Martin. Ben oui, Martin Matte… et les membres du gouvernement de la CAQ ont mangé leur pain noir – pas en vente chez Maxi, par ailleurs – lors du Bye bye 2023, qui a concocté une assiette de culture populaire piquante et juste assez poivrée.

Du moins, pour le service de la première heure, efficace et rigolo. La demi-heure finale a été plus molle, nous y reviendrons.

Le sketch où François Legault, joué par Claude Legault, un classique pour lui, a sollicité la compagnie Plan B pour remonter dans le passé corriger les erreurs du troisième lien a été joliment exécuté. Une vignette courte, mordante et punchée comme on les aime.

Tout juste avant, le pastiche des pubs du WAH de Hyundai a été jouissif, avec Sarah-Jeanne Labrosse dans le rôle de Marilou, la reine de « trois fwah par jour ». Quel concept abrutissant et stupide que celui de « l’estie de WAH », pour paraphraser le texte de la revue de fin d’année de Radio-Canada.

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Sarah-Jeanne Labrosse, dans le rôle de Marilou

Le segment dévastateur de Martin Matte en détresse a frappé sur un clou douloureux pour TVA : l’échec du talk-show du créateur des Beaux malaises. Louis Morissette a brillé dans cette parodie où il s’enfargeait dans ses cartons et feignait de s’intéresser à son invitée Marthe Laverdière (excellente Guylaine Tremblay), qui a recadré l’animateur perdu.

Puis, la phrase assassine finale : citron ou navet, les deux, en reprenant les codes de la réclame de Maxi de Martin Matte. Bang, TKO.

Pour illustrer la crise du logement, super bonne idée que de ressusciter Chambres en ville, où l’ancienne pension de Louise Deschâtelets a accueilli ses vieux locataires Pete (Francis Reddy), Julien (Gregory Charles) ou Geneviève (Patricia Paquin), étranglés par les taux hypothécaires ou évincés de leurs logements par des propriétaires cupides. J’ai crié quand j’ai vu Anne Dorval reprendre son rôle iconique de Lola la pas fine. Un grand coup. J’ai hurlé – encore plus fort – quand l’équipe du Bye bye a ramené le personnage du petit garçon édenté d’Anne Dorval, vu pour la première fois dans le Bye bye 2016. Flash de fou.

Il faut le souligner : Pierre-Yves Roy-Desmarais a été l’étoile de ce Bye bye 2023. D’abord, sa chanson d’ouverture post-apocalyptique a donné le ton à la soirée, qui pulvériserait et carboniserait de gros ego.

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Pierre-Yves Roy-Desmarais a lancé le Bye bye 2023.

Ensuite, les imitations de Pierre-Yves Roy-Desmarais, dont le footballeur Marc-Antoine Dequoy, ont été délirantes, particulièrement sa Louise Sigouin de « Si on s’aimerait », encore plus flyée que celle de Marc Labrèche. Sa meilleure ? Celle de Jérémy Demay des insupportables pubs de Meubles RD-Gueu.

Ce n’est pas pour rien que Radio-Canada pressent Pierre-Yves Roy-Desmarais pour succéder à Louis-José Houde à la barre de l’ADISQ. Il possède toutes les qualités requises pour piloter ce gala.

Suggestion pour la chanson colorée à propos des déboires du REM, qui faisait très Club Soly : il aurait fallu ajouter les paroles en bas d’écran pour mieux les comprendre. Et recruter la flamboyante Patsy Gallant pour l’enterrer avec le bruit du train, c’est une blague parfaite.

Le ministre Éric Caire, personnifié par Claude Legault, a eu l’air d’un vrai pee-wee dans le faux film « SAAQenheimer » sur le fiasco nucléaire des permis de conduire et des immatriculations.

Bien aimé également que le Bye bye 2023 égratigne le volet Tou.Tévé Extra, votre diffuseur public « juste à ceux qui payent ». Le gag est revenu trois fois, avec autant d’acidité. Personne n’accusera le réalisateur Simon-Olivier Fecteau de complaisance ici.

La réclame de New Look avec Pierre Poilievre (Guylaine Tremblay), qui se débarrasse de ses lunettes, a incarné l’esprit de tout ce Bye bye 2023 : des scènes habilement ficelées, sans fla-fla, qui visent au centre de la cible.

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Pierre Poilievre, incarné par Guylaine Tremblay

Le faux bulletin de nouvelles de Sophie Thibault (Guylaine Tremblay) et Patrice Roy (Pierre Brassard) a renfermé une perle, soit l’enregistrement de l’émission balado Sous écoute de Mike Ward (Guylaine Tremblay, vraiment drôle) avec les deux taouins de La poche bleue, interprétés par Marc Dupré et Arnaud Soly. J’en aurais pris plus.

Parmi les moins bons coups de cette émission phare, la réécriture inclusive du Temps d’une dinde de Roland Hi ! Ha ! Tremblay (Michel Barrette, comme dans le film 23 décembre) a été prévisible et peu drôle. Tout comme la crise du bacon des parents à propos des toilettes mixtes et des enseignantes non binaires. C’est resté au premier degré.

L’étudiant débile qui se sert de ChatGPT et le vélo électrique, rebrassé à la sauce Rapides et dangereux, ne passeront pas non plus à l’histoire.

Les morceaux moins savoureux du Bye bye 2023 ont été relégués après le décompte de la bonne année, dont La semaine verte (moyenne), les Têtes à claques qui visitent le sous-marin Titan (bof !) ou la longue classe d’acteur de Bernard Drainville (très juste Patrick Huard), dure envers le politicien, mais qui aurait gagné à être raccourcie.

Un qui a dû soupirer en visionnant le Bye bye 2023, c’est Justin Trudeau, qui a été épargné à chacun des rounds. À part le clin d’œil au film Barbie et à sa séparation d’avec Sophie Grégoire (personnifiée par Catherine Chabot), le premier ministre canadien a esquivé la plupart des coups. Ses entraînements de boxe serviraient-ils enfin sa carrière politique ?