Bernard Pivot a toujours joué la carte de l'humilité, même si, plus de 30 ans plus tard, tous les littéraires s'ennuient encore de l'émission Apostrophe. Pivot ne s'est jamais pris pour un écrivain, mais avant tout pour un journaliste et un lecteur avide. Il a peu publié, et quand il le fait, c'est chaque fois sur un ton ludique.

La formule du dictionnaire ou des listes semble lui plaire, après ses 100 mots ou expressions à sauver, et son Dictionnaire amoureux du vin.

Cette fois, il se raconte dans «les mots de sa vie», qui sont autant de prétextes à partager ses souvenirs, confier ses lubies et ses affections, ou alors son petit penchant jamais vulgaire pour la grivoiserie. Ainsi, à «Coït», il écrit: «Ne sont-ils pas gracieux et ne nous donnent-ils pas envie de les imiter, ces deux petits points qui s'envoient en l'air?» À «Écrivains» et «Lecture», on découvre qu'il a fui la compagnie de ceux qu'il admire pour garder sa réserve journalistique, et que la lecture pour lui se pratique avant tout assis, surtout pas dans un lit, et idéalement en compagnie d'un chat.

Bref, c'est tout plein de trouvailles («Carabistouille», vous connaissez?) et de confidences, mais peu de surprises, rendues avec beaucoup d'esprit, loin de la pédanterie - c'était sa marque après tout -, et ça se termine sur «Zut! Le livre est fini»...

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Les mots de ma vie

Bernard Pivot

Albin Michel, 355 pages

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