Jean Airoldi a sorti ses griffes d’or, de même que 25 jetons, et il a servi toute une leçon de style à ses camarades de Big Brother Célébrités, qui ont planté un paquet d’aiguilles dans sa pelote à épingles sans toutefois obtenir sa peau.

Honnêtement, gros respect au couturier et agent immobilier, un des rares de la téléréalité de Noovo à ne pas se cacher derrière les autres concurrents en attendant que la tempête passe. Doyen de la maison, Jean Airoldi, intègre et franc, joue à visière levée, une stratégie frontale qui causera sa perte à moyen terme, bien sûr, mais qui traduit exactement les frustrations des centaines de milliers de téléspectateurs branchés sur Noovo cinq soirs par semaine.

Il y a des limites à se faire remplir de « boulechite ». Plus capable d’entendre des joueurs médiocres radoter que « ce n’est pas personnel, c’est pour ma game » ou encore « je ne veux pas aller contre le pouls de la maison ».

Merci à Jean Airoldi, qui portait un chandail frappé de l’expression « ma gang de menteurs », pour cette honnêteté brutale et sans filtre. Il a été l’étoile de cette dernière semaine aussi rebondissante que le damné ballon rouge des punitions.

Quand l’olympien Charles Hamelin l’a installé deux fois sur le bloc d’élimination, Jean Airoldi l’a traité « d’ostie de traître ». Avec raison.

Quand le comédien et scénariste Daniel Savoie a refusé d’utiliser son véto pour le protéger de l’éviction, Jean Airoldi l’a – littéralement – envoyé chier. Avec un sourire narquois. Il y avait quelque chose de profondément satisfaisant à voir enfin un participant retirer son masque de la retenue et ne plus parler la langue de bois.

Jean Airoldi a été blessé par les manigances de ses collègues ? Il l’a bien verbalisé. Et sa colère, il l’a montrée. À notre plus grand bonheur, seigneur.

Oui, c’est hyper risqué, limite suicidaire, de dire les choses crûment à Big Brother Célébrités. Mais comme Jean Airoldi n’avait plus rien à perdre, tout le monde réclamait sa tête sur un pieu, il a employé la tactique de la terre brûlée en dégoupillant plusieurs grenades.

Faut dire que l’acharnement contre Jean Airoldi était difficile à comprendre. Même son alliée des Zoolander, l’humoriste Erika Suarez, a activement milité pour destituer le designer quinquagénaire. Huit personnes contre une, ça ne paraît jamais bien.

Étrangement, personne dans l’alliance majoritaire des Dames de cœur n’a reproché à Erika d’avoir enfoncé le bouton doré, encaissé cinq jetons et déclenché une « twist » aussi rare qu’une poudre matifiante dans la trousse de maquillage de Gabrielle Marion : celle du retour en arrière d’une semaine. On efface et on recommence. Comme au jour de la marmotte.

Cet intense épisode, relayé dimanche soir et gonflé à 90 minutes, s’est regardé comme le meilleur suspense de la télé québécoise.

La production a donc reculé la cassette de sept jours, renfloué les coffres à jetons et repris l’action après le congédiement de l’animateur et ancien champion d’arts martiaux mixtes Pat Côté. L’animatrice Marie-Mai, sur son X plus que jamais, a même renfilé sa robe blanche de dimanche dernier, de marque Mônot. Puis, les neuf derniers colocataires ont refait les challenges du patron et du véto, avec peu de changements notables.

Jean Airoldi et Erika Suarez ont atterri sur le bloc, Jean a de nouveau été zigouillé, et le bateau de Big Brother naviguait dans la bonne direction (quelle expression boiteuse).

Jusqu’à ce que, surprise, le couturier revienne sur la passerelle pour un dernier salut. Avec les jetons qui lui ont été remboursés, Jean Airoldi a acheté le précieux collier de la rédemption, qui lui a permis de reprendre son lit à une place dans la chambre verte, après avoir facilement remporté l’épreuve des cartes à jouer. Insérez ici un « flashback » de la cabine transparente de Quel âge me donnez-vous ? à Canal Vie.

Quel retournement réjouissant, vraiment. En début de saison, qui aurait pu prédire que Jean Airoldi brasserait autant la cage ? Le sympathique couturier a gagné plusieurs nouveaux fans, dont moi. Go, Johnny, go !

Après l’émission de dimanche, j’ai même songé à déchirer ma carte de membre du groupe des admirateurs de la comédienne Joëlle Paré-Beaulieu, décevante dans les derniers jours, je trouve.

Heureusement, Jean Airoldi profite de l’immunité cette semaine, car il aurait encore été la cible des attaques. Il a couru après, direz-vous, en qualifiant tous ses adversaires de « visages à deux faces ». Vrai. Et pour citer son coloc Daniel Savoie, c’est ce qu’on appelle « commettre une gourde ».

La nouvelle patronne, l’athlète paralympique Frédérique Turgeon, a quasiment juré qu’elle revirerait la maison de bord, ce qui ressemble à de fausses promesses qu’elle ne tiendra pas, hélas.

Frédérique veut zigouiller Erika Suarez, et c’est parfait pour la survie de notre héros du jour, Jean Airoldi. Oui, il nous énerve un peu avec ses robes confectionnées avec du papier de toilette. Mais il se bat comme un chat de ruelle et ébranle l’ordre établi.

Voilà pourquoi ce n’est pas le temps de le retourner chez Aubainerie ou de rejouer dans Airoldi pour une sortie.