Tel un monceau de poudre blanche à travers un billet de 20 $ roulé bien serré, j’ai été complètement aspiré par la minisérie Griselda de Netflix, qui détaille l’ascension (le high !) et la dégringolade (le dégel !) de la marraine Griselda Blanco, la reine de la cocaïne dans le Miami de la fin des années 1970 et du début des années 1980.

Émission addictive qui provoque une dépendance instantanée, c’est impossible de se sevrer de Griselda, dont la vie réelle, mais romancée, débarque en six épisodes d’une heure bien compacts et non coupés. Oui, c’est la fin des jeux de mots de drogué. Snif, snif. De tristesse ou de coke ? Ça restera dans le sachet, entre nous.

Sous une épaisse couche de prothèses faciales, qui paraissent parfois très mal à la lumière du jour, Sofia Vergara (Gloria dans Modern Family) incarne cette baronne de la dope charmante, rusée et têtue, la première femme à se tirer une chaise – et une ligne, bien sûr – à la table des narcotrafiquants moustachus de la Floride.

Honnêtement, on enfile les épisodes de Griselda et on s’emballe : non mais, non mais, c’est quasiment une fable féministe que l’existence mouvementée de cette Colombienne, qui a souffert, puis triomphé du machisme imbibé dans le monde des affaires interlope.

Très rapidement, on constate que Griselda Blanco, dès qu’elle goûte au pouvoir (amer) procuré par la précieuse poudre, se salit les mains de sang encore plus qu’un homme. Bref, le buzz d’autonomisation au féminin tombe assez vite, gracias.

Cette série, fabriquée par la même équipe que Narcos, démarre à Medellín, en Colombie, où Griselda Blanco, une ex-prostituée dans la fin de la trentaine, exploite un réseau d’importation et de distribution de cocaïne avec son deuxième mari. Pour une raison que je ne divulgâcherai pas, Griselda abat son époux et prend la poudre (LOL) d’escampette vers Miami, où une vieille amie l’accueillera avec ses trois fils, nés d’une union précédente.

Méprisée et humiliée dans son ancienne vie en Colombie, Griselda voit en Miami la chance inespérée de bâtir son empire. Et ça tombe bien, car elle a fourré une brique d’un kilo de cocaïne dans la valise de son enfant, qui n’a pas été détectée par les douaniers américains. Mais à qui écouler cette marchandise d’une pureté inégalée ?

C’est là que le plaisir commence avec Griselda, qui ressemble à un croisement frénétique entre Boogie Nights et Goodfellas. Les épisodes se parfument à la telenovela, mais demeurent amusants et rythmés. Ça fume des clopes à la chaîne, ça tire du revolver dans des restos cubains, ça danse sur des rythmes latins et ça se défonce comme des rockstars qui portent des chemises échancrées en matière synthétique. Le tout, dans un décor orange brûlé et brun foncé.

La conquête du cartel de Griselda ne s’effectue pas sans enjamber de gros obstacles et plusieurs cadavres. Griselda se plante. Des rivaux la roulent dans la farine. Mais elle s’essuie les narines et repart en guerre.

Ce qui distingue Griselda des autres trafiquants ? Son audace, son sens du marketing et son ingéniosité.

Pour démarrer son « entreprise », elle paie d’abord des billets d’avion à ses anciennes copines du bordel de Medellín pour qu’elles cachent de la coke dans leurs soutiens-gorges et qu’elles fassent traverser la drogue, ni vues ni connues, à Miami.

Flairant les liasses de billets, Griselda s’attaque à un marché encore vierge en Floride : celui des Blancs. La « madrina » – la marraine – déploie une armée de belles filles dans tous les « country clubs » et les écoles de tennis, qui y distribuent gratuitement des échantillons de cocaïne.

Exactement comme dans un Costco, où l’on vous fait déguster des petits fours en espérant que vous achetiez la boîte au complet.

Le personnage de Griselda Blanco est fascinant. La veuve noire se montre à la fois vulnérable et intraitable, aimante et sans pitié, ratoureuse et naïve.

Griselda a un personnage miroir dans la police de Miami, soit l’agente June Hawkins (Juliana Aidén Martinez), elle aussi une femme hispanique que ses camarades masculins regardent de haut. Personne ne prend June au sérieux quand elle les alerte à propos d’une criminelle qui gravirait les échelons du marché noir de la cocaïne blanche.

Pablo Escobar a déjà dit que l’homme qui l’a le plus terrifié était une femme nommée Griselda. Ça vous donne une idée de la dangerosité de la dame.

Pause de La guerre des fans

Il n’y aura pas de deuxième saison de La guerre des fans l’automne prochain à l’antenne de Noovo. Le jeu-questionnaire musical, version moderne de La fureur, a été débranché temporairement. Raison officielle ? Ce n’est pas clair.

Noovo affirme que le plateau de culture pop de Phil Roy prend une pause et qu’il n’est pas exclu qu’il revienne, un jour, sur les ondes de Noovo.

La première saison, relayée l’automne dernier, a été vue par 429 000 personnes, ce qui inclut les enregistrements.

Est-ce que Chaque seconde compte de Julie Snyder pourrait apparaître à longueur d’année avec la libération de cette case horaire en septembre ? Pour l’instant, Chaque seconde compte reste à l’hiver, dit Noovo.

Divulgâcheur : c’est Kim Lizotte qui a remporté, très facilement, le trophée de la meilleure joueuse de La guerre des fans, un concept québécois fort divertissant.