Dans la rubrique « j’ai regardé une très mauvaise série pour que vous n’ayez pas à le faire », voici le chapitre désolant consacré à Johnny Depp et à son ancienne femme Amber Heard.

Netflix relaie la minisérie documentaire de trois heures Depp v. Heard (Johnny Depp c. Amber Heard, en version française), qui ne révèle rien de neuf à propos de ce spectaculaire procès ayant fasciné et enflammé le monde entier, je n’exagère pas, au printemps 2022. Une pure perte de temps de visionnement, à mon avis.

Les trois épisodes se déploient en ordre chronologique et juxtaposent les versions des deux acteurs de Hollywood, qui ont lavé leur linge sale – et leurs draps souillés de caca – en direct sur le web pendant des semaines complètes.

Johnny allègue ceci, Amber répond cela. Amber prétend tel truc, Johnny réfute tout. Au bout du compte, le téléspectateur ne démêle jamais le vrai du faux et se retape la kyrielle de gags – certains très rigolos – générés par cet affrontement étourdissant, commenté en temps réel sur TikTok et Twitch.

Vous reverrez la « mégapinte » de vin rouge que Johnny Depp, 60 ans, se versait au petit déjeuner, vous replongerez dans la saga de la trousse de maquillage qu’employait Amber Heard, 37 ans, pour camoufler ses ecchymoses, mais vous ne saurez pas ce qui s’est réellement passé entre les deux ex-époux dans leur penthouse de Los Angeles ou à l’intérieur d’une villa qu’ils ont louée en Australie, où la vedette de Pirates des Caraïbes a perdu un bout de doigt dans une violente altercation impliquant une bouteille de vodka.

La minisérie insiste, comme un tabloïd britannique, sur les éléments les plus juteux de l’affaire, soit les vidéos où Depp et Heard s’invectivent violemment, les textos compromettants à propos de l’un et de l’autre, les photos de leurs visages tuméfiés, le témoignage de Kate Moss qui démolit la rumeur voulant que Depp l’ait poussée en bas d’un escalier au milieu des années 1990, bref, on reste toujours dans le superficiel, l’anecdote, sans pousser la réflexion plus loin sur la violence conjugale. C’est décevant et fâchant.

Et comme si cette retentissante bataille judiciaire n’avait pas provoqué assez de bruit, la réalisatrice Emma Cooper en rajoute en entrecoupant les extraits de cour de commentaires de youtubeurs et de podcasteurs inconnus et agressants (allô le pseudo Deadpool), qui n’ont aucune crédibilité. Déjà cacophonique, ce long résumé du procès à 50 millions devient insupportable.

L’approche neutre de Johnny Depp c. Amber Heard n’apporte rien au débat public. C’est à vous de décider qui de Johnny ou d’Amber ment, nous dit Netflix. Le problème, c’est que nous avons joué à ce petit jeu pendant les six semaines qu’a duré le procès, entre avril et juin 2022. Et le résultat de ce grand déballage médiatique a été désastreux, voire dangereux.

Johnny Depp a poursuivi Amber Heard après la publication d’une lettre ouverte en décembre 2018, dans le Washington Post, où l’actrice d’Aquaman se disait le visage de la violence conjugale. Le jury a finalement donné raison à Depp, qui recevra 1 million sur les 50 qu’il réclamait.

PHOTO JUSTIN TALLIS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Amber Heard

Tonitruants et flamboyants, les supporteurs de Depp ont écrasé ceux de Heard sur les réseaux sociaux. Quelqu’un les a-t-il payés pour qu’ils démolissent la soi-disant victime de façon aussi haineuse ? Voilà une piste prometteuse qui n’a pas été explorée par le documentaire de Netflix.

Ce qui ressort de ces trois heures de télé, c’est que le jury de Fairfax, en Virginie, n’a pas cru Amber Heard, qui a menti plusieurs fois devant la juge. Ce qui s’avère mortel pour une cause qui repose, en totalité, sur la fiabilité des témoins.

Après son divorce de Depp en janvier 2017, Amber Heard avait promis de verser les sept millions qu’elle a obtenus à des organismes caritatifs, dont l’Hôpital pour enfants de Los Angeles. Six ans plus tard, le fric n’a toujours pas été transféré.

Si Amber Heard a triché là-dessus, qui nous assure qu’elle n’a pas trafiqué d’autres parties de son récit ? Et qui a battu qui au sein de ce couple toxique et explosif, dans lequel personne ne paraît équilibré ? Netflix n’offre aucune réponse, hélas.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Le tapis rouge lors du Gala de l’ADISQ, en 2019

Fini les tapis rouges à Radio-Canada

Radio-Canada débranche toutes ses émissions de type tapis rouge, qui précèdent la diffusion des galas des Gémeaux, de l’ADISQ et Les Olivier. Les équipes affectées à ces productions, qui ont souvent été coanimées par Isabelle Racicot, Claudine Prévost ou Nicolas Ouellet, ont été avisées de leur disparition cette semaine, me dit-on.

Avant les cérémonies des Gémeaux et de l’ADISQ, prévues le 17 septembre et le 5 novembre, Radio-Canada présentera une version de 30 minutes d’une édition spéciale du magazine Retour vers la culture d’ARTV. Rien n’est prévu en amont du Gala Les Olivier.

Le diffuseur public souhaite « faire différent » et pense qu’« utiliser une des émissions appréciées des téléspectateurs permettra de mettre en lumière les artistes et artisans de ces industries grâce à une formule intéressante et différente ».