Après deux épisodes compacts comme des bottes de foin (ou de cowboy ?), L’amour est dans le pré a rassemblé tous les éléments du kit d’une saison fertile en a) rebondissements, b) en futurs enfants et c) en parfum de jument.

Des pubs de tracteurs Case IH, des passionnés de musique country, le Manoir du lac William, des filles qui adorent « démancher » des moteurs, des rendez-vous dans un verger/vignoble, de la guitare acoustique à la Virgin River, des chapeaux farfelus, des couvertures à carreaux et des célibataires qui rêvent de familles nombreuses avant l’âge de 30 ans, cette 12e saison à Noovo s’annonce plus foisonnante que la dernière, probablement la moins savoureuse depuis la pousse de cette téléréalité sur le sol québécois.

Notamment en raison d’un soupirant problématique qui, après les tournages, a été effacé en catastrophe de presque tous les épisodes. Un cauchemar pour la production et pour l’agricultrice (Anne-Sophie, de Neuville) qui a flanché pour ce tourmenteur-harceleur aux prises avec des problèmes de santé mentale.

Le remontage à la va-vite de la 11e saison, très apparent, a même retardé la diffusion de L’amour est dans le pré de deux semaines. Bref, une récolte à oublier.

Maintenant, en remplacement de Katherine Levac, Marie-Soleil Dion empoigne les brides de cette émission phare avec une énergie et un aplomb rafraîchissants. On la sent investie, curieuse, naturelle et spontanée. On jurerait qu’elle pilote cette téléréalité depuis la première semence. Fin des allusions agro-amoureuses douteuses. Ou pas, on verra.

Parmi les cinq célibataires pivots de 2024, Benjamin, 28 ans, est celui qui a fait pivoter les têtes aussi vite que la petite fille possédée dans L’exorciste. Le nouvel agriculteur de Bromont, qui adore le baseball, la chasse et la pêche, espère trouver son rayon de soleil, qui lui est apparu sous les traits d’Amélie, 28 ans, une évaluatrice agréée de Granby présentée comme une « évacuatrice agréée ». Et ça fait quoi dans la vie, une évacuatrice agréée ? Aucune idée. Chose certaine, ça pourrait être utile dans une ferme quand vient le temps d’étendre le fumier.

Ah oui, ce Benjamin ne cherche pas une fille. Il cherche sa femme, la dernière, avec qui il s’établira sur ses terres.

C’est toujours surprenant d’entendre les candidats de L’amour est dans le pré parler d’engagement à long terme, de fidélité, de valeurs familiales et d’authenticité, dans un français plus que convenable. Ça nous change du franglais de L’île de l’amour et d’OD baragouiné par des gens bronzés qui veulent « switch » de dude ou de girl dès qu’ils « catch » des « feels ».

Fait inusité dans cette 12e édition : l’agricultrice Sabrina, 24 ans, de Coaticook, a rencontré un homme et quatre femmes lors de son « speed dating ». Par contre, c’était assez évident que Sabrina, ceinture noire en karaté et dessinatrice de tatouages, en pinçait plus pour la manutentionnaire Mélanie que pour l’entrepreneur Jean-François.

Comme pour Alex et David en 2021, on a quasiment senti l’électricité qui circulait entre Sabrina et Mélanie, 24 ans, qui a sorti une accrocheuse ligne romantico-pratique à la toute fin de son rencart : « Je peux faire ton café et partir ton char. » N’est-ce pas le rêve ultime dans un couple ?

Le doyen de cette édition, Théo, 51 ans, ne sort jamais sans son chapeau quand il explore son domaine estrien où il y a des ruisseaux, 10 kilomètres de sentiers et même deux lacs. Sans surprise, Théo a recruté la pétillante Annie, dont l’odeur préférée est celle d’un homme qui a passé sa journée avec des chevaux. C’est ce qu’on appelle une fragrance sauvage et animale, dans le jargon de Sephora.

Le tripeux de moteurs, Marc-Étienne, 25 ans, a eu un solide béguin pour Kim, gérante d’une animalerie, tandis que le plus timide du quintette, Charlie, 28 ans, de Neuville, a fait comme dans Who Wants to Be a Millionaire ? avant de valider son choix. Il a appelé une amie, Anne-Sophie, sa voisine et aussi participante de L’amour est dans le pré en 2023, pour trancher entre Alexis (animateur de radio) et Thomas (opticien). Sa vision s’est éclaircie et c’est à Thomas qu’il a finalement fait les yeux doux.

Je préfère cette formule épurée de L’amour est dans le pré, où l’animatrice ne trie plus les lettres avec la famille et les amis des concurrents. C’était souvent longuet et répétitif.

De loin, on préfère voir les participants téter une bière de microbrasserie dans une grange retapée en se demandant : est-ce une passion pour toi, la danse en ligne ?

Je lévite

Avec Kim Nolin dans Indéfendable

Cette redoutable avocate, jouée par Julie Trépanier, est frondeuse, baveuse et hyper déterminée… comme son collègue Léo MacDonald (Sébastien Delorme). On aime sa fougue et son franc-parler. Ancienne stagiaire au cabinet Lapointe-MacDonald exilée à Sherbrooke, Kim Nolin rentrera au bercail bleu et brun pour récupérer la charge de travail abandonnée par la dépressive Marie-Anne Desjardins, qui s’accorde une « pause » d’un mois dans un centre de santé au Costa Rica. Parlez-moi d’un revirement éclair.

Je l’évite

La pub d’Albi le géant dans Indéfendable

Ils deviennent ratoureux, nos commanditaires chouchous. Ils ne se contentent plus de fournir des voitures dans les épisodes ou de les annoncer dans des blocs publicitaires. Dans Indéfendable, le concessionnaire Albi le géant s’infiltre désormais entre la dernière scène du deuxième bloc et le panneau indiquant le titre de la quotidienne. Résultat : impossible de zapper ce cher Albi, qui entre dans nos salons sans frapper à la porte. C’est à la fois brillant (pour eux) et sacrant (pour nous).