S’il y a un enchaînement fluide que les maîtres Lydia Bouchard, Mel Charlot et Jean-Marc Généreux devraient encenser, c’est celui de Chanteurs masqués et de Révolution à TVA.

Cette combinaison d’émissions fonctionne du feu de Dieu, saison après saison. C’est familial, rythmé et rassembleur. Un duo encore plus efficace que Tim et Hortons.

Dimanche soir, le défilé des mascottes géantes, chauffé par Guillaume Lemay-Thivierge, a rivé 1 370 000 téléspectateurs à leur écran, tandis que la cinquième saison de Révolution, pilotée par Sarah-Jeanne Labrosse, a diverti 879 000 amateurs de danse, tous styles confondus.

TVA a ainsi battu la 38présentation des prix Gémeaux à Radio-Canada, regardée par 856 000 curieux. Il s’agit d’une chute de 100 000 personnes par rapport aux 958 000 fans qui ont suivi la cérémonie de l’an passé, sous la houlette de Véronique Cloutier.

Pas de gros scoop, ici. Le public se désintéresse de ces fêtes d’autocongratulation du showbiz pailleté.

Chez Noovo, le tapis rouge d’OD Andalousie a été foulé par 433 000 amateurs de téléréalité, en baisse en comparaison avec les 519 000 fidèles de la première d’OD Martinique. En fait, les audiences de la totalité des émissions de dimanche ont dégringolé si on les compare avec leurs chiffres de 2022. Comme quoi, le pouvoir du direct rapetisse, même s’il demeure, somme toute, assez impressionnant.

Pour revenir à la troisième saison de Chanteurs masqués, dont le numéro d’ouverture a été flamboyant, bravo pour le jeu de mots de la Mutante Rita. Vraiment, c’est réussi, le costume, la vignette de présentation, le roulement des « r », tout. Et ça démontre un effort en comparaison avec le Dinosaure (trop simple) ou l’agent 00-Pingouin à l’allure confuse.

Des cinq nouvelles créatures qui ont été examinées par les juges-enquêteurs, c’est l’Hippocampe rose et pêche qui a provoqué l’étonnement le plus éclatant sur le plateau. Après une relecture de River Deep, Mountain High, personne n’a deviné l’identité de la vedette cachée dans cet Hippocampe majestueux, dont la capsule-indice était impossible à déchiffrer. Valérie Plante, Danièle Henkel, Catherine Fournier, Louise Deschâtelets, Sylvie Fréchette et même Rosalie Vaillancourt ? Pas du tout. Il s’agissait de l’auteure et productrice Fabienne Larouche.

La production de Chanteurs masqués a contacté la créatrice de 30 vies et de Virginie en novembre dernier pour la convaincre d’enfiler un déguisement géant et, surtout, de pousser la note en public.

« Je leur ai dit : ça me flatte, mais je chante faux dans la vie, c’est épouvantable. Je ne fais pas de karaoké parce que c’est trop gênant. Mais depuis que je suis petite, j’écoute Céline Dion, Tina Turner et Whitney Houston », explique Fabienne Larouche, intriguée par la proposition de Chanteurs masqués.

L’auteure et productrice a rencontré une première fois la coach de voix de Chanteurs masqués, Marie-Ève Riverin, qui l’a rassurée. Et surprise, Fabienne Larouche n’évoluait pas dans le registre des sopranos, comme son idole Céline, mais bien chez les mezzo-sopranos, comme Adele, Beyoncé ou Miley Cyrus.

Fabienne Larouche a d’abord tenté de s’approprier I’m Alive, puis a opté pour River Deep, Mountain High. La version finale a été le fruit de trois séances d’enregistrement et de plusieurs semaines de cours privés avec Marie-Ève Riverin.

« J’ai trippé. La robe, la traîne pesante, la chorégraphie, les danseurs, ç’a été du bonheur à faire. Ça m’a sortie de ma zone de confort. En fait, ça m’a sortie de ma zone de tout. Je veux continuer à chanter. Mon prochain défi, c’est Flowers de Miley Cyrus », explique Fabienne Larouche, qui a préféré ne pas commenter la défaite de STAT au dernier gala des Gémeaux.

De ce que j’entends, ça brasse encore très fort dans les coulisses de ce gala télévisuel contesté. Nostradumas prévoit du mouvement bientôt.

Du côté de Révolution, qui inaugurait sa cinquième saison, excellente acquisition que celle de Mel Charlot, qui remplace les Twins (Laurent et Larry Bourgeois), partis danser en tournée avec Beyoncé. Vive et pétaradante, cette artiste et chorégraphe a rapidement trouvé sa place entre les vétérans Lydia Bouchard et Jean-Marc Généreux, toujours extrêmement rapide sur la manette.

C’est difficile de chercher et de trouver des poux à Révolution, une émission inspirante, bienveillante et énergisante. Par exemple, comment demeurer insensible après le passage de l’émouvante Alicia Desjardins, 13 ans, de Mascouche, qui pleurait (de joie) au centre de la scène circulaire ? On aurait voulu la serrer dans nos bras.

Ce premier épisode de Révolution a renfermé le « moment révolution » le plus vertigineux en cinq ans, soit celui exécuté par Catherine et Laurent, deux artistes de cirque de 24 et 22 ans, sur la pièce De glace de Pierre Lapointe. Ce fut spectaculaire.

À l’opposé, le premier candidat, Madini, 30 ans, a carrément oublié d’intégrer son mouvement pour les caméras, une première dans la courte histoire de Révolution au Québec.

Membre de la troupe Break City All-Stars de la saison 3, l’explosif Sean Wathen, 19 ans, de Beaconsfield, a épaté en solo. Très hâte de le voir bouger sur du contemporain ou un autre style que le hip-hop.

Plus les éditions avancent, plus l’égérie Sarah-Jeanne Labrosse s’implique dans les épisodes de Révolution. C’est tellement plus agréable de la voir affirmée et assurée que de l’entendre chuchoter en arrière-scène. « Va vers la lumière, Sarah-Jeanne ! », dirait sûrement la petite madame en transe dans Poltergeist.