Le grand patron du secteur français de Radio-Canada, Michel Bissonnette, a remis sa démission à la PDG de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait. L’annonce officielle aura lieu ce mardi matin, me dit-on.

Selon mes informations, il ne s’agirait pas d’un départ à l’amiable. En poste depuis janvier 2017, Michel Bissonnette, vice-président principal de Radio-Canada à Montréal, a eu des frictions avec sa supérieure Catherine Tait, notamment dans l’épineuse controverse sur le « mot commençant par un N », qui a éclaté à l’été 2022.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait alors blâmé Radio-Canada pour une chronique de Simon Jodoin à l’émission radiophonique Le 15-18 du 95,1 FM, qui citait quatre fois le titre de l’essai de Pierre Vallières Nègres blancs d’Amérique. Des excuses ont été présentées, mais Radio-Canada a contesté l’autorité du CRTC, jugeant que l’organisme s’ingérait dans le contenu rédactionnel et qu’il menaçait l’indépendance journalistique du diffuseur public.

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L’ancien vice-président de Radio-Canada Michel Bissonnette, lors d’une visite du chantier de la nouvelle Maison de Radio-Canada

Michel Bissonnette, qui a cofondé Zone 3 en 2000, est monté au front et a défendu ce point, comme plusieurs têtes d’affiche du service de l’information de Radio-Canada, et il a eu raison. En juin dernier, la Cour d’appel fédérale a annulé la décision du CRTC, qui aurait outrepassé ses pouvoirs dans le dossier du « mot commençant par un N ».

Cette affaire très médiatisée, qui a profondément divisé les francophones et les anglophones au sein de Radio-Canada, n’explique pas à elle seule le départ de Michel Bissonnette, mais elle donne une idée des vives tensions qui régnaient entre les antennes de Montréal et de Toronto. Et ce type de conflit laisse des traces.

Michel Bissonnette, qui a fait presque toute sa carrière au privé, n’a pas répondu à une demande d’entrevue lundi soir. Radio-Canada n’a pas commenté non plus.

Cette démission survient à un moment étrange, alors que le mandat de la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, n’a été renouvelé que pour 18 mois. Mme Tait partira, en théorie, en janvier 2025.

Dans la nouvelle Maison de Radio-Canada, Michel Bissonnette n’avait pas de bureau fermé, même s’il y dirigeait tous les employés. Il s’installait dans une petite salle de réunion adjacente quand il devait régler des dossiers nécessitant discrétion et confidentialité.