Ciboulette de tabarnouche de crime bine du câlique que c’est difficile de visionner la deuxième saison de L’empereur sur Noovo sans sacrer, maudit crisse, désolé, fallait que ça sorte.

Malgré son sujet lourd et grave, soit les agressions sexuelles, L’empereur se positionne comme une des meilleures téléséries de la rentrée télévisuelle d’hiver. Les quatre premiers épisodes, offerts sur la plateforme Crave, se dévorent sans cligner des yeux. C’est tout ? Où se cachent les quatre derniers ? Il faudra hélas ! les consommer à la petite semaine, à partir du 24 janvier, date de sortie du cinquième épisode.

À la télévision traditionnelle, L’empereur joue les mercredis à 20 h sur les ondes de Noovo. Un seul épisode a été relayé jusqu’à présent (il se rattrape en ligne) et c’est assez facile d’embarquer dans le train déjà en marche, même si on n’a pas vu le premier chapitre.

Ce qu’il faut savoir ? Que le personnage principal, le publicitaire Christian Savard (Jean-Philippe Perras, au sommet de sa forme), est un pervers narcissique fini, qui a multiplié les victimes féminines autour de lui sans subir de conséquences.

C’est lui, l’empereur du titre. Un homme magnétique, mais toxique. Un patron enjôleur, mais manipulateur. Un mari investi, mais pourri. Un oncle généreux, mais dangereux.

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La deuxième saison de L’empereur s’ouvre avec le procès de Christian Savard (Jean-Philippe Perras).

Bref, c’est le pire des trous de cul de la Terre, toujours chic, souriant, charmant et avenant. La deuxième saison de L’empereur s’ouvre avec le procès de Christian Savard, accusé d’agression sexuelle par son ancienne secrétaire, devenue partenaire dans l’agence de pub Primal.e, Manuela Suarez (Noé Lira).

Enfin, se dit-on, ce maniaque sexuel paiera pour ses crimes. Pas si vite. Le système judiciaire réserve quelques surprises aux victimes, qui passent, de nouveau, dans le tordeur. Premier sacre d’un long chapelet.

Le deuxième épisode détaille la remontée en puissance du roi Christian, indétrônable, puissant et impitoyable. La façon suave avec laquelle il enjôle sa conjointe Allison (Shoshana Wilder), ses employés et sa maîtresse est une classe de maître de psychopathe 101.

Parlant d’Allison, blonde et bras droit du beau Christian au travail, je la trouvais nounoune, au départ, de fermer les yeux sur les comportements déplacés de son riche copain. Mais attendez avant de la juger. Allison conserve des atouts très utiles – et dévastateurs – dans sa manche.

Si la première saison de L’empereur montrait comment un agresseur tissait sa toile en toute impunité, la deuxième saute directement dans l’action. Et c’est bien meilleur.

L’an dernier, les nombreux allers-retours entre 2005 et 2015 avaient mélangé bon nombre de téléspectateurs, qui distinguaient mal ces deux époques assez rapprochées. Ce problème a été corrigé dans L’empereur 2. La majorité des intrigues se déroule en 2016. Excellente décision.

À l’agence Primal.e, la sœur de Christian, Audrey (très juste Madeleine Péloquin), se dirige vers un mur, elle qui a toujours cru en l’innocence de son (saint) frère. Le Kool-Aid ne goûte plus aussi bon, mettons. Il y a d’ailleurs des scènes déchirantes entre Audrey et son conjoint Steve (Jean-François Nadeau) quand ils apprennent les détails scabreux du party d’anniversaire de leur fille de 18 ans, Rosie (Léa Roy). Ça broie le cœur, vraiment.

Dans la première saison, on a vu Christian, « l’oncle cool » qui a organisé la fête de Rosie à Magog, malaxer un sein de sa propre nièce, ce qui avait choqué, avec raison, bien des gens. Cet « incident » au chalet occupe une place centrale dans L’empereur 2 et dégoupille plusieurs grenades aux effets ravageurs.

Si pétillante, la cégépienne Rosie a changé de façon draconienne depuis ses 18 ans. Sa descente aux enfers fait mal à regarder. L’impuissance de ses parents, qui ne savent rien de son agression, est tout aussi bouleversante.

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La majorité des intrigues de la deuxième saison se déroule en 2016.

Et enfin, la façade du bon père de famille de Christian s’écroule. Son monde professionnel se fissure également, alors que les actionnaires principaux militent pour un rachat de Primal.e par un groupe publicitaire mondial. Ça magouille en coulisses. Oui, Christian encaisse des claques, reste qu’il sait se défendre de façon efficace. Il esquive les attaques depuis tellement d’années en tordant la vérité et en jouant avec les sentiments des personnes qui l’entourent. Quel habile crosseur, pardon pour le terme cru.

Et quel bonheur sadique que d’assister à la chute de Christian Savard, cet expert du détournement cognitif. C’est rare que la télé québécoise nous offre des vilains aussi agréables à haïr et à qui l’on souhaite les pires souffrances.

Il faut le reconnaître à la scénariste Michelle Allen (Fugueuse, Pour Sarah) : elle a pondu une suite super accrocheuse à son Empereur. C’est très bon.

L’auteure montre aussi comment les autorités accueillent et traitent les jeunes femmes qui portent plainte contre leur violeur. Certaines policières, comme la sergente-détective Bisson (Sharon Ibgui), les reçoivent avec délicatesse et professionnalisme. D’autres, comme ce jeune flic nonchalant, mériteraient un blâme en déontologie. Quand une victime lui déballe son récit d’horreur, l’agent lui demande, le plus sérieusement du monde : « Avez-vous joui ? » 

Insérez ici un 14e sacre en ligne. C’est fâchant et frustrant en ta…