Mon quotient intellectuel, déjà affecté par la vacuité de L’île de l’amour, c’est full valide, n’a pas grimpé pendant le visionnement du sulfureux thriller Faux profil de Netflix, une des séries les plus populaires partout sur la planète depuis trois semaines.

En même temps, entraîner les téléspectateurs aux tests d’admission de Mensa ne fait pas partie de la mission frivole et follement amusante de ce soap colombien aux accents de Fatal Attraction, offert en français, en anglais et en espagnol.

Est-ce complètement invraisemblable, involontairement drôle et tiré par le bout de votre dernier cheveu ? Bien sûr. Ai-je englouti les dix épisodes de Faux profil en à peine deux jours ? Absolument, oui. Incapable d’arrêter.

Faux profil, c’est une vraie mauvaise bonne émission, qui assume pleinement sa fondation de télénovela construite sur des revirements improbables, qui déclenchent des hurlements spontanés devant nos écrans. Ben non, ben non, voyons donc, ça ne se peut pas que les auteurs soient allés là !

Non seulement les scénaristes sont allés là, mais ils ont aussi enfoncé le champignon pour s’y rendre, quitte à sacrifier le moindre aspect réaliste de cette saga familiale où tout le monde est beaucoup trop beau pour son propre bien.

Adultères à répétition, trips à trois osés, drogue cachée dans des tiroirs, inceste, suicides louches, espionnage par caméras cachées, colossal héritage en jeu, fausses identités, regards torves en abondance et psychopathes bisexuels en liberté, Faux profil coche toutes les cases du soap de luxe, et encore plus.

La finale fromagée est un chef-d’œuvre de téléroman savon extra gratiné et dénué de toute prétention. Il n’y a rien de logique dans Faux profil, mais quel tour de manège il offre, c’est décoiffant.

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Image de Faux profil

Chacune des intrigues offre un prétexte peu subtil pour qu’un personnage, homme ou femme, se dénude ou sorte de la douche en petite serviette. Les nombreuses scènes de sexe basculent dans le film similiérotique de série B et, contrairement à The Idol, on sent que ce choix est voulu et embrassé.

Et l’histoire, hein, demandez-vous ? Elle commence à Las Vegas, grâce à l’application Tinder. L’infirmière Camila, d’origine mexicaine, y rencontre le chirurgien plastique Fernando Castell, qui opère dans une réputée clinique de Colombie, et c’est le coup de foudre instantané.

Cette relation à distance foudroyante, et très charnelle, allô, dure quatre mois jusqu’à ce que la vérité éclate. Camila ne travaille pas comme infirmière, mais bien comme danseuse dans un cabaret burlesque de la Strip. C’est un mini-mensonge en comparaison avec celui de Fernando, qui ne s’appelle pas Fernando, duh, et qui mène une double vie à Carthagène, en Colombie.

Comme nous sommes dans un soap, et nulle part ailleurs, la magnifique Camila prend l’avion pour Carthagène et loue la maison à côté de celle du beau Fernando, dans une communauté privée de gens ultrariches qui portent des vêtements en lin jamais froissés.

Wo minute, ici. Avec quel argent Camila l’effeuilleuse paie-t-elle son loyer exorbitant ? Et comment est-ce possible que… je vous arrête, vous posez trop de questions pertinentes et vous ratez l’essentiel.

Camila est guidée par une seule mission : pourrir la vie de Fernando en Colombie et exposer sa fourberie. Ne poussez pas la réflexion plus loin. Avec une redoutable efficacité, et le regard fou, notre Camila s’immisce dans le cercle du mystérieux Fernando, qui fréquente une famille puissante menée par Pedro Ferrer, un magnat de l’immobilier et sosie d’Al Pacino du musée Grévin.

Et ça part en vrille au pays de Shakira et de Maluma. Ce Pedro Ferrer, qui porte ses lunettes fumées à l’intérieur, tire d’énormes ficelles et tout son entourage finit par virer coucou en se traitant de pute, d’enfoiré ou de vieille ordure.

Le tout, sur un fond musical hyper dramatique copié sur celui de Succession, avec une collection de verres de whisky et un abus de notes vocales laissées dans des téléphones cellulaires.

Ne faites pas le saut : un personnage vulnérable et faible dans Faux profil peut passer en mode sauté et déviant sans avertissement, comme ça. C’est même encouragé, tout comme le contraire, où un maniaque fini se transforme en justicier héroïque entre deux réunions d’affaires bidon dont l’issue nous importe peu.

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Mauricio Henao ou… Jean-Philippe Perras ?

Aussi, un des acteurs principaux de Faux profil, Mauricio Henao, qui joue le restaurateur gai Adrian, ressemble comme deux gouttes d’eau à Jean-Philippe Perras. C’est troublant.

On s’entend que la série Faux profil ne remportera aucun prix prestigieux et qu’elle n’apparaîtra pas sur les listes des meilleures productions de 2023. Ce n’est pas le but non plus.

Il existe clairement un marché pour ces feuilletons torrides remplis de rebondissements étonnants, de secrets brûlants et de sexe interdit.

Vous ne ressortiez pas du visionnement de Faux profil plus brillant, mais vous aurez été diverti, ça oui, et un peu émoustillé aussi, entre nous, ça ne sert plus à rien de le nier à ce stade-ci des confidences.