Plan éloigné. Un homme, un cerf-volant, une fillette. Ils jouent ensemble sur une plage de Normandie. Coupe franche, gros plan. Une lettre de sa femme lui annonce qu'elle le quitte pour un autre homme. Contrechamp. Le désarroi de l'homme qui est, par ailleurs, magicien de son métier. Il vient de perdre sa douce moitié qu'il ne pourra plus couper en deux devant le public ravi des stations balnéaires françaises.

Le cinéaste Patrice Leconte découpe son deuxième roman, Riva Bella, comme on monte un film. Avec intelligence et humour. Le magicien sombre dans la vodka, accepte que ses beaux-parents prennent sa fille pour le reste de l'été. Sa maîtrise de l'hypnose, toutefois, lui permettra de sauver son spectacle et, probablement, sa vie.

Le romancier, de son côté, démontre son habileté en agrémentant son récit, entre autres, du regard d'un narrateur omniscient. Cet « effet spécial «, qu'il ne se permet pas vraiment au cinéma, lui permet de commenter les faits et gestes des personnages, toujours au bon moment.

Le point de vue est parfois cinglant, voire machiste, mais cela donne, au final, un joli roman d'été, qui frôle le drame, mais privilégie surtout l'ironie et la légèreté. Ce n'est pas le réalisateur des Bronzés qu'on a sous les yeux, mais bien celui de Ridicule et du Mari de la coiffeuse.

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Riva Bella

Patrice Leconte

Albin Michel, 203 pages

*** 1/2