À l'initiative de Rodney Saint-Éloi, directeur des éditions Mémoire d'encrier, qui nous font découvrir les meilleurs écrivains haïtiens, amérindiens et québécois, il y aura «une cour à l'haïtienne» au Salon cette année. «C'est en fait un espace de vie qui sera décoré afin de montrer que le pays est vivant, explique l'éditeur et écrivain, qui vient tout juste de publier le livre Haïti Kenbe La! - 35 secondes et mon pays à reconstruire chez Michel Lafon. «Ce sera l'illustration parfaite de ce que Dany a dit au lendemain du séisme: quand tout tombe, il reste la culture.» Dany Laferrière sera d'ailleurs le président de ce stand spécial, Haïti Solidarité, que les visiteurs pourront fréquenter pendant toute la durée du Salon.

Le but de Rodney Saint-Éloi est de faire rencontrer les cultures haïtienne et québécoise par l'entremise de la littérature depuis qu'il s'est installé au Québec, il y a une dizaine d'années, en fait. Le séisme du 12 janvier a créé chez les Québécois un besoin d'en savoir plus sur son pays natal, dit-il. «Je pense qu'on a dépassé la phase "exotique", les gens ont envie de mieux connaître Haïti.»

La littérature est là pour ça. Ils seront 17 écrivains, de la diaspora ou du Québec, à dynamiser le stand. Nous aurons la visite de Lyonel Trouillot, Gary Victor, Emmelie Prophète, Kettly Mars, Makenzy Orcel, Pierre Buteau, Leslie Péan et Christophe Charles. Les auteurs haïtiens du Québec, outre Dany Laferrière et Rodney Saint-Éloi bien sûr, seront Stanley Péan, Marie-Célie Agnant, Franz Benjamin, Gary Klang, Joe Jack, Lenous Suprice et Joël Des Rosiers.

Depuis deux ans, les écrivains haïtiens ne cessent de rafler des prix littéraires prestigieux, le plus célèbre au Québec étant le Médicis de Dany Laferrière pour L'énigme du retour, évidemment. Ce qui démontre hors de tout doute le caractère très contemporain de cette littérature qui touche la réalité de plusieurs continents dans un monde sans cesse en mutation. C'est aussi une autre façon de reconstruire Haïti. «Quand on pense à la reconstruction, on pense tout de suite aux murs, mais il y a la culture, souligne Rodney Saint-Éloi. L'imaginaire est tout aussi important que la réalité, parce que le pays est d'abord une projection de l'imaginaire. L'imaginaire crée le pays, et les murs vont suivre. Et qui de mieux que les écrivains pour faire entrer les gens dans leur pays?»

Haïti Solidarité présente aussi la table ronde Écrire le séisme, avec Dany Laferrière, Makenzy Orcel et Rodney Saint-Éloi dimanche, 13h, à la Grande Place.