Si certains ont évoqué le Québec sous un angle nationaliste dans leurs chansons, d'autres ont plutôt célébré la beauté de leur lieu d'origine. Ou, plus original encore, souligné à grands traits des caractéristiques très particulières associées à leur lieu de naissance.

C'est le cas par exemple de l'auteur-compositeur-interprète Jonathan Painchaud. Originaire des Îles-de-la-Madeleine, une région à laquelle il voue une affection éternelle, Painchaud reste saisi par l'isolement de son chez-soi.

«Nonobstant la beauté du paysage et les caractéristiques esthétiques des Îles, l'élément primaire est l'isolement, dit-il. Pour moi, cela a influencé énormément toute mon évolution.»

Certes, il constate aujourd'hui que la multiplication des moyens de communication a en bonne partie réduit cet isolement. Mais il reste que la situation géographique des Îles, en plein coeur du golfe du Saint-Laurent, à cinq heures de bateau du continent, a ses avantages et ses inconvénients, notamment pour une personne qui, en vieillissant, découvre des intérêts qui dérogent à ceux de l'ensemble de sa communauté.

«L'isolement a quelque chose de vraiment merveilleux dans le sens où nous autres, on n'allait pas manger chez McDo. On arrêtait chez Mémé qui nous faisait des galettes à la mélasse chaude, raconte Painchaud. Puis il n'y avait pas cette peur de l'étranger. Dans cette population de quelque 15 000 personnes, nous étions tous plus ou moins cousins ou amis. En même temps, il y a quelque chose d'étrange au fait que, de 0 à 16-17 ans, tu vas au centre commercial et tu vois tout le temps les mêmes visages. Tu ne peux pas prendre ton char et faire une drive jusqu'à la ville d'à côté. Il n'y en n'a pas. C'est le Golfe.»

Il résume la chose avec une réflexion savoureuse: «Il faut que tu apprécies la proximité avec les autres et l'éloignement avec tout le reste.»

Comme il y a peu d'artistes très connus (hormis le Cirque Éloize) qui, comme lui, viennent de cette région, les gens l'identifient aux Îles, qui servent d'amorce à la conversation. «La plupart des gens qui viennent me voir me content leurs souvenirs des Îles, leurs vacances aux Îles, leurs amis qui viennent de là, tout ce qui a rapport aux Îles», explique-t-il.

Et l'artiste continue, album après album, d'évoquer son lieu d'origine. Son plus récent disque, La dernière des arcades, comprend deux ou trois chansons inspirées de l'endroit. «Je pense que c'est ancré à tout jamais, poursuit le musicien. C'est un lieu tellement unique, qui ne ressemble à tellement rien d'autre ici qu'on ne peut pas effacer ça. Peu importe comment on évolue et où la vie nous emporte.»

Il ajoute que, si on demande à une personne des Îles-de-la-Madeleine de se définir, elle se dira d'abord madelinote, puis acadienne et, enfin, québécoise. «C'est l'ordre de priorité, assure Painchaud. Et Madelinot, ce n'est pas un cran, mais 100 crans au-dessus des autres. On est une petite nation en soi.»