Après la Russe Anastasya Terenkova la semaine dernière, la Maison Trestler présentait cette semaine un autre pianiste inconnu dans ses débuts au Canada, l'Allemand Frank Wasser.

La jeune Terenkova a laissé un bon souvenir et reviendra sûrement, alors que M. Wasser, qui doit être dans la quarantaine, sera déjà oublié lorsque ces lignes paraîtront.

 

L'homme ne manque pas de moyens pianistiques et il n'est pas mauvais musicien. De là à dire qu'il a offert un grand récital, il y a une marge. Fort curieusement, ce qu'il y avait là de plus intéressant, c'était le Debussy: premier Livre des Préludes. Les Allemands ont une façon bien à eux de jouer Debussy et M. Wasser suit cette conception. Il ne s'embarrasse pas de raffinements sonores (d'ailleurs, l'état actuel du Fazioli de Trestler ne s'y prêterait pas) et s'applique plutôt à faire sonner cette musique à fond, quitte à mettre deux «f» où Debussy n'en a mis qu'un. En même temps, il fait ressortir toutes les lignes mélodiques et tout ce qu'il y a là de romantique. Bien sûr, quelques fausses notes au passage dérangent l'audition, mais l'ensemble se défend.

Le reste fut quelconque. M. Wasser possède une technique du tonnerre, mais il ne crée aucune atmosphère dans Rachmaninov et se contente de faire beaucoup de bruit dans Stravinsky. Une pièce tendre et intime comme rappel eût laissé une meilleure impression. M. Wasser n'a rien joué de plus.

FRANK WASSER, pianiste. Mercredi soir, Maison Trestler, de Vaudreuil-Dorion. Présentation parlée: Dominique Morel. Programme: Premier Livre des Préludes (1909-10) - Debussy Études-Tableaux op. 39 nos 1 à 5 (1916-17) - Rachmaninov Trois Mouvements de Pétrouchka (1921) - Stravinsky