Le mois de novembre aplatit le moral, Twitter brûle de toxicité et j’ai vu une souris vivante dans mon salon, bref, ça prend plusieurs épisodes de Complètement lycée pour se remonter le moral à neuf – ou juste le remettre à sept, on serait bien OK avec ça.

D’abord déployée en websérie en décembre 2021, la comédie Complètement lycée subit le grand traitement de la télé traditionnelle avec des épisodes complets de 30 minutes et une courbe dramatique digne d’une sitcom traditionnelle. La plateforme Crave offre ce mercredi les deux premières demi-heures et d’ici le 14 décembre, les dix épisodes de cette parodie des Frères Scott s’y trouveront.

Sur les ondes dites régulières, la chaîne Noovo relaiera Complètement lycée les mercredis à 19 h 30 à partir du 11 janvier. Entre deux draps ne dure plus à l’année, hélas.

Alors, Complètement lycée, c’est totalement con, super nono, mais fort rigolo. Le concept ? La série pastiche les séries américaines d’ados comme The O.C. qui se déroulent dans une école secondaire où il y a a) une équipe de football adulée, b) de méchantes meneuses de claque, c) une bande d’athlètes abrutis, d) un élève gai dans le placard, e) un délinquant au cœur tendre qui a grandi du mauvais côté de la voie ferrée et f) une présidente de classe hyper motivée et détestée par les cools de l’école.

Les épisodes de Complètement lycée se tournent en anglais et les comédiens se doublent ensuite en français international pour imiter les mauvaises traductions à la Dawson et Degrassi. Des expressions comme « truc de meuf », « c’est naze », « je kiffe » ou « tronche de puceau » émaillent les dialogues, bien sûr. Et c’est vraiment drôle.

L’action démarre en 2007 – bonjour les mèches bandeaux et le linge Fubu – à l’école New Garden Hills Valley de Chicago au Wisconsin du Nevada. C’est la rentrée pour Allie Thompson (Rosalie Vaillancourt) et son ennemie jurée Ashley Winterbottom (Katherine Levac), la nana riche du lycée dont le père, le révérend Winterbottom, offre des thérapies de conversion pour hommes gais.

Ashley fréquente (encore) le joueur étoile de basket Brian Manson (Pierre-Yves Roy-Desmarais), mais leur relation s’effritera avec l’arrivée du ténébreux Chaz (Pierre-Luc Lafontaine), le nouvel élève de New Garden Hills Valley, un orphelin au passé trouble qui a été élevé dans le coin crade de la ville.

L’intrigue de Complètement lycée se nourrit essentiellement des clichés du drame adolescent, le bon vieux « teen drama », et des stéréotypes accolés aux personnages principaux. L’enthousiaste Keith O’Keefe (Patrick Emmanuel Abellard) essaie de dévoiler son orientation sexuelle à ses parents et il érige une barrière entre lui et le vilain Ryder Williams (Antoine Pilon), lui aussi homosexuel, mais en moins preppy.

Les nouveaux épisodes explorent l’aile C de New Garden Hills Valley, là où pullulent les exclus comme la gothique Quinn Gray (Nahéma Ricci), qui porte un collier avec des pics et qui lit le bouquin L’automutilation pour les nuls. Le nouveau professeur Brown (Éric Bernier), une caricature de Robin Williams dans La société des poètes disparus, n’hésitera pas à grimper sur son bureau et à citer le rappeur 50 Centimes pour motiver ses ouailles.

Le deuxième épisode renferme deux caméos d’envergure, soit le chanteur Émile Bilodeau et Julie Snyder qui incarne une mère douchebaguette trop grimée. Jay Du Temple se pointe à la huitième demi-heure dans la peau du rappeur célèbre Jeminem. Et Guillaume Lambert joue un habitué des thérapies douteuses du révérend Winterbottom, où il croisera notre pauvre Keith, que l’on prononce Kiss, à la française, comme Will Smisse.

Pas besoin d’avoir visionné la websérie Complètement lycée pour embarquer dans sa version bonifiée. Par contre, il faut être attentif puisque l’humour potache, parfois grossier et rapide de la sitcom se distribue sur plusieurs niveaux : les paroles, les mimiques, la chanson thème, les graffitis sur les murs, les panneaux d’affichage et la vidéodescription.

En cette époque où les vingtenaires recyclent la mode Y2K (les années 2000), les fans de Complètement lycée se régaleront de cet univers très Hilary Duff, téléphones flip, conversations sur MSN, Chad Michael Murray, barrettes papillons et Pas encore un film d’ado.

Si vous connaissez Rachael Leigh Cook et Freddie Prinze Jr. d’Elle a tout pour elle, vous décoderez assurément toutes les références cachées – mais pas tant – de Complètement lycée. Partez ici une chanson de Gavin DeGraw, Paula Cole ou Sixpence None the Richer. Yolo et LOL, la gang.