Prise de conscience banale, mais somme toute frappante, pendant le spectacle de Jean Leloup, vendredi soir: la chanson 1990 date de plus de 20 ans...

Non, Jean Leloup n'a pas interprété 1990 dans la magnifique salle du Théâtre Rialto, mais le public a pu replonger avec bonheur dans les univers des Cookie, Laura, L'amour est sans pitié et La vie est laide avec une performance généreuse de deux heures.  

C'est fou de penser que Jean Leloup a 50 ans. Mais comme lui, son art n'a pas d'âge: Leloup multiplie les projets flyés qui l'allument plutôt que de surfer sur un succès déchu.

Son nouveau spectacle -dont la première avait lieu dans le cadre de Pop Montréal- réunit des chansons de son nouveau projet The Last Assassins (dont le disque est sorti il y a deux semaines) et certains de ses succès d'hier à aujourd'hui. Leloup est toujours accompagné de David Mobio aux claviers, Charlie Yapo à la basse et Alain Bergé à la batterie, ainsi que de ses deux «derniers assassins», Virginia Tangvald et Mathieu Leclerc.

Apparaissant sur scène sous un grand chapeau avec une cigarette au bec, Jean Leloup était en grande forme, mais plutôt discret et très concentré à la guitare. «Vous n'allez pas le croire, mais je n'ai pas de BAC en animation populaire», a-t-il lancé à la foule sur un ton théâtral.

Le début du spectacle était à l'image de l'album de The Last Assassins: un trip de riffs sales et enfumés qui donne envie de faire des abus. Puis Leloup a enchaîné avec Les Fourmis et Edgar.

La foule -très variée (le prix des billets était autour de 50$)- a bien accueilli les chansons de The Last Assassins, réagissant avec enthousiasme aux premiers accords de The Wheel. Alors que Mathieu Leclerc (qui a une gueule de Sean Penn et une voix grave envoûtante) n'était sur scène seulement quand c'était son tour, la charmante Virginia Tangvald avait une forte présence.

Ses harmonies vocales apportaient une belle touche à des «classiques» de Leloup, alors que sur des pièces comme Minerals et Ecstasy, sa voix était solide et similaire à s'y méprendre à celle de Courtney Love.  

Jean Leloup chantait et jouait souvent les yeux fermés, étant peu porté vers le public mais transporté par son instrument. Comme dirait une amie: « j'aime mieux qu'il soit dans sa bulle qu'il envoie chier le monde».

Avant le rappel, les lumières du Rialto se sont allumées par erreur en même temps que la musique d'ambiance. Il fallait voir les gens crier soudainement «Leloup, Leloup...»

Et Leloup de revenir pour une interprétation vibrante d'une version extrapolée de Recommencer. «Je n'irai pas à l'hôpital, il y a des maladies mentales (...) Je partirais tellement aujourd'hui, je partirais au milieu de la nuit.» Quel texte troublant, signé par un homme qui ne pourrait pas mieux incarner ce qu'est un artiste.

Leloup restera toujours...Leloup. Le seul et unique.

Soulignons que la tournée du spectacle, intitulé Electric Voodoo Night, se promène un peu partout au Québec en plus de repasser par le Métropolis le 12 novembre (billets en vente mardi).