J’ai toujours été de bonne foi, même trop gentil, envers And Just Like That malgré ses irritants majeurs comme l’insupportable et pas drôle Che Diaz, la régression complète de Miranda, le virage inclusif « forcé » des nouveaux épisodes et l’absence de gags salés ou punchés comme il y a 20 ans.

J’aime ces quinquagénaires new-yorkaises – et leurs sacs à main en forme d’oiseau – et j’ai défendu la suite de Sex and the City sûrement plus par nostalgie que par rationalité. Peu importe. J’ai toujours eu hâte d’enfiler les nouveaux épisodes, ce qui s’avère le meilleur des signes de notre lien émotif, donc peu cartésien, avec une série.

Mais là, insérez ici un gros sacre, la finale de la deuxième saison, mise en ligne jeudi dernier sur la plateforme Crave, m’a fait hurler de désespoir et de furie comme si Carrie Bradshaw (Sarah Jessica Parker) apprenait que ses escarpins de luxe venaient tous de chez Payless.

Pour les retardataires d’And Just Like That, l’alerte au divulgâcheur résonne ici comme le miaulement du chaton Shoe Bradshaw dans un immense logement vide.

Donc, la seule fois où Aidan (John Corbett) pose le pied dans l’appartement (maudit) de Carrie dans l’Upper East Side, c’est pour lui demander de l’attendre cinq ans, le temps que son fils de 15 ans émerge de l’adolescence ? Et Aidan claque ensuite des doigts, sans émettre de bruit, pour montrer à Carrie à quel point cette pause de cinq ans passera, vite, vite, vite ?

Euh, non. C’est refusé. Voir que Carrie considère l’option de mettre sa vie amoureuse en veilleuse pendant cinq ans, alors qu’elle s’approche elle-même de la soixantaine. Ridicule.

Ces retrouvailles si attendues entre Carrie et son ancienne flamme Aidan ont été décevantes au maximum. Tout ce bonheur de magasiner des moulins à poivre au Williams-Sonoma pour ça ?

Dire que Carrie a vendu, à un prix dérisoire, son appartement mythique pour s’installer dans un palais de Gramercy Park assez grand pour héberger Aidan et ses trois gars. Sauf qu’Aidan restera en Virginie, où il vit avec ses trois fils. Et Carrie finit seule avec son chat, un autre cliché qui cristallise l’image de la célibataire vieillissante entourée de félins au lieu d’êtres humains. Ajoutez un autre juron ici.

Même l’apparition (de 60 secondes) de la relationniste Samantha Jones (Kim Cattrall), dont on parle depuis plusieurs mois, a fait patate. Quelle occasion gaspillée !

Au moins, cette deuxième saison d’And Just Like That a été moins glauque et déprimante que la première, où Carrie passait pour une grand-mère incontinente. La sexualité a été remise au centre des intrigues, sortez les pompes à pénis, les orgasmes à sec et les godemichés.

Les scénaristes d’And Just Like That s’approchent doucement de la vivacité et de l’intelligence de Sex and the City, sans atteindre le niveau exceptionnel des six saisons initiales.

L’avocate Miranda (Cynthia Nixon), en questionnement professionnel et personnel, mérite mieux que de dormir dans la chambre d’invités de son amie Nya, franchement. Charlotte (Kristin Davis) a été franchement plus intéressante à suivre depuis son retour au travail. Son discours enflammé sur la charge mentale a été délicieux. Prends des notes, Harry !

L’étoile montante d’And Just Like That demeure l’agente immobilière Seema (Sarita Choudhury), qui remplace, en quelque sorte, Samantha. Quelle femme flamboyante, confiante, élégante, drôle et vive d’esprit.

Qui ne voudrait pas d’une amie qui commande automatiquement une deuxième ronde de cosmos sur une plage de Grèce où l’on échoue pour noyer sa peine ?

Le bling de Stockholm

Quelle chouette découverte que cette minisérie suédoise Barracuda Queens de Netflix, à mi-chemin entre le film The Bling Ring de Sofia Coppola et une série d’ados à la Euphoria.

Comme Barracuda Queens (Les reines de Barracuda) ne compte que six épisodes de 30 minutes, elle se dévore, en anglais ou en français, en une seule soirée. Un excellent divertissement.

PHOTO ULRIKA MALM, FOURNIE PAR NETFLIX

Les Barracuda Queens : Mia Thorstensson (incarnée par Tea Stjärne), Klara Rapp (Tindra Monsen), Lollo Millkvist (Alva Bratt), Amina Kahlil (Sarah Gustafsson) et Frida Rapp (Sandra Zubovic)

Alors, Barracuda Queens, c’est en fait le nom d’une bande d’adolescentes de 17 et 18 ans qui habitent dans une banlieue huppée de Stockholm, capitale de la Suède. Inspirée de faits réels, l’action se déroule en 1995 et démarre après un week-end hyperfestif, où les filles ont solidement dérapé et accumulé des dettes astronomiques sur leurs cartes de crédit.

Pour éponger leurs créances, que leurs parents fortunés refuseraient de rembourser, Klara, Lollo, Mia, Amina et Frida se mettent à cambrioler les villas du voisinage, volant des œuvres d’art, des bouteilles de vin de collection, des bijoux ou de l’argenterie.

Et elles sont plutôt douées pour les entrées par effraction, la police locale n’arrivant pas à les attraper. En plus de suivre les pillages des cinq héroïnes, Barracuda Queens lève le voile, à la Desperate Housewives, sur les secrets des parents bourgeois, aussi délurés que leur progéniture, finalement.

Comme la mode des années 1990 revient en force, les personnages de Barracuda Queens – qui évoluent en 1995, rappelons-le – portent des vêtements étonnamment contemporains. La trame sonore regorge de bijoux de pop et de grunge comme Alright de Supergrass, My Favorite Game de The Cardigans, Celebrity Skin de Hole et No Surprises de Radiohead, à l’époque où Radiohead n’était pas un éteignoir total, discutez !