Miley Cyrus sait comment recevoir un trophée des mains d’une légende. Quand Mariah Carey a annoncé que Flowers remportait le Grammy de la meilleure performance pop en solo, (feu) Hannah Montana a quasiment perdu connaissance avant de se poster derrière le micro et de louanger celle qui pousse des notes si aiguës que seuls les dauphins les entendent.

« Ce moment est trop iconique. J’aurais pu rater la remise de ce prix, c’est correct, mais pas Mariah Carey. Je viens de te voir au Hollywood Bowl, c’était la totale », a témoigné Miley Cyrus, qui a aussi embrassé Mariah sur les deux joues, smack, smack. Un moment d’admiration sincère, qui témoigne du respect senti d’une popstar envers une icône du même domaine.

Taylor Swift aurait dû s’inspirer de sa camarade Cyrus avant d’arracher son prestigieux trophée des mains de notre fragile Céline et de causer un incident diplomatique plus grave que le naufrage du Titanic.

Ce moment de télé, relayé tard dimanche soir, a été gênant pour Taylor Swift, qui a eu l’air ingrate, égoïste et déconnectée devant toute l’industrie musicale réunie à l’aréna Crypto.com de Los Angeles.

Gagnante de l’album de l’année (Midnights) pour la quatrième fois, un record historique qui l’a propulsée devant Stevie Wonder, Paul Simon et Frank Sinatra, Taylor Swift tirait la confuse Lana Del Rey par la manche et se jetait dans les bras de ses collaborateurs, éparpillés aux quatre coins de la scène.

Puis, la plus grande fan des Chiefs de Kansas City a foncé vers Céline qui tenait sagement le Grammy Graal, et elle a agrippé la quincaillerie dorée sans regarder la diva de Charlemagne ni même lui décocher un sourire ou lui adresser un petit mot. Rien du tout, Blank Space.

Est-ce un incident aussi dramatique que le vidéoclip foudroyant d’It’s All Coming Back to Me Now ? Vraiment pas. Et est-ce que nous suranalysons cette scène qui a duré quelques secondes ? Probablement.

PHOTO CHRIS PIZZELLO, ASSOCIATED PRESS

Céline Dion a causé la surprise en présentant l’ultime prix de la soirée des Grammy dimanche.

Moi-même un Swiftie convaincu, je trouve que cette indifférence, sûrement causée par l’énervement, a été décevante de la part de la plus grande vedette de la pop actuellement.

Taylor Swift, que j’adore, avait devant elle une chanteuse dont la santé ne lui permet plus d’exercer son métier et qui assistait, pour la première fois en plus de deux ans, à un évènement médiatique important, devant des millions de téléspectateurs. Une marque de reconnaissance relevait de la politesse élémentaire.

D’autant plus que dans son discours, Taylor Swift a encensé Lana Del Rey, « une légende qui a ouvert la voie à tant d’artistes féminines », alors qu’une pionnière pas mal plus pesante se tenait à quelques mètres d’elle, complètement ignorée. Quelque chose sonnait faux, et ce n’était pas (insérez ici le nom d’un concurrent de La voix).

C’était incongru, car ce 66e gala des Grammy se déroulait depuis trois heures sous le signe du « Girl Power », alors que des monuments du showbiz comme Tracy Chapman, Joni Mitchell et Annie Lennox côtoyaient leurs jeunes consœurs Dua Lipa, SZA, Billie Eilish, Miley Cyrus ou Olivia Rodrigo et que toutes les statuettes avaient été récoltées par des femmes.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE X DE VARIETY

Céline Dion et Taylor Swift après la remise de prix

Après la soirée, Céline, 55 ans, et Taylor, 34 ans, ont posé pour les photographes en s’enlaçant et en souriant, question d’éteindre le feu qui embrasait les réseaux sociaux.

La machine de marketing de Taylor Swift, parfaitement huilée et ultraefficace, a récupéré la maladresse, qui a éclipsé la chose la plus importante de la soirée : Céline Dion se porte mieux.

Vêtue d’un long manteau ocre et d’une robe en mousseline rose pâle du couturier Valentino, Céline a été ovationnée par tout le gratin musical américain pendant qu’elle s’avançait vers la pastille circulaire avec son fils aîné René-Charles Angélil, 23 ans, élégant et discret. À la vue de la mégastar québécoise, même Taylor Swift a bondi de sa chaise et a entonné, de façon brouillonne, les paroles de The Power of Love.

Parenthèse, ici : les caméras ne lâchent pas Taylor Swift d’une semelle (rouge de Louboutin). Chacun de ses gestes passe sous un microscope géant et imaginez la pression qu’elle subit au quotidien, c’est vertigineux. Il y a de quoi oublier de faire la génuflexion devant la souveraine des chansons d’amour.

Pour revenir à Céline Dion, qui paraissait en forme dans les circonstances, elle n’a aucunement parlé de sa maladie neurologique (le syndrome de la personne raide) ni donné de détails sur son état de santé. C’est encore le brouillard pour ses admirateurs, qui ne l’ont pas vue en spectacle depuis le printemps 2020.

Garde-t-elle ces infos pour son documentaire I Am : Céline Dion, qui sortira sur Amazon Prime Video en 2024, à une date qui n’a pas été précisée ? Sûrement.

En attendant le bulletin médical complet, on se réjouit que Céline ait renoué avec le styliste Law Roach, qui a élevé son look au niveau haute couture, entre 2016 et 2019.

Taylor Swift a peut-être popularisé les lèvres rouges, un truc classique que son ex-copain Harry aimait. Reste que la couronne du style repose toujours sur la tête de Céline encore un soir, encore une heure, encore une larme de bonheur (et oui, on t’aime quand même, Taylor).