On n’aurait jamais vu ça à la télé ou au cinéma, il y a quelques années à peine. Deux personnages principaux, qui apparaissent au sommet de l’affiche de superproductions de l’été, sont des hommes bisexuels fiers et aucunement en détresse ou en déni de leur identité sexuelle.

Voici donc deux modèles positifs de représentation queer au petit comme au grand écran. Il y a d’abord le joueur de rugby Nick Nelson (Kit Connor), de l’émouvante et charmante série Heartstopper 2 de Netflix. Et il y a Alex Claremont-Diaz (Taylor Zakhar Perez), le fils de la présidente des États-Unis, qui tombe en amour avec un prince britannique dans le sympathique film Bleu royal, blanc et rouge (Red, White & Royal Blue) sur la plateforme Amazon Prime Video.

La très regardée série L’été où je suis devenue jolie (The Summer I Turned Pretty), elle aussi sur Amazon, comprend également un personnage d’ado bisexuel, soit Jeremiah Fisher (Gavin Casalegno), un élève populaire et pas du tout rejeté en raison de sa fluidité sexuelle.

Bon, bon, bon, râlent certains esprits chagrins. Encore une autre mode de wokes qui se vantent de leur inclusivité et de leur ouverture ! Si cette « mode », j’utilise ici des guillemets ironiques, permet à des jeunes de se sentir moins isolés et de se reconnaître dans un autre modèle que celui du couple hétéro traditionnel, tant mieux.

Commençons avec la comédie romantique Heartstopper, dont le deuxième chapitre, en anglais et en français, a été mis en ligne sur Netflix au début du mois. Les huit nouveaux épisodes débordent de tendresse et de douceur, ce qui tranche avec le courant ultra trash traversant actuellement les séries destinées aux ados.

Dans Heartstopper, qui raconte l’histoire d’amour entre le rêveur Charlie (Joe Locke) et le sportif Nick (Kit Connor), les ados s’embrassent, mais ne couchent jamais ensemble. Bien sûr, ils parlent de sexualité, mais davantage de leurs sentiments, ce qui fait battre le cœur de cette série britannique de façon candide et attachante. J’ai beaucoup aimé.

Si Charlie, en quatrième secondaire, vit ouvertement son homosexualité, Nick, qui a un an de plus, n’a pas encore dévoilé sa bisexualité à tout son entourage, dont son grand frère homophobe et ses coéquipiers de rugby. On se souviendra que la mère de Nick, jouée par la formidable Olivia Colman, a accueilli avec bienveillance les confidences de son fils. Peut-on espérer une réaction similaire du papa de Nick, campé par l’acteur français Thibault de Montalembert, alias Mathias Barneville dans l’excellente série Appelez mon agent ?

Le coming-out occupe une portion importante de l’intrigue de Heartstopper 2. Faut-il céder à la pression populaire et s’afficher immédiatement, ou suivre son propre rythme, quitte à demeurer plus longtemps dans le placard ? Ces tiraillements sont abordés avec une belle sensibilité.

Outre la romance entre Charlie et Nick, Heartstopper 2 offre plus de temps de glace aux copains de la bande, dont le couple formé par Darcy et Tara, ainsi que les meilleurs amis Tao et Elle, une ado transgenre qui aspire à une carrière d’artiste peintre.

Autre point fort de Heartstopper : sa trame sonore géniale. Cette série est celle qui utilise le mieux la musique pop pour rythmer ses scènes marquantes. Ça se balance entre The 1975, Maggie Rogers, Françoise Hardy (dans les trois épisodes tournés à Paris), Christine and the Queens, Conan Gray, Carly Rae Jepsen et Taylor Swift.

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Dans Bleu royal, blanc et rouge, le fils unique de la présidente des États-Unis, Alex, et le prince anglais Henry amorcent une idylle intime (et secrète !) alors que tout les sépare.

Quant au film Bleu royal, blanc et rouge d’Amazon, il se classe dans la catégorie des films de Noël de type Hallmark : guimauvé et fromagé, les deux en même temps, c’est possible. On connaît la fin après 30 secondes, mais on le regarde quand même en souriant et en grinçant des dents pendant les moments plus gênants.

C’est le type de production bonbon que le magazine Rolling Stone a qualifiée de tellement mauvaise qu’elle pourrait devenir bonne. Ce genre-là, oui.

Résumé éclair : le fils unique de la présidente des États-Unis, Alex, et le prince anglais Henry amorcent une idylle intime (et secrète !) alors que tout les sépare. D’abord, la distance. Alex vit aux États-Unis et son prince, à Londres. Ensuite, le brun Alex est pétulant et extraverti tandis que le blond Henry est réservé et snob, bonjour, les clichés. Aussi, personne ne sait qu’Henry est gai, surtout pas la famille royale et les tabloïds britanniques, oh Lord !

Croyez-le ou non, un volet politique a même été greffé au scénario de Bleu royal, blanc et rouge.

La présidente américaine, interprétée par une Uma Thurman avec un accent du Texas extracoupant, pourrait perdre ses élections en raison des frasques outre-mer de son fils, qui pourraient saboter un important accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni.

Une entente à propos de quoi ? On s’en fout, l’intérêt du film se trouve dans la relation entre Alex et Henry, qui obtient le même traitement que n’importe quelle amourette entre un homme et une femme dans Notting Hill ou You’ve Got Mail.

Ne vous attendez cependant pas à visionner une œuvre oscarisable. C’est léger, c’est quétaine, c’est niaiseux, ça démolit quelques mentalités rétrogrades.

Et ça, ce n’est jamais mauvais, même entre deux gags prévisibles sur Lady Gaga et Lana Del Rey.