Le «troisième homme» de la garde rapprochée de Michael Jackson a affirmé jeudi, au troisième jour du procès du docteur Murray, qu'il avait dû aider le médecin à dissimuler, avant l'arrivée des secours, les sédatifs administrés au «roi de la pop» le matin de sa mort.

L'agent de sécurité du chanteur, Alberto Alvarez, a raconté devant la Cour supérieure de Los Angeles que le praticien lui avait demandé de mettre dans des sacs des flacons de médicaments, ainsi qu'une poche pour perfusion, alors que la star semblait déjà morte.

M. Alvarez avait été appelé par l'assistant personnel du chanteur, Michael Amir Williams, qui lui avait demandé de se rendre au plus vite au premier étage du domicile de la star, où l'attendait le docteur Conrad Murray.

En entrant dans la chambre, M. Alvarez a découvert Michael Jackson allongé sur le lit, «les bras écartés, les paumes vers le ciel, les yeux et la bouche ouverts». Conrad Murray exerçait des pressions sur son torse, d'une main.

Selon lui, le praticien s'est par la suite emparé de flacons posés sur la table de nuit. «Alors que j'étais au pied du lit, Conrad Murray a pris un lot de flacons et m'a dit: "Mettez ça dans un sac"», a-t-il déclaré.

«J'ai regardé sur ma droite, et il y avait un sac. Je l'ai pris, l'ai ouvert et Conrad Murray y a mis les flacons», a-t-il ajouté.

Juste après, le médecin a désigné une poche qui pendait à un support de perfusion en intraveineuse, situé près du lit. «Il m'a dit: "Mettez-le dans le sac bleu"», a précisé M. Alvarez, ajoutant que la poche contenait un petit flacon et «une substance blanche et laiteuse».

Le procureur David Walgren a identifié devant le tribunal ce flacon comme étant du propofol, le puissant anesthésiant que Michael Jackson utilisait comme somnifère et qui a provoqué sa mort, le 25 juin 2009.

Il a ensuite appelé les urgences, à la demande de Conrad Murray.

M. Alvarez, qui est apparu plusieurs fois très ému pendant son témoignage, a également confirmé que les enfants aînés de la star, Paris et Prince, avaient vu leur père pendant ces minutes critiques.

«Quand je suis entré dans la chambre, Conrad Murray m'a dit: "Il faut emmener (Michael Jackson) à l'hôpital, il faut une ambulance"», a-t-il dit.

«Après, j'ai cherché mon téléphone et j'ai vu que Prince et Paris étaient derrière moi. Paris a crié: "Papa!"».

«Pleurait-elle?», a demandé le procureur. «Oui», a répondu M. Alvarez.

«Le docteur Murray m'a dit: "Ne les laissez pas voir leur père comme ça!". Je les ai fait sortir et leur ai dit: "Les enfants, ne vous inquiétez pas, on va s'occuper de tout, ça va aller"», a-t-il déclaré.

C'est à son retour dans la chambre que le docteur Murray lui aurait demandé de mettre le propofol dans des sacs.

Dans son contre-interrogatoire, l'avocat de la défense, Ed Chernoff, a mis en doute le déroulé des événements rapportés par Alberto Alvarez. Selon lui, le temps était trop court entre le moment où le garde du corps est entré dans la chambre et celui où il a appelé les secours, pour réconforter et faire sortir les enfants, puis récupérer le propofol.

Le témoignage de M. Alvarez suscite également des interrogations sur les compétences du docteur Murray, un cardiologue qui semblait effectuer un massage cardiaque d'une main sur un lit, en dépit des règles de bases de la procédure -- à deux mains et sur une surface dure -- et qui effectuait devant M. Alvarez son premier bouche-à-bouche.

«Je me souviens qu'après quelques expirations, il s'est redressé et a dit: "C'est la première fois que je fais du bouche à bouche, mais je dois le faire, (Michael Jackson) est mon ami"», a affirmé M. Alvarez.

Le témoignage de M. Alvarez devait se poursuivre dans l'après-midi, avant l'appel à la barre de Kai Chase, la chef cuisinière personnelle du chanteur.

Le médecin, poursuivi pour homicide involontaire, risque jusqu'à quatre ans de prison en cas de condamnation.