Bien honnêtement, j’avais des attentes modestes quand je me suis lancé dans l’écoute d’Amorphismes, le nouvel opus de Philippe Noireaut, sorti au début du mois. Non pas que je doutais que cet auteur-compositeur puisse avoir encore de la vigueur, loin de là. Mais faire un disque de chansons en 2023, quand on n’est pas un « gros nom », est un geste héroïque, il faut se le dire.

Mais après deux ou trois titres, j’ai dû me rendre à l’évidence : Philippe Noireaut offre un disque important. Avis aux amateurs de chansons qui honorent une grande tradition et enrubannent la langue française, celui-ci est pour vous.

Une poésie bien enracinée dont les vers montent directement au ciel, des musiques qui ne craignent pas de changer de veste à chaque chanson et une impressionnante brochette de musiciens venus apporter leurs sonorités et leur talent, voilà ce qui vous attend.

Connu pour avoir été le pianiste et arrangeur de nombreux artistes, dont Renée Claude (spectacle sur Léo Ferré) et Gilles Vigneault, Philippe Noireaut fait un retour sur disque après une vingtaine d’années.

Ça fait dix ans que je travaille à ce projet. C’est une collection de chansons qui pourrait avoir l’air disparate, mais qui ne l’est pas tant que ça. On devait le lancer en 2020, mais la pandémie et les aléas de la vie m’en ont empêché.

Philippe Noireaut

Ce disque (maintenant offert sur diverses plateformes de musique en continu) est le fruit d’une autoproduction menée par Fila 13. Certains amis de Philippe Noireaut ont même contribué au financement. Quand je parle de geste héroïque… Mais malgré ces embûches, Philippe Noireaut tenait absolument à se rendre au fil d’arrivée. « C’est une bouteille à la mer, mais j’étais mûr pour le faire. Le plus grand succès, c’est de l’avoir fait. Maintenant, est-ce qu’il va trouver un public ? Je ne le sais pas. »

Au fil des 14 titres, on a parfois l’impression de retrouver les influences de Bernard Lavilliers, Claude Nougaro, Romain Didier ou Yves Duteil. Ce jeu de la comparaison n’embête pas une miette Philippe Noireaut. « Absolument pas, lance-t-il. C’est ma famille. Au contraire, je le revendique. Il y a des grands qui ouvrent des portes, il est normal qu’on perçoive ça. Je ne cherche pas ça en écrivant, mais c’est sûr qu’il y a des marques. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Philippe Noireaut sera en spectacle au Théâtre MainLine. Geneviève Robitaille (à gauche) danse dans le spectacle.

Philippe Noireaut lance « cette bouteille à la mer » cette semaine lors d’une série de spectacles à Montréal. En première partie, les spectateurs découvriront l’œuvre chorégraphique Tomato Blues de Lina Cruz (conjointe de Philippe Noireaut) interprétée par Geneviève Robitaille (qui chantera également en anglais).

Puis, l’auteur-compositeur-interprète offrira un programme composé de ses nouvelles chansons, d’anciennes et de quelques poèmes. Deux danseurs viendront le rejoindre sur scène. Il a aussi trouvé une façon de rendre hommage à son amie Renée Claude. Je n’en dis pas plus.

Philippe Noireaut se défend d’avoir créé des « chansons à message ». « Si on veut envoyer un message, on peut utiliser la poste. Une chanson doit faire vivre un moment. Ce disque offre des instants de vie. C’est ça que je fais. »

Tomato Blues & Philippe Noireaut, Théâtre MainLine, du 14 au 16 septembre. Amorphismes, de Philippe Noireaut, est offert sur plusieurs plateformes.

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La dernière cassette de Brassard

Il se passe quelque chose de beau et de puissant en ce moment au Quat’Sous ! Dans La dernière cassette, l’auteur et metteur en scène Olivier Choinière a imaginé une œuvre qui fait revivre le metteur en scène André Brassard, disparu en octobre 2022. On découvre AB (c’est ainsi qu’il est identifié) à la fin de sa vie, diminué par la maladie et multipliant les « tabarnak » face à son incapacité à rendre les mots, lesquels ont été, on s’en rend compte, un véritable contrepoison au cours de sa vie. Pour faire vivre ce personnage, la comédienne Violette Chauveau (amie et confidente de Brassard) n’hésite pas à se transformer complètement. Dès que le projecteur s’allume, elle est Brassard. On croit halluciner. Sa performance est absolument prodigieuse. Choinière et elle ont pris un risque énorme (Brassard serait fier d’eux), mais ce spectacle atteint totalement son but. On en ressort chaviré. Empressez-vous de mettre la main sur des billets !

Consultez le site du spectacle