Jusqu’à la dernière seconde de la finale de L’empereur, le publicitaire visqueux Christian Savard (Jean-Philippe Perras) a failli échapper à son procès en fuyant au Panamá, avec la complicité d’un médecin local aussi corruptible qu’irresponsable.

Honnêtement, si le plan d’évasion de Christian le serpent avait fonctionné, j’aurais sacré comme Martin Matte quand il pose un cadre dans Les beaux malaises. Saint bip de tabar-bip de maudit bip du cali-bip !

On va lui donner ça, à Christian : il rebondit tout le temps. Il charme sans arrêt, tire une ultime ficelle ou menace une connaissance pour s’extirper du pétrin. C’est un pervers narcissique habile et tordu, jamais à bout de ressources.

Sauf que là, c’est fi-ni-to pour ce playboy à l’ego démesuré. Six ans d’incarcération pour agression sexuelle, séquestration et administration d’une substance nuisible. Au fond de sa cellule, notre homme serpent aura amplement le temps de lire et relire L’art de la guerre, de Sun Tzu. Car survivre en prison, quand on traîne des étiquettes de pédophile et de prédateur, nécessite des stratégies militaires diablement efficaces.

Pendant tout l’hiver, nous avons été des centaines de milliers à fulminer et à espérer le pire pour Christian Savard, un des personnages les plus haïssables du petit écran québécois. On adorait voir l’étau se resserrer autour de cet agresseur téflon, qui résistait à toutes les plaintes et à tous les témoignages de ses victimes.

On se réjouissait quand l’armure du suave Christian se fissurait. On bouillait quand il se reconstruisait pour la 27fois, avec son sourire fendant et sa confiance de vendeur de bitcoins.

La scénariste Michelle Allen a créé pour Noovo un personnage parfait pour servir de défouloir collectif. Un vrai vilain avec juste assez de nuances pour qu’il nous joue dans la tête.

Oui, Christian a été un maniaque sexuel, aucun débat là-dessus. Mais il était aussi un bon père de famille, qui adorait ses deux enfants, un publicitaire talentueux et un homme charismatique. C’est cette duplicité, digne du plus grand psychopathe, qui lui a permis de sévir très, très longtemps sans que personne l’attrape.

L’ancienne patronne de l’agence Primal.e, Allison (Shoshana Wilder), a incarné une version moins agressive de Christian Savard, mais aussi déplacée. Au départ, on pensait qu’Allison vivait sous l’emprise du magnétique Christian, qui l’avait ensorcelée. On a rapidement vu avec le réalisateur Laurier (Gabriel Lemire) qu'Allison dérape quand elle goûte au pouvoir.

Cette finale de L’empereur, relayée mercredi soir, a été fort satisfaisante et je ne pense pas que de montrer le deuxième procès de Christian Savard aurait été pertinent. Ç’aurait été une répétition de l’intrigue tricotée autour de Manuela Suarez (Noé Lira), la première à déposer une plainte à la police contre l’expert du mensonge crédible.

En revanche, pourquoi ne pas avoir ouvert la porte à un rapprochement entre Manuela et Laurier ? En deux saisons chargées, L’empereur a démontré que plusieurs relations amoureuses ou sexuelles au bureau virent en cauchemar. Reste que ça demeure possible d’établir des liens sains entre adultes consentants en milieu de travail.

Ce qui ressort le plus du deuxième et dernier chapitre de L’empereur, c’est à quel point les gestes d’un criminel comme Christian Savard provoquent une puissante onde de choc dans l’entourage – et plus loin encore.

La pauvre Audrey (Madeleine Péloquin) a naïvement bu les paroles de son frère manipulateur et sa propre fille Rosie (Léa Roy) est tombée entre les griffes de Christian. Le couple d’Audrey a explosé.

Puis, le grand-père de Rosie, Lionel (Jean L’Italien), s’est vraisemblablement suicidé au volant de son auto. À propos de Lionel, la révélation de sa pédophilie n’a aucunement excusé les comportements de son fils Christian, agressé par son propre père à l’âge de 10 ans. Cette information, je pense, n’a pas été dévoilée pour justifier les actes de Christian, mais pour établir le contexte familial tordu qui a aussi affecté Audrey, sa fille Rosie et les enfants de Christian, dont la plus vieille a été prise en photo par Lionel sans son haut de maillot.

J’ai bien aimé, également, que la dernière claque au visage de Christian lui ait été donnée (de façon métaphorique) par Antoine (David Boutin), qui a ainsi achevé sa rédemption.

Il est beaucoup question de gaslighting et de grooming quand les médias parlent des dénonciations et du mouvement #moiaussi. L’empereur expose concrètement la complexité et l’impact de ces termes. Détournement cognitif et manipulation de mineurs, il faut savoir en reconnaître les signes.

Je lévite

Avec Paul dans STAT

On veut plus d’animaux dans nos séries, s’il vous plaît, tant que personne ne les martyrise comme dans À cœur battant. Le chien d’assistance du patient Didier Péloquin (Greg Beaudin), celui qui s’injecte de l’Ozempic à l’arsenic, vole la vedette depuis plusieurs épisodes de STAT. Même la plus réfractaire aux animaux, la chirurgienne Isabelle Granger (Geneviève Schmidt), a succombé au charme canin du beau Paul, la bête la plus adorable et attachante du petit écran. Vive la zoothérapie.

Je l’évite

Le côté « rebelle » de Cora

Pour ses clients aux yeux pochés (LOL !), Cora représente la grand-maman gâteau enveloppante qui nous tend un menu ensoleillé, et dessiné par un enfant de 7 ans, rempli de fruits colorés et de montagnes de crêpes sucrées. Dans ses nouvelles pubs, la chaîne de restaurants à déjeuner affiche son côté rebelle avec ses plats de « grilled cheese pizza », de « poutine général tao » de « gyros au poulet ». Ce virage de type « La belle et la bœuf » ne fonctionne pas. Et un tiktokeur blasé dirait assurément que c’est jail.