Une artiste vêtue de blanc s'adonne à la peinture sur sable, dont les effets chinois sont reproduits sur un écran géant. Garou, arborant haut-de-forme et redingote rouge vif, s'avance sur scène et fait résonner sa voix chaude. Le rideau s'ouvre sur un vieux théâtre abandonné. Une vingtaine de trapézistes y virevoltent de haut en bas, de tous bords tous côtés.

Avec Zarkana, présenté au légendaire Radio City Music Hall à compter du 9 juin, le Cirque du Soleil est décidé à faire oublier son malheureux Banana Shpeel, vaudeville réinventé, retiré de l'affiche sur Broadway l'an dernier après seulement trois semaines de représentations en salle. Dans l'échec le plus frustrant de son histoire, le Cirque a perdu 20 millions à New York... et un peu de son lustre.

Toute une délégation du Cirque, dont son président Daniel Lamarre et le metteur en scène François Girard, était donc de passage dans la Grosse Pomme hier pour présenter Zarkana, en présence de quelque 200 journalistes américains et québécois.

«On aborde ce spectacle avec beaucoup de modestie», a dit d'entrée de jeu Daniel Lamarre, reconnaissant que la barre était doublement élevée devant le public d'experts new-yorkais et, de surcroît, au Radio City Music Hall.

«Ce théâtre est un des plus mythiques des États-Unis, a-t-il dit. Il faut présenter un spectacle à sa hauteur.»

Mégaproduction de 57 millions, Zarkana rassemble sur scène 75 artistes des quatre coins du monde. De retour aux valeurs créatives qui ont fait son succès, le Cirque promet avec son dernier-né un spectacle encore plus délirant. «C'est le Cirque du Soleil sur les stéréoides!», a ironisé Daniel Lamarre.

Opéra rock extravagant et déjanté

«Zarkana est un opéra rock extravagant et déjanté», a ajouté François Girard à qui l'on doit entre autres la mise en scène de ZED, spectacle permanent du Cirque du Soleil à Tokyo. «Ce n'est pas quelques chutes dans un filet qui vont nous arrêter», a-t-il renchéri, faisant référence aux quelques acrobates qui ont raté leurs performances avant la conférence de presse et abouti dans le filet de sécurité installé sur la scène.

François Girard nous fait suivre les aventures de Zark, magicien ayant perdu sa bien-aimée et, avec elle, tous ses pouvoirs magiques. L'atmosphère un brin tordue du spectacle en fait une sorte de freak show, dit-il.

Zarkana présente aussi des numéros de banquine, des performances ultrasophistiquées dans lesquelles une dizaine d'artistes exécutent des pyramides humaines époustouflantes. La vidéo et les éclairages sont aussi mis à contribution pour combler l'immense scène. Pour ses répétitions, le Cirque a d'ailleurs dû louer un aréna en Floride, faute de trouver une espace assez grand à Montréal.

«Ce fut en effet très complexe de transporter le spectacle à New York», affirme Garou, visiblement heureux de cette première collaboration avec le Cirque du Soleil. La photo géante du chanteur québécois figure d'ailleurs sur les autobus et les taxis new-yorkais depuis un bon moment.

«On a beau déployer tous les moyens pour en faire la publicité, si en fin de compte le spectacle ne séduit pas le public, il n'y a rien à faire», conclut humblement Daniel Lamarre, qui espère tout de même vendre 500 000 billets au cours des trois prochains mois.

Zarkana débute en avant-première au Radio City Music Hall le 9 juin. La première mondiale est prévue pour le 29 juin. Le spectacle sera présenté pendant la saison estivale à New York pour une durée de cinq ans.