Valeurs sûres, disparitions, potins et triomphes sur fond de crise des médias

Le Médicis à Kevin Lambert

Ce fut un automne chaud pour la littérature québécoise en France, quand Kevin Lambert et Éric Chacour se sont retrouvés sur les listes de plusieurs prix prestigieux pour leurs romans Que notre joie demeure et Ce que je sais de toi. Nous avons même eu droit à des polémiques lorsque Kevin Lambert a répliqué au premier ministre François Legault, avant que des médias français remettent en question sa défense de la lecture sensible pour les écrivains. Ce qui ne l’a pas empêché de recevoir les très convoités prix Décembre et Médicis, que peu d’auteurs québécois peuvent se vanter d’avoir à leur CV, tandis qu’Éric Chacour vient tout juste de recevoir le Femina des lycéens. Cette saison excitante pour la littérature d’ici a culminé avec une annonce formidable : le Québec sera l’invité d’honneur du prochain Festival du livre de Paris en 2024 !

Deuil national pour Karl Tremblay

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Les Cowboys Jean-François Pauzé, Marie-Annick Lépine et Jérôme Dupras saluent le départ de Karl Tremblay lors de la cérémonie d’hommage nationale qui s’est tenue au Centre Bell.

Un moment que personne n’oubliera est celui où Karl Tremblay, chanteur des Cowboys Fringants, a entonné Sur mon épaule au Festival d’été de Québec, soutenu par une foule immense, alors qu’il était affaibli par la maladie. Encore plus immense a été la vague d’amour qui a submergé le Québec après sa mort, à seulement 47 ans. Une telle émotion collective n’est réservée qu’aux plus grands, et le public s’est recueilli spontanément à divers endroits symboliques pour chanter à sa mémoire. C’était beau et incroyablement émouvant, jusqu’à l’hommage national dans un Centre Bell bondé, humble et à l’image de l’homme dont la voix et le courage ont touché non seulement le Québec, mais aussi toute la francophonie.

Des mémoires qui valent leur pesant d’or

PHOTO TED SHAFFREY, ASSOCIATED PRESS

Des exemplaires des mémoires de Britney Spears, The Woman in Me, dans une librairie de Clifton, au New Jersey

Parmi les livres les plus vendus de l’année selon Apple Books, on retrouve, au sommet de la catégorie non fiction, les mémoires du prince Harry (Le suppléant) et de Britney Spears (La femme en moi). Comme quoi le déballage de linge sale en public attire les lecteurs. Dans ces récits, les familles des principaux concernés n’en sortent pas grandies, c’est le moins qu’on puisse dire. À un niveau plus local, les mémoires de Ginette Reno ont fait beaucoup jaser, pas tant pour leur contenu que pour la stratégie de vente, puisque le livre ne pouvait s’acheter que dans les pharmarcies Jean Coutu, où la chanteuse a signé beaucoup de dédicaces.

Une année (presque) sans Céline

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Céline Dion en concert au Centre Bell pour sa tournée Courage, en 2020

Après avoir annoncé l’an dernier qu’elle était atteinte d’une maladie très rare, Céline Dion a été pratiquement absente pendant toute une année jusqu’à sa visite inattendue dans le vestiaire du Canadien de Montréal lors d’un match à Las Vegas. La diva québécoise manque à beaucoup de gens, en premier ses fans qui n’ont pu voir sa dernière tournée, bien sûr annulée. Plus généralement, un monde sans Céline est un monde un peu ennuyeux, car nous aimions la suivre dans ses moments de folie, ses changements de look et, évidemment, ses spectacles. Cette absence se fait suffisamment sentir pour que Noovo ait produit un documentaire intitulé Céline le silence… On espère la revoir en meilleure forme en 2024 !

Heavy metal et arc-en-ciel au Parc olympique

PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL, COLLABORATION SPÉCIALE

Survol du Parc olympique lors de la clôture du festival Fierté Montréal et du deuxième spectacle de Metallica

Montréal a vécu un mélange des genres plutôt inusité l’été dernier quand deux évènements se sont tenus en même temps au Parc olympique et au Stade : les concerts du groupe métal Metallica et les festivités de Fierté Montréal. Sur les lieux, on pouvait voir tout de suite qui participait à quoi, entre les vêtements colorés de la communauté LGBTQ+ et le look beaucoup plus sombre des fans de métal. Mais il n’y a eu aucun accrochage entre ces deux publics qui ont pris leur pied chacun à leur façon, prouvant en quelque sorte à quel point Montréal peut être une ville cool. Avouons aussi que, malgré la légendaire mauvaise sonorité du Stade, revivre un show dans cet endroit a rappelé beaucoup de souvenirs à de nombreux spectateurs.

Annus horribilis pour les médias

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’édifice actuel de TVA, sur le boulevard De Maisonneuve Est

La fin abrupte de l’émission Le monde à l’envers, animée par Stéphan Bureau, peu de temps avant son retour en ondes, a surpris tout le monde mais présageait quelque chose de plus grave. L’annonce par Pierre Karl Péladeau de la suppression de 547 postes au Groupe TVA a créé une véritable commotion dans le monde des médias. Ensuite, ce fut le tour de CBC/Radio-Canada, qui prévoit abolir 800 postes au pays. Au printemps, les Coops de l’information représentant six quotidiens régionaux ont sabré le tiers de leurs effectifs. Et, cerise sur le gâteau, Meta a mis sa menace à exécution en bannissant les nouvelles de sa plateforme. Pour ceux qui en doutaient, la crise des médias est bien réelle, de même que celle de la télévision faite chez nous. Ce qui est inquiétant pour l’avenir de la culture québécoise, qui s’exprime dans cet écosystème. Ce sujet continuera de faire parler dans la prochaine année, c’est certain.

L’année Michel Tremblay

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

L’œuvre de Michel Tremblay a été célébrée en grand cette année.

Rarement a-t-on vu une œuvre aussi célébrée que celle de Michel Tremblay, et plus particulièrement cette année. En 2023, Les belles-sœurs a été jouée au Festival de Stratford, Mado Lamotte a incarné Hosanna au Trident à Québec et les opéras Messe solennelle pour une pleine lune d’été et Albertine en cinq temps ont connu du succès. Mais sans conteste, la plus belle offrande aura été La traversée du siècle d’Alice Ronfard, une pièce de 12 heures sur l’univers de Michel Tremblay présentée dans sept théâtres montréalais jusqu’en 2024. Il fallait y être pour vivre ce qui a été une véritable communion du public avec les personnages immortels de Tremblay. Et c’est loin d’être terminé, car nous attendons les sorties de l’adaptation musicale des Belle-sœurs au cinéma par René Richard Cyr et la série télé de Serge Boucher inspirée par les Chroniques du Plateau Mont-Royal.