Le dernier épisode de Chouchou, une des meilleures séries de l’automne avec Avant le crash, a été à la fois triste, tendre, dur et lumineux. Oui, oui, tout ça en même temps.

Le scénariste Simon Boulerice, qui a aussi joué le propriétaire de la librairie dans la grande finale relayée mercredi soir sur Noovo, n’aurait pas pu clore autrement cette histoire d’amour sulfureuse qu’en l’enveloppant dans une couverture douce et rugueuse.

Maintenant, telle une Patricia (Sophie Cadieux) avec une bouteille de blanc cheap dans le corps, l’alerte au divulgâcheur hurle très fort, amplifiée par le vide d’un appartement dégarni.

Donc, les anciens amants Sandrick Ranger (Lévi Doré), qui a fêté ses 18 ans, et Chanelle Chouinard (Évelyne Brochu), qui a purgé sa peine de prison, ont cheminé chacun de leur côté sans reprendre leur liaison interdite.

La scène ultime a montré que Sandrick en arrachait encore et qu’il fuyait à Vancouver pour enterrer tout souvenir de Chanelle. De son côté, Chanelle réalise le « tort considérable qu’elle a causé à Sandrick, elle constate qu’elle a ruiné la fin de l’adolescence de ce garçon-là, et pour ne pas prolonger la contamination, elle se retire, elle tait son amour pour lui et elle écrase ses sentiments », m’explique Simon Boulerice.

Brodée de nuance et de finesse, Chouchou aurait échoué au test de la crédibilité avec une finale Cendrillon où Chanelle et Sandrick auraient vécu heureux et entourés de nombreux enfants.

« Je n’avais pas l’intention qu’il y ait une fin si claire, je voulais vraiment une fin ouverte. Je voulais qu’on sente la douleur, de part et d’autre, mais surtout à quel point cette histoire-là avait affaibli Sandrick. Je ne voulais pas que ça soit un conte de fées, je ne voulais pas que ça se termine en retrouvailles fructueuses », note l’auteur Simon Boulerice.

Le créateur de Chouchou, qui ne pondra pas de suite, enchaîne : « Je voulais juste finir avec un dernier regard et qu’on sente que les deux vont être habités l’un par l’autre, c’est tout. Pour moi, c’était suffisant de se dire qu’ils allaient être chargés de cette rencontre-là, une rencontre qui les a bouleversés à jamais », précise-t-il.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Simon Boulerice

En plus des deux protagonistes, Chouchou a été portée par des personnages au large registre, à commencer par l’épicier Jeff (Steve Laplante), le conjoint empathique qui a tout ravalé longtemps avant d’exploser. Au sixième épisode, il a fallu que Chanelle lui annonce être enceinte de Sandrick et vouloir garder l’enfant pour que le gentil Jeff active (enfin) le mode colère. Il a été patient de ne pas quitter Chanelle avant.

D’abord introduite comme élément comique dans Chouchou, la sœur de Chanelle, la dévouée Cindy (Pascale Renaud-Hébert), a pris de la profondeur et du coffre pour occuper une position centrale dans l’intrigue. Elle a été formidable.

Le suspense entourant l’identité du délateur a été habilement maintenu jusqu’à la fin. C’est la meilleure amie de Sandrick, la voisine Fred (Evelyne Laferrière), qui a dénoncé Chanelle à la police. Ç’aurait pu être la prof antipathique Mélanie (Nora Guerch) ou même l’intervenant Franky (Patrick Emmanuel Abellard). Dans l’épisode de la semaine dernière, on a également appris que la petite Thérèse (Agathe Ledoux) avait vraiment vu sa maman et Sandrick nus dans la douche, ce qu’elle avait caché au départ.

Le nom de la ville n’a jamais été prononcé dans les dialogues, mais Chouchou se déroulait à Sainte-Thérèse, dans les Basses-Laurentides. Simon Boulerice y a vécu quatre ans pendant ses études en théâtre. Plusieurs tournages ont cependant eu lieu à Laval et à Montréal.

La plateforme Crave offre tous les épisodes de Chouchou en rattrapage. C’est vraiment d’un calibre remarquable.

La famille Ouellet !

Dans ma tête (parfois enflée, disons-le), l’expression « zéro comme dans Ouellet » ne colportait aucune connotation péjorative. C’était l’équivalent de dire « zéro pis une barre ». Du genre : il y a zéro suspense dans OD, zéro comme dans Ouellet, on sait tous que Jimy et Claudia vont gagner le condo construit par (ajouter ici le nom du commanditaire à trouver).

Il n’y a pas de chiffre zéro dans le mot Ouellet, il n’y en aura jamais, point barre. Dans ma tête, l’expression ne signifiait pas que ceux qui portent le nom Ouellet sont des zéros ou des gens nuls. Vraiment pas. Pourquoi insulter quelqu’un à propos d’un patronyme qu’il n’a pas choisi ?

Depuis mardi, je reçois des courriels, pas des tonnes, mais en bonne quantité, de lecteurs qui ont été fâchés de l’emploi de cette expression dans ma chronique. « J’apprécierais que mon nom de famille ne soit plus associé à un flop », m’a notamment écrit une dame courroucée.

J’ai sondé des Ouellet connus du showbiz, soit le cinéaste Rafaël Ouellet (Ruptures, Arsenault & Fils) et Dave-Éric Ouellet (alias MC Gilles), pour mesurer l’impact de cette expression, qui a été interprétée de plusieurs façons au fil des ans. Conclusion ? Ils n’en font pas un combat de tous les jours pour l’éradiquer, mais ils peuvent comprendre qu’elle puisse froisser certains de leurs compatriotes Ouellet.

Message reçu. Zéro pis une barre fait le même travail sans heurter personne.