Je serais le pire joueur de la compétition télévisuelle LOL : qui rira le dernier ? d’Amazon Prime Video, où l’animateur-arbitre Patrick Huard, encore plus sévère que les deux juges robots de MasterChef Québec, expulse les participants au moindre rictus sur leur visage.

Une blague de pet, une personne qui déboule les marches ou une tranche de fromage orange garrochée sur la joue, désolé, ça me fait mourir de rire et je casse, comme la tasse à café qui a été fatale pour la pauvre Mariana Mazza.

Cette dernière, meilleure perdante qu’au réveillon de Big Brother Célébrités, a d’ailleurs battu le record mondial de toutes les franchises de LOL : qui rira le dernier ? en obtenant un carton jaune après moins de deux minutes d’action, sur un total de six heures. Je peux la comprendre. Quand on nous interdit de pouffer ou de s’esclaffer, ça devient encore plus difficile de retenir des gloussements.

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Patrick Huard anime LOL : qui rira le dernier ?.

Quand j’enfourne les épisodes de LOL, enroulé dans une couverture chauffante, j’essaie de rester impassible, de marbre, de glace, bref, comme devant les sketchs du talk-show de Martin Matte. Mordillage des joues, bouche en poisson et cri guttural, rien ne fonctionne, carton rouge, je serais expulsé du loft.

Respect, donc, pour la personne (comme Richardson Zéphir et Laurent Paquin, l’an dernier) qui a enduré six heures de blagues débiles, de perruques laides et de pur délire sans flancher.

La deuxième édition de LOL, entièrement offerte sur Amazon Prime Video, élève la barre en comparaison avec la première. C’est vraiment rigolo et très bien conçu.

Une chose ne change toutefois pas : les trois premiers épisodes de LOL demeurent plus punchés que les trois derniers. Au début, ça explose de niaiseries, les concurrents se tendent vicieusement des pièges et mettent le paquet (pas celui de Dominic, rassurez-vous). À la fin, la fatigue s’installe et les survivants errent dans le décor de capharnaüm comme des zombies, complètement déconnectés de leur clown intérieur.

Les dix recrues de l’édition 2024 arrivent mieux préparées que celles de la saison passée. Il s’agit de Mariana Mazza, Philippe Laprise, Katherine Levac, Pier-Luc Funk, Rosalie Vaillancourt, Stéphane Rousseau, Fabien Cloutier, Neev, Roxane Bruneau et Tai TL.

Comme la décomplexée Mariana Mazza, qui a admis ne pas le connaître du tout, nous avons été nombreux à nous gratter la tête : mais c’est qui ça, Tai TL ? C’est un humoriste montréalais d’origine haïtienne de 21 ans, Tailaire Laguerre de son vrai nom, une star de la plateforme TikTok.

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Tai TL

Des dix candidats en lice, Tai TL a été le moins efficace, je trouve. Ses numéros ont décollé de peine et de misère.

Roxane Bruneau n’a pas non plus brillé très fort. On la sentait fort impressionnée de côtoyer des vedettes de l’humour québécois. Et elle ne possède pas les mêmes réflexes de comédie que ses camarades, il faut le dire.

Par contre, le duo formé par Rosalie Vaillancourt et Katherine Levac a été redoutable, surtout lors de ses attaques groupées sur des cibles à abattre.

Gros coup de cœur, également, pour Stéphane Rousseau, qui a offert la meilleure prestation, déguisé en pénis géant. Il faut savoir que dans LOL : qui rira le dernier ?, les participants concoctent aussi des numéros individuels, qu’ils livrent sur la petite scène du manoir.

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Pier-Luc Funk

Le but est évidemment d’éliminer ses confrères en les faisant rigoler. La séquence d’autodéfense imaginée par Pier-Luc Funk (avec la participation d’Hugo Girard) se classe haut dans le palmarès de LOL, tout comme le numéro de mime-gymnaste de Rosalie Vaillancourt, complètement absurde et bizarre.

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Roxane Bruneau

À l’opposé, Roxane Bruneau a imité une voyante qui lisait l’avenir dans les boules des femmes – ne cherchez pas le deuxième degré –, et c’était loin d’être réussi.

Parmi les compétiteurs les plus captivants à suivre, il y a Philippe Laprise. L’humoriste de 47 ans n’est pas le plus agile en « stand-up », mais ses mimiques, ses réactions faciales et son jeu physique le rendent incontournable et dangereux pour les autres.

Sans rien divulgâcher, on constate rapidement que les comiques qui ont fait leurs devoirs, ou qui arrivent avec des accessoires, partent avec une longueur d’avance. Qu’il s’agisse d’un faux nombril à la forme phallique, d’une collection de prépuces séchés, d’une pastille Mentos dans une bouteille de Coke ou de viande fumée glissée dans des sous-vêtements, ces éléments pimentent joyeusement la partie.

Oui, c’est parfois pipi-caca et très nono. Pour décrocher un rire, tous les coups, surtout ceux en bas de la ceinture, sont permis et encouragés. L’animateur-bourreau Patrick Huard, parfait dans ce rôle du responsable de la discipline, admet que la version québécoise de LOL applique les règles de la façon la plus stricte possible. Honnêtement, cette rigidité réglementaire devient fâchante.

Les joueurs qui se font pincer sourient à peine en attrapant une balle ou réagissent spontanément quand le téléphone sonne. On parle ici de broutilles. C’est franchement plate de voir un de ses préférés partir pour un truc aussi banal.

Tant qu’à être évincé, vaut mieux le faire à gorge déployée. N’est-ce pas, Mariana Mazza ?