J’ai entamé trois séries prometteuses dans les derniers jours et je n’en finirai aucune des trois.

Tel un Xavier Dolan réfugié dans sa maison d’architecte, construite à la campagne, où d’autre ?, je regarderai brûler ces œuvres prestigieuses dans l’indifférence, sans remords ni regrets, chanterait sûrement Stephan Eicher.

Et je me sens (déjeuner) en paix avec cette décision. La planète s’embrase, nous a rappelé le lucide Dolan, pourquoi perdre son temps avec des émissions de calibre moyen, hein ?

Les trois séries coupables d’attitude « bof, tu sais » s’appellent Full Circle (Boucle) de Crave et Super Écran, Platonic (Platonique) d’Apple TV+ et Love & Death (Amour et mort), aussi sur Crave.

Oups, j’ai contrevenu à ma propre règle des trois épisodes en larguant Love & Death à la deuxième heure. Bonsoir, bonsoir, elle est partie. Cette comédie dramatique noire, pourtant créée par le brillant David E. Kelley (Big Little Lies, The Lincoln Lawyer), dérive d’un fait divers qui a secoué le Texas, le vendredi 13 juin 1980.

Mère de famille dévouée et épouse désespérée, Candy Montgomery, 30 ans, a alors tué à coups de hache – 41 coups, pour être précis – la femme de son amant, qui était également sa meilleure amie.

Le ton de Love & Death se balance entre Mad Men, Dahmer et Desperate Housewives sans jamais nous accrocher solidement. Il s’agit vraiment d’une série étrange, peuplée de personnages bizarres, qui accomplissent des actions incongrues. Point positif : l’actrice principale, Elizabeth Olsen, sœur cadette des célèbres jumelles Mary-Kate et Ashley de Full House, y livre une super performance.

Note négative : une minisérie sur le même sujet, Candy, a été lancée l’an dernier sur Disney+ avec Jessica Biel dans ce même rôle de femme au foyer folle de la hache. Eh oui, j’ai épousé une meurtrière, encore, pour paraphraser Mike Myers dans un film classique de 1993.

Mes attentes pour Platonique étaient semblables à celles de Xavier Dolan pour son film américain The Death & Life of John F. Donovan : très élevées.

Je voulais tellement aimer cette comédie romantique adulte de la plateforme Apple TV+, juste assez vulgaire et cynique, qui met en vedette deux grands acteurs comiques, Seth Rogen et Rose Byrne.

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE PLATONIC

Seth Rogen et Rose Byrne dans la série Platonic

Hélas, cette énième version de When Harry Met Sally, qui explore l’amitié entre un homme et une femme hétérosexuels, ne révolutionne pas ce genre archiconnu, mais décroche quelques sourires grâce au talent des deux interprètes principaux, qui ont déjà joué un couple dans le film Neighbors de Nicholas Stoller, qui réalise les dix épisodes de Platonique.

Platonique suit Sylvia (Rose Byrne), une avocate BCBG qui a abandonné sa carrière pour élever ses trois enfants en banlieue, et son meilleur pote d’université Will, un adulescent snob qui a ouvert une microbrasserie cool au centre-ville de Los Angeles.

Maman dépassée en vêtements Ann Taylor, vieux hipster poilu à trottinette électrique, vous voyez déjà la dynamique plutôt cliché entre Sylvia et Will, qui sont en froid depuis que Will a épousé une jeune femme de 26 ans que Sylvia détestait.

À l’effondrement du mariage de Will, Sylvia espère renouer avec son BFF et retrouver l’insouciance d’avant sa vie monotone aux côtés d’un mari trop parfait (Luke Macfarlane). Sans surprise, Sylvia et Will s’épauleront l’un et l’autre dans la traversée de leurs crises de la quarantaine respectives.

Bref, Platonique s’avère une sitcom chouette et charmante avec des dialogues truffés de références à la culture pop. Reste que c’est du déjà-vu, donc prévisible et convenu.

PHOTO ASSOCIATED PRESS

Claire Danes et Zazie Beetz dans une scène de Full Circle

Maintenant, le thriller Full Circle (Boucle) du réalisateur Steven Soderbergh, qui sort jeudi sur Crave et vendredi à 21 h, en français, à Super Écran. Le premier épisode de ce long film noir, confus et échevelé, plante mal les trois histoires distinctes et indépendantes qui s’entrecouperont, ce n’est pas un divulgâcheur, en cours de route. Le tout sur un fond de rite occulte africain, oui.

D’abord, il y a un couple de bobos de Manhattan, campés par Claire Danes et Timothy Olyphant, dont l’enfant adolescent vient d’être enlevé.

Le grand-père de l’enfant disparu est joué par Dennis Quaid, un chef médiatique très connu à la Ricardo, qui porte une queue de rat comme Tedros dans The Idol, c’est quoi, cette mode capillaire ridicule ?

En parallèle, dans le quartier Queens, la reine du crime organisé guyanais, Mme Mahabir, espère venger la mort de son mari et ainsi briser un cycle de mauvaise fortune qui s’abat sur les siens depuis des années. Puis, dans le troisième volet, une inspectrice acharnée du service des postes, qui se prend pour une enquêtrice vedette du FBI, se plonge le nez dans une fraude d’assurance vie dont tout le monde se sacre, même son patron.

Au fil des épisodes, les trois volets de Full Circle se rapprocheront pour former une boucle cohérente, les références au cercle étant ici tout sauf subtiles. Comme la rançon exigée pour l’ado capturé, qui s’élève à 314 159 $, soit les premiers chiffres du nombre pi.

J’ai vu les quatre premiers épisodes – sur les six – de Full Circle, c’est suffisant pour en évaluer la circonférence. Au rayon du suspense, Full Circle tourne lentement sur son axe et aurait gagné à faire quelques ellipses.