcez « mague »), les galeristes qui l’avaient pris sous leur aile dès les années 1960. La Fondation Maeght a pris l’initiative d’une exposition de 180 œuvres qui illustre l’éclectisme de Riopelle.

PHOTO ÉRIC CLÉMENT, LA PRESSE

Yseult Riopelle, fille de l’artiste et commissaire de l’exposition

Située sur les flancs d’une colline, au milieu des pins maritimes, la Fondation avait déjà présenté des expos de Riopelle en 1970 et 1990. Parfums d’ateliers, qu’Yseult Riopelle a mis deux ans à monter, permet de le retrouver, toujours en mouvement, inspiré par les expériences de la vie, la nature et son regard unique sur les choses. Une expo très personnelle, presque familiale, empreinte d’amitié et de respect. Avec des peintures, dessins, sculptures, céramiques, lithographies, collages et tapisseries. Un déploiement en collaboration avec la Fondation Jean Paul Riopelle.

« Papa me disait avant-hier que Jean Paul était tellement heureux de travailler à l’imprimerie que lorsqu’on lui disait qu’on allait fermer car il était 17 h, il n’était pas question qu’il s’en aille, raconte Isabelle Maeght, fille d’Adrien Maeght, lui-même fils de Marguerite et Aimé Maeght. Jean Paul travaillait énormément. Papa avait fini par lui installer une chambre au deuxième étage ! On ne voulait pas qu’il prenne la route de nuit pour rentrer à Vétheuil. Alors bienvenue à Jean Paul qui a passé des mois ici ! »

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Une visiteuse devant la toile Pangnirtung

L’exposition est une riche rétrospective condensée de l’œuvre d’atelier de Riopelle, présentée dans des salles thématiques et dans les jardins de la Fondation. Avec des œuvres en céramique réalisées en France. Les inspirations nordiques de Riopelle. L’influence de Matisse. Ses jeux de ficelle. Ses fusains, ses pastels. Des lithographies de sa série Suite. Et la spectaculaire Chevreuse (301 cm x 391 cm) que le Centre Pompidou a consenti à prêter pour une première fois.

Œuvres exposées à la Fondation Maeght
  • Chevreuse, huile sur toile de 1954.

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    Chevreuse, huile sur toile de 1954.

  • Sucker hole, technique mixte et collage de lithographies sur papier, 1972 et 1989. Collection MNBAQ.

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    Sucker hole, technique mixte et collage de lithographies sur papier, 1972 et 1989. Collection MNBAQ.

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« Nous avons organisé cette exposition à l’initiative de mon père, pour célébrer Riopelle, car pour nous, c’est une obligation de rendre hommage aux grands artistes qui ont fait le XXe siècle, dit Isabelle Maeght. Sans eux – Braque, Calder, Miró, Giacometti, Tàpies, Riopelle ou encore Chagall –, nos jeunes artistes n’auraient pas de références. Exposer Riopelle est une évidence. On défend son travail, car la reconnaissance lui est due. J’ai tellement de souvenirs, quand on était petites, avec Yseult, chez Margot ou sur le bateau de Jean Paul, à Golfe-Juan [station balnéaire de la Côte d’Azur]… »

Parmi les sculptures installées dans les jardins, deux laves émaillées appartiennent au Musée Magnelli de Vallauris, situé entre Antibes et Cannes.

Quelques sculptures du jardin de la Fondation Maeght
  • Devant, L’Indien, bronze de Riopelle datant de 1969, et, derrière, Cadran solaire, œuvre de lave émaillée et fer forgé de 1984

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    Devant, L’Indien, bronze de Riopelle datant de 1969, et, derrière, Cadran solaire, œuvre de lave émaillée et fer forgé de 1984

  • Devant, L’Ours, bronze de Riopelle de 1969-1970, et, derrière, Lave 2–Vallauris, une lave émaillée de 1985

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    Devant, L’Ours, bronze de Riopelle de 1969-1970, et, derrière, Lave 2–Vallauris, une lave émaillée de 1985

  • La Tour, 1969-1970, bronze. Élément de La Joute.

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    La Tour, 1969-1970, bronze. Élément de La Joute.

  • Quelques sculptures d’Alberto Giacometti

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    Quelques sculptures d’Alberto Giacometti

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En plus de l’exposition, un spectacle de danse sera présenté à la Fondation par le danseur et chorégraphe français Noé Soulier, les 20 et 21 juillet, dans des décors réalisés à partir de croquis que Riopelle avait imaginés en 1967 alors qu’Yseult Riopelle dansait avec la troupe new-yorkaise.

La Fondation publie un solide et magnifique catalogue de quelque 300 pages sur l’exposition, signé par Yseult Riopelle et le muséologue et spécialiste de Riopelle André Hénault.

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De gauche à droite, Jules Maeght, petit-fils de Marguerite et Aimé Maeght, le commissaire André Hénault, la directrice générale de la Fondation Riopelle, Manon Gauthier, et Yseult Riopelle, fille de l’artiste, autrice du catalogue raisonné de Jean Paul Riopelle et commissaire de l’exposition à la Fondation Maeght.

Pour Manon Gauthier, directrice générale de la Fondation Riopelle, cette exposition est un « bon retour aux sources ». Car c’est en visitant les ateliers de la Fondation Maeght que Jean Paul Riopelle avait commencé à rêver d’une Fondation Riopelle, qu’il envisageait comme « un lieu de travail » pour protéger et perpétuer les vieux métiers artistiques tels que graveur ou céramiste.

« Michael Audain [grand mécène et collectionneur canadien d’œuvres de Riopelle] a eu aussi l’idée de sa Fondation et de son musée de Whistler en venant ici », ajoute Yseult Riopelle. « Et mes grands-parents ont eu l’idée de créer une Fondation en découvrant les fondations américaines lors d’un voyage aux États-Unis ! renchérit Jules Maeght. Il y a donc des passations, des transmissions comme ça, des deux côtés de l’Atlantique ! »

PHOTO ARCHIVES RIOPELLE, FOURNIE PAR LA FONDATION MAEGHT

Riopelle dans son atelier de L’Isle-aux-Grues en 1991

À noter que le Festival international du film sur l’art (FIFA) est aussi l’invité de la Fondation Maeght et y présente cet été une programmation spéciale autour de Riopelle, avec cinq courts métrages inspirés de la démarche créatrice et des thèmes chers à l’artiste québécois.

Consultez le site de la Fondation Maeght Consultez le programme du FIFA à la Fondation Maeght

C’est avec ce reportage en Provence que je signe mon dernier article en tant que journaliste permanent à La Presse. Je désire remercier mes collègues qui ont fait de mes 31 années passées dans ce journal une expérience professionnelle privilégiée. Je remercie également mon cher lectorat, pour sa confiance et son soutien au cours de toutes ces années. Vous servir aura été un grand défi et un immense plaisir. Enfin, je ne saurais oublier les artistes, commissaires, galeristes, directeurs et directrices de musée et de centres d’art avec lesquels j’ai adoré travailler depuis 12 ans. Je continuerai à collaborer à l’occasion à La Presse, comme pigiste. Je vous souhaite une bonne fête du Canada, un bon été et de belles visites d’expositions !