Gage, Barnev Valsaint (qui a été choriste pour Céline Dion), Dupuis, Antoine Gratton, Luck Mervil, le rappeur Imposs, les Respectables et près d'un millier de fans de l'oeuvre du regretté Roi de la pop se sont retrouvés au Club Soda hier soir pour célébrer ses meilleures chansons, tout ça pour une bonne cause, par surcroît. Joli party, pas triste pour un sou.

Le prétexte: si quelques hommages sporadiques ont fait parler d'eux ces dernières semaines, aucun hommage officiel n'avait encore été présenté par des artistes d'ici pour les fans d'ici de Michael Jackson. Loin de Los Angeles, la soirée dédiée à Jackson était hautement festive, une invitation à la danse jusque sur la scène, qui a aussi vu défiler les membres de la troupe Artmistice. Le cercueil de la star n'est toujours pas sous terre, mais ses chansons, elles, transportent encore les amateurs de pop.

L'excuse, maintenant: tous les profits engendrés par cette soirée au Club Soda, organisée par les productions Angel Dust, seront remis à l'organisme Culture X, agence communautaire de Montréal-Nord qui offre gratuitement des cours de musique aux jeunes du quartier. L'argent servira à acheter de nouveaux instruments: «On espère surtout pouvoir acheter un piano», a confié Martine St-Victor, en charge des relations publiques de l'événement.

Mais au fond, tout ça n'était qu'un beau (et louable) prétexte. Le vrai motif de ce spectacle, c'était Michael, c'était ses chansons et le plaisir de passer une soirée entre fans à les réentendre. Une grande fête de gang, qui en avait jusqu'à l'ambiance détendue et complice - quand les artistes n'étaient pas sur scène, ils se mêlaient à la foule, un verre à la main, se déhanchant avec le public.

C'est l'animatrice Isabelle Racicot qui a d'ailleurs donné le ton à la soirée. Les Respectables avaient d'abord ouvert les célébrations de percutante manière (avec Beat It) lorsqu'elle est montée sur scène, moins pour présenter Gage qui s'en venait chanter Off the Wall et The Way You Make Me Feel que pour partager avec nous ses souvenirs de Thriller, à 10 ans, et les affiches et coupures de magazines qu'elle collectionnait avec passion.

Comme elle, Gage était un fan. Ça paraissait dans sa dégaine, dans ce sourire qui ne ment pas lorsqu'il tendait le micro d'une main gantée au public pour qu'il chante avec lui le refrain: «... you really turn me on... you knock me off of my feet... my lonely days are gone...»

Le spectacle était autant sur scène que dans la salle, à voir tous ses gens s'offrir un dimanche soir de fête à réécouter les classiques. Là-haut, les musiciens accompagnateurs abattaient du sacré bon boulot: il s'agissait moins de réinterpréter les chansons de Jackson que de les rendre le plus fidèlement possible, avec les moyens du bord. Ça voulait dire sans cuivres, seulement deux claviéristes, qui s'acquittaient merveilleusement du boulot.

La section rythmique - basse, batterie, percussions - assurait au possible. Après Gage, les diplômées de la Star Académie (présentées par Herbie Moreau) Jennifer Silencieux et Joanie Goyette ont offert P.Y.T., puis Barnev Valsaint a réclamé la scène. Réclamé, commandé et habité: la voix sans reproche, le bagout, l'énergie contagieuse, et les chansons qui lui avaient été assignées, des bombes. Rock With You, puis Don't Stop 'Till you Get Enough - on a vu que l'orchestre avait hâte de nous la faire, celle-là. Même qu'il en a augmenté le tempo, ça se bousculait un peu pendant le bridge, mais la foule, trop occupée à danser, n'y a vu que du feu. Valsaint a ensuite détendu le public avec Baby be Mine avant d'inviter sur scène «la plus grande fan de Michael Jackson» - elle avait un tatouage sur la hanche! - à monter sur scène se faire chanter la pomme sur The Girl is Mine. Des coulisses, le chanteur Dupuis est venu tenter sa chance auprès de la demoiselle...

Il y a eu un court entracte, puis Dupuis à nouveau (Black or White, Wanna Be Starting Something), puis nous avons dû quitter le Soda, heure de tombée oblige. Selon les plans, Mélanie Renaud s'en venait faire I'll be There, Gratton aurait mis le feu aux poudres avec Billie Jean avant que Gage ne le retrouve pour Say Say Say. Restait aussi Thriller (avec la chorégraphie), et Luck Mervil pour Man in the Mirror, puis tout ce beau monde pour We Are the World.

Un hommage à la bonne franquette, mais un hommage des plus sympathiques et chaleureux, doublé d'une très bonne performance musicale.