(Albany) Un artiste qui avait posé nu dans un spectacle de l’artiste de renommée mondiale Marina Abramovic au Museum of Modern Art de New York (MOMA) poursuit le musée, affirmant que celui-ci n’a pris aucune mesure après qu’il eut été agressé sexuellement à plusieurs reprises par des participants lors des représentations il y a près de 14 ans.

La plainte a été déposée lundi à Manhattan en vertu du New York Adult Survivors Act, une loi spéciale de l’État qui prévoit une suspension pendant un an du délai habituel accordé aux accusateurs pour intenter une action en justice. Bien que la loi ait expiré l’année dernière, la poursuite indique que les parties ont convenu de prolonger la période de fermeture.

John Bonafede allègue dans la poursuite qu’il a été agressé sexuellement par cinq spectateurs du public qui assistaient à un spectacle pour lequel il avait été embauché par le musée dans le cadre de la rétrospective d’Abramovic, intitulée The Artist Is Present.

Le musée n’a pas répondu aux courriels envoyés cette semaine. Abramovic n’est pas citée comme accusée et n’a pas immédiatement donné suite à une demande de commentaires.

Dans l’œuvre Imponderabilia, Bonafede et une autre artiste se tenaient face à face dans un cadre de porte, entièrement nus, silencieux et immobiles. L’exposition, qui s’est déroulée du 14 mars 2010 au 31 mai 2010, a été organisée par le musée de manière à encourager les visiteurs à passer entre les artistes lorsqu’ils allaient d’une galerie à l’autre, affirme la poursuite.

Les personnes qui ont agressé Bonafede étaient pour la plupart des hommes plus âgés, indique la poursuite. L’un des auteurs était un membre corporatif du musée, qui a finalement été expulsé et à qui l’on a révoqué l’adhésion, selon la plainte.

Au cours des dernières semaines de l’exposition, un autre participant a fait des attouchements de manière non consensuelle aux parties intimes de Bonafede à trois reprises avant d’être finalement arrêté par la sécurité, selon la plainte.

Bonafede a immédiatement signalé quatre des individus au personnel et à la sécurité du musée, selon la plainte, tandis que le cinquième a été vu personnellement par le personnel de sécurité du musée.

À un moment donné, Bonafede a également été témoin d’un spectateur agressant sexuellement sa co-interprète en l’embrassant sur la bouche sans son consentement, selon la poursuite.

Avant l’exposition, les artistes avaient exprimé leurs inquiétudes quant au harcèlement des artistes nus dans une lettre adressée au musée lors des négociations contractuelles, selon la plainte.

Plusieurs médias, dont le New York Times, avaient fait état du comportement inapproprié des visiteurs, et les agressions sexuelles liées à « Imponderabilia » avaient été discutées au sein des communautés artistiques et du spectacle de la ville de New York, selon la plainte.

Mais bien que le musée ait été au courant du problème, il n’a pas pris de mesures pour protéger les artistes et empêcher de nouvelles agressions sexuelles, par exemple en informant les visiteurs à l’avance que les attouchements n’étaient pas autorisés, indique la poursuite.

Environ un mois après le début de l’exposition, le musée a créé un manuel décrivant les protocoles permettant aux artistes d’alerter le personnel du musée s’ils ne se sentaient pas en sécurité ou étaient touchés de manière inappropriée.

Bonafede dit avoir accepté de continuer la représentation après avoir été agressé, mais il affirme avoir souffert pendant des années de détresse émotionnelle. Il soutient que sa santé mentale, son image corporelle et sa carrière ont été endommagées.

L’Associated Press ne nomme généralement pas les personnes qui disent avoir été agressées sexuellement à moins qu’elles ne le dénoncent publiquement. Bonafede a donné son consentement par l’intermédiaire de son avocat, Jordan Fletcher.

M. Fletcher a refusé de commenter davantage la poursuite, mais a déclaré qu’il demanderait un procès devant jury et des dommages-intérêts compensatoires.