Bitchs. Impudiques. Niaiseuses. Folles. Les quatre filles du Girly Show ne reculent devant rien pour prouver qu'elles sont imparfaites en délaissant, le temps d'un spectacle, l'idée de la Superwoman. À notre grand soulagement.

Il y avait un tout petit peu plus de filles que de gars dans le Studio Juste pour rire, mardi. Mais ça riait en choeur. Difficile de résister à ces quatre humoristes qui se démènent sur scène, sans aucune peur du ridicule.

Parce que ridicules, elles le sont. Surtout qu¹elles se présentent comme de très piteux modèles de catwalk, en plus de mal danser et de citer Linda Lemay quand elle veulent paraître «profondes».

Dans leurs numéros collectifs, elles tentent de se dire leurs quatre vérités sans réveiller cette rancune typiquement féminine qui surpasse en longévité la mémoire de l¹éléphant. «T'as l'air d'une pute avec tes nouvelles bottes... Mais sont beeeelles! ». Elles n¹arrivent qu'à s'insulter en termes d¹esthéticienne. Pour ne pas dire esthétichienne... Sinon, elles jouent à « Je n'ai jamais », qui consiste à avouer une chose qu'on n'a jamais faite, ce à quoi les autres répondent en buvant une gorgée de vin si elles, elles l¹ont faite. De savoureuses lignes sur le fait de coucher avec des humoristes. « Est-ce qu'il t'a forcée à regarder les vidéos de ses show? » «Il appelait sa blonde au téléphone pendant que je lui faisais une pipe... ». Évidemment, ça finit en beuverie pas très digne, comme tous les soupers de filles.

Chacune présente aussi un solo. Mélanie Dubreuil, sur la peur de la matantisation qui nous frappe dans la trentaine, aussi impitoyable que le loyer chaque mois. «Je gère mon argent comme les gars. À chaque fin de mois, je n'en ai plus... » Korine Côté, elle, raconte ses problèmes d'épilepsie avec force détails.

Comme la fois où, pendant une crise, son chum pensait qu'il se surpassait en prouesses sexuelles... Pour sa part, Isabelle Ménard explique pourquoi les filles à grosse poitrine (comme elle) sont en fait les femelles alpha du règne animal, même si c'est « lourd sur les épaules. » Face aux filles à petite poitrine, elle se sent comme une lionne devant un troupeau d'antilopes. «Vous êtes cutes, vous voulez vivre, mais les gars ont juste envie de vous frotter la tête et de vous faire des bisous sur la bedaine. » Enfin, Nadine Massie dresse la liste des baises à éviter. Notamment celle qui s'apparente à la pointe de pizza à trois heures du matin, ben soûle.

«Pourvu que ça remplisse! ». Il  y a aussi la baise-questionnaire, la baise avec le meilleur ami, la baise « all-bran »... Un numéro qui touche des cordes sensibles puisque quelques spectatrices ont pratiquement atteint le niveau hystérique du rire. Cela sans oublier le volet hautement éducatif pour les gars...

Bref, il y a là beaucoup de talent, sur lequel ces filles ne devraient surtout pas s'asseoir. Si leur spectacle est par endroit imparfait, comme elles - quelques gags mériteraient d'être juste un peu plus épicés - il était admirablement bien structuré et complet pour une première. Deux soirs seulement au Studio? Ce n'est vraiment pas assez, car on devine quel succès ça pourrait devenir après un an d'ajustements et de tournée... Des humoristes à surveiller, et qu¹on veut revoir!

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Le Girly Show, jeudi soir, 21h, au Studio Juste pour rire.