Le très majestueux mais austère Dôme des Invalides, à Paris, qui abrite notamment le tombeau de Napoléon, est illuminé depuis vendredi par les projections multimédias de Moment Factory, qui a fait équipe avec le studio Troublemakers pour composer la musique orchestrale de l’expérience immersive Aura.

Depuis son lancement officiel, la rumeur est bonne et les billets se vendent comme des petits pains chauds, nous dit-on. Les représentations de la prochaine semaine affichent d’ailleurs complet – environ 500 places sont disponibles par séance.

France Info parle d’un « feu d’artifice de couleurs et d’histoires bouleversant » et encore d’une « création bluffante qui fait dialoguer patrimoine historique et culture numérique » ; Le Parisien, d’un spectacle « flamboyant » ; Elle écrit que « les ornements et les tombeaux, à peine éclairés, sont à la fois monumentaux et un brin mystiques ». Bref, les premiers échos de la presse française sont bons.

C’est l’agence française Cultival qui a contacté les deux studios montréalais après avoir vu la projection d’Aura à la basilique Notre-Dame de Montréal en 2019.

« Ils nous ont dit : “Il faut avoir quelque chose comme ça à Paris.” Ils ont finalement choisi le Dôme des Invalides et obtenu l’accord du Musée de l’Armée, qui collabore au projet », raconte Marie-Pier Veilleux, porte-parole de Moment Factory, de Paris, à quelques heures de la première.

Les deux studios, qui ont travaillé ensemble sur une trentaine de projets depuis 2010, ont donc fait équipe pour cette version parisienne d’Aura.

De Coaticook à Paris

« Dès qu’on a créé le spectacle à Montréal, on savait qu’il y aurait d’autres Aura ailleurs, dans des lieux historiques, dit Mme Veilleux. Un peu comme ce qu’on a fait avec notre parcours Lumina. »

PHOTO FOURNIE PAR MOMENT FACTORY

L’expérience immersive Aura dans le Dôme des Invalides

« On a commencé à Coaticook, mais aujourd’hui, il y a une vingtaine de parcours Lumina au Québec et ailleurs dans le monde », poursuit-elle.

Moment Factory a commencé à travailler sur le projet il y a trois ans, déployant un contingent de 80 employés pour créer ce spectacle immersif avec lasers et vidéo mapping en 3D – dont une partie des 25 employés du bureau de Paris.

Je ne vous mentirai pas, comme il s’agit d’un bâtiment patrimonial, il y a eu aussi beaucoup d’étapes d’approbation.

Marie-Pier Veilleux, porte-parole de Moment Factory

Tous les fils, projecteurs et haut-parleurs ont été dissimulés sur le site. « Il n’était pas question que ces équipements traînent autour du tombeau de Napoléon, dit Marie-Pier Veilleux. Par exemple, on a dû cacher les projecteurs dans des boîtes qui ont été repeintes pour imiter le marbre du Dôme, illustre-t-elle, donc il y avait beaucoup de considérations de ce genre en marge du travail de création. »

PHOTO FOURNIE PAR MOMENT FACTORY

L’expérience immersive Aura dans le Dôme des Invalides

Le résultat est à la hauteur du travail qui a été mis dans le projet, poursuit la porte-parole. « Il y a beaucoup d’émerveillement dans le visage des gens. On sent l’émotion et la connexion des gens avec le lieu qu’ils découvrent dans le détail. C’est aussi la première fois que le Dôme est accessible au public en soirée, donc c’est assez spécial. »

L’apport de Troublemakers

Marc Bell, rencontré dans ses studios montréalais le lendemain de son retour de Paris, était lui aussi emballé par son expérience de création dans le Dôme : environ 45 minutes de musique originale, qui accompagne les projections.

PHOTO FOURNIE PAR TROUBLEMAKERS

L’équipe de Troublemakers : l’ingénieur de son Jean-Michel Caron, le cofondateur et compositeur Marc Bell, le cofondateur Jean-Sébastien Giard et le compositeur Frédéric Bégin

Le cofondateur de Troublemakers – avec Jean-Sébastien Giard – a composé la musique orchestrale avec Frédéric Bégin à partir du premier scénario élaboré par Moment et d’une banque d’images fixes. Une fois la partition écrite, la musique a été interprétée – et enregistrée – par un ensemble de 36 musiciens et d’un chœur de 16 voix. Le travail d’animation de Moment Factory s’est fait dans un deuxième temps.

« Le lieu est quand même froid, donc la musique vient réchauffer l’ambiance », estime Marc Bell, qui a fait partie de la première incarnation du groupe funk The Brooks.

Un des défis les plus importants pour lui : la réverbération du son. « Chaque accord dure 10 secondes ! Donc, il a fallu travailler avec cette contrainte-là. Penser à une orchestration plus lente et ample, sinon ça n’aurait pas pu fonctionner. On a aussi opté pour une musique plus dramatique, avec beaucoup de profondeur, que les Européens apprécient et même réclament. »

PHOTO FOURNIE PAR MOMENT FACTORY

L’expérience immersive Aura dans le Dôme des Invalides

Malgré ce défi [de la réverbération du son], le résultat est étonnant, selon Marc Bell.

La musique sonne une tonne. C’est cohérent, c’est grand, c’est subtil, et le son voyage bien malgré la hauteur de 90 mètres du Dôme.

Marc Bell, cofondateur de Troublemakers

Le parcours multimédia d’environ 50 minutes est divisé en trois : « la construction du dôme » sous le règne de Louis XIV par l’architecte Jules Hardouin-Mansart ; « la mémoire collective », qui permet de comprendre comment le bâtiment a pu traverser le temps ; et « l’élévation du Dôme », qui nous permet de prendre la pleine mesure de la « magie » de ce lieu emblématique de Paris.

Il n’y a pas de narration comme telle, mais quelques phrases apparaissent sur les murs, pour situer le visiteur.

« On commence le parcours au centre du dôme, là où il y a le tombeau de Napoléon, explique Marc Bell, puis on se déplace vers les quatre chapelles, qui sont des moments plus introspectifs, puis on revient vers le centre jusqu’à la finale à travers les différents tableaux. Il y a beaucoup de gens qui sont venus me voir pour me dire à quel point la musique les avait bouleversés. Des gens qui ont quitté très émus, qui avaient la chair de poule. »

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