(New York) Picasso, Monet, Cézanne, Basquiat, Rothko et… Ferrari : les ventes aux enchères d’œuvres d’art à New York ont dépassé en une semaine deux milliards de dollars, selon un bilan des grandes maisons du secteur qui se réjouissent d’un marché en pleine forme malgré les crises internationales.

Les mastodontes Sotheby’s et Christie’s, et le petit poucet Phillips, ont bouclé vendredi leur saison de ventes d’automne commencée le 7 novembre. Selon un montant total calculé par l’AFP, cela a représenté à eux trois 2,1 milliards de dollars grâce aux chefs-d’œuvre d’art moderne et contemporain adjugés lors de soirées new-yorkaises ultra-chics où se pressent collectionneurs et acquéreurs richissimes, anonymes, dans les salles de vente et au téléphone.

Le président de Phillips pour les Amériques, Jean-Paul Engelen, a fait état dans un communiqué à l’AFP vendredi du « second résultat total le plus élevé dans l’histoire de Phillips » avec 155 millions de dollars de ventes, « en hausse de 11 % par rapport à novembre 2022 ».

L’homme d’affaires y voit un « signe de confiance dans un marché mondial en bonne santé ».

Phillips a ainsi vendu une œuvre monumentale contemporaine de l’Allemand Gerhard Richter, Abstraktes Bild (636) de 1987, pour 34,8 millions de dollars et Le 14 juillet (1912-13) du cubiste Fernand Léger pour 17,6 millions.

Part du lion

C’est Sotheby’s, propriété du milliardaire franco-israélien Patrick Drahi, qui a raflé la part du lion avec 1,1 milliard de dollars de ventes.

Points d’orgue de ses soirées : Femme à la montre (1932) de Pablo Picasso adjugé 139 millions de dollars, deuxième prix jamais atteint pour le maître espagnol mort il y a 50 ans, un monumental Self-Portrait as a Heel (Part II) de l’Américain Jean-Michel Basquiat pour 42 millions, Peupliers au bord de l’Epte, temps couvert de Paul Cézanne (1891) pour 30,7 millions et le très prisé peintre américain Mark Rothko pour un Untitled (1968) acheté par un anonyme dans la salle 23,8 millions de dollars.

Sotheby’s a surtout fait un coup d’éclat avec le « Saint Graal du panthéon des voitures de sport », une Ferrari 250 GTO de 1962, partie pour 51,7 millions de dollars, deuxième voiture la plus chère jamais adjugée aux enchères.

La concurrente Christie’s, de la société de portefeuille Artémis du milliardaire français François Pinault, s’est vantée de 864 millions de dollars au total, signe selon sa présidente pour les Amériques, Bonnie Brennan, d’une « réponse forte du marché ».

Clous de ses ventes : Le bassin aux nymphéas (1917-1919) de Claude Monet pour 74 millions de dollars et trois tableaux de Paul Cézanne – dont Fruits et pot de gingembre à près de 39 millions de dollars – au bénéfice du musée Langmatt de Baden, en Suisse, provoquant une petite polémique dans ce pays sur une vente jugée spéculative.

Dans le contexte des guerres en Ukraine et à Gaza et de l’inflation mondiale, le marché de l’art, tiré par la Chine et l’Asie, ne montre « aucun signe » de ralentissement avec une « demande plus forte que jamais » avait assuré auprès de l’AFP, au lancement de la saison, Kelsey Reed Leonard, responsable de l’art contemporain chez Sotheby’s.

Un expert du secteur préférant rester anonyme estime même « normal » qu’en pleines crises géopolitiques et en période inflationniste, des « spéculateurs financiers » investissent dans l’art et le luxe.

En 2022, les maisons d’enchères avaient crevé tous les plafonds avec des ventes mondiales aux enchères et privées cumulant plus de 16 milliards de dollars.