J’y avais échappé depuis trois ans et demi et je me pensais très bon. Des dizaines de tests et jamais un traître signe de positivité, ce qui colle quand même bien à mon tempérament peu optimiste et grognon.

Puis, dans la nuit de l’Halloween, le grand frisson. Pas celui provoqué par les costumes des animateurs du 5 à 7 de RDS. Celui qui fait à la fois suer comme un cochon et claquer des dents comme un squelette. En retard sur la mode médicale, bonsoir, j’ai attrapé la COVID-19, la version vintage de 2020 qui détruit l’odorat, qui étourdit, qui congestionne, qui cloue au lit et qui vrille le crâne.

Comme si un camion de vidanges m’était passé dessus, avait reculé, bip, bip, bip, pour m’écraser de nouveau, telle une crêpe dans un comptoir d’Au petit coin breton en 1994.

Le virus a ceci de bien qu’il permet à la personne infectée de rattraper toutes ses téléréalités bonbon préférées.

J’ai enfin vu l’épisode de The Kardashians (sur Disney+) où la fille de Kim et Kanye, North, croque dans un oignon espagnol cru et j’en suis ressorti à la fois terrifié, grandi et fier qu’une préado milliardaire, qui dispose d’un chef personnel, se contente d’un vulgaire oignon comme collation.

J’ai englouti d’une traite la nouvelle – et septième – saison de Selling Sunset (Du soleil à revendre, sur Netflix), où les tenues griffées Fendi et Balenciaga des agentes immobilières amazones obtiennent davantage de visibilité que la maison à 37 millions d’un oligarque kazakh au cœur de Beverly Hills. Moins de grosses cabanes, plus de Paco Rabanne.

En résumé, Romain parle encore anglais comme une vache espagnole, Amanza se promène avec un ballon de basket Chanel, et le nouveau bureau de l’agence Oppenheim est juste un peu moins quétaine que l’ancien, situé à la porte d’à côté.

Quand on est malade, on trouve également du réconfort dans les séries de « true crime ». Nos petits bobos paraissent tout d’un coup moins graves que ceux d’une famille bourgeoise de Lynchburg, en Virginie, dont deux membres ont été décapités selon un supposé rite satanique ou vaudou en 1985. Si le pire arrive aux autres, il ne s’abattra jamais sur nous, non ?

Donc, la minisérie criminelle qui pétarade actuellement sur Netflix s’appelle Jusqu’à ce que le meurtre nous sépare (Till Murder Do Us Part) et raconte l’assassinat de l’influent couple formé par Derek et Nancy Haysom, survenu en avril 1985. À l’heure du souper, quelqu’un les a égorgés, en plus de les poignarder à de multiples reprises.

Les traces de sang sur le linoléum de la cuisine formaient, selon les journalistes judiciaires de l’époque, des motifs associés à une secte satanique.

Après quelques semaines d’errance, la police locale a identifié deux suspects dans ces homicides d’une horreur sans nom : la fille du couple tué, soit Elizabeth Haysom, 20 ans, ainsi que son amoureux Jens Söering, 18 ans, fils d’un diplomate allemand.

Ni un ni l’autre n’attire notre sympathie. Elizabeth parle avec un accent britannique bizarre et joue à la gosse de riche opprimée. Jens se prend pour un poète incompris et a l’air condescendant. Et les deux s’accusent mutuellement des meurtres crapuleux. Mais qui les a véritablement commis ?

Cette minisérie de quatre épisodes regorge d’images d’archives du procès de l’époque et réunit une quantité effrayante de photos ensanglantées de la scène du crime, soyez-en avertis. Ça se regarde d’un coup et le dernier épisode, c’est un classique, ne fournit pas toutes les réponses à cette affaire glauque, qui a intéressé, à l’époque, autant Larry King que Geraldo Rivera.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Louis-José Houde a animé le 45e gala de l’ADISQ dimanche dernier, son 18e.

Autre soirée télé-doudou dimanche avec Louis-José Houde, qui a bouclé son cycle de 18 ans à l’animation du gala de l’ADISQ à Radio-Canada. Quel exploit, quand même. Depuis 2006, l’humoriste a été un maître de cérémonie rigoureux, impliqué, incisif, drôle, efficace, agile et élégant.

Sans lui, qui sait jusqu’à quel sous-sol de torpeur et de platitude aurait dégringolé la fête de la musique québécoise ? Probablement au niveau catastrophique de celui des Jutra, pardon, au niveau du gala Québec Cinéma, qui ressuscitera de façon miraculeuse sur les ondes de Noovo le dimanche 10 décembre.

Le dernier tour de piste de Louis-José Houde n’a toutefois pas été son meilleur. On a senti l’animateur en léger recul, moins lapin Energizer, plus en mode analyse. Il n’a pas été mauvais, loin de là. Mais il a moins taquiné et a ralenti la cadence de ses gags. Et Louis-José Houde a regardé dans le rétroviseur avec une certaine nostalgie, ce qui a débouché sur une cérémonie certes amusante, mais aussi plus calme et émouvante.

Note aux décorateurs : les vagues mauves derrière Louis-José Houde donnaient l’impression que le calendrier avait été reculé en novembre 1986. Note aux spectateurs de la salle Wilfrid-Pelletier : jetez donc vos maudites gommes avant le début du gala. Il me semble que ça fait 20 ans que l’on radote ces conseils-là et que personne ne les applique.

Note aux producteurs de l’ADISQ : bonne chance pour remplacer Louis-José Houde l’an prochain. Car l’intérêt pour les galas diminue, et les bons animateurs ne courent pas les rues.