Les grands musées québécois ne se contentent plus uniquement de numériser leurs oeuvres d'art et de les diffuser sur la toile dans l'espoir d'attirer les foules à l'intérieur de leurs murs. Jeux interactifs, visites guidées avec podcasts, blogues, albums sur Flickr, salles d'expo en 3D: bienvenue dans l'ère web 2.0.

Ces dernières années, plusieurs musées québécois ont déployé de grands efforts pour entreprendre le virage internet. Résultat: les amateurs d'art peuvent aujourd'hui admirer des centaines de milliers d'oeuvres dans le confort de leur foyer.

 

Mais la révolution web n'est pas terminée. Plusieurs musées du Québec entreprennent aujourd'hui d'imiter les musées européens et américains en se lançant dans le contenu «contributif» et multiplateforme. Une tendance qui devrait prendre de l'ampleur dès l'an prochain.

Le Musée des beaux arts de Montréal vient notamment de lancer un appel d'offres dans le but d'effectuer une refonte majeure de son site. On souhaite reproduire des expériences comme celle de l'exposition Imagine, où l'une des salles a été reproduite en 3D à l'aide d'une caméra panoramique.

Pour l'instant, en termes de contenu en ligne, les plus novateurs sont sans doute le Musée de la Civilisation à Québec et le musée McCord à Montréal.

Depuis plusieurs années, les visiteurs peuvent en apprendre un peu plus sur l'histoire et l'art en prenant part à des visites virtuelles en son et en images ou en participant à des jeux vidéo interactifs sur les sites des deux institutions. Ces 12 dernières années, l'équipe du musée McCord a numérisé près de 130 000 images, créé 200 dossiers d'exposition et conçu une quarantaine de jeux interactifs pour les jeunes.

Depuis quelque temps, les visiteurs sont également encouragés à contribuer au contenu du portail en déposant, sur le site de partage Flickr, les photos prises lors de leur visite. Ils peuvent également commenter les expositions sur la page Facebook dédiée au musée.

«Avoir pignon sur web nous permet d'offrir une expérience plus complète, explique Nicole Vallières, directrice collection, recherche et programmation au Musée McCord. Une expérience qui ne débute pas nécessairement lorsque l'on franchit les portes du musée et qui ne se termine pas immédiatement après la fin de la visite.»

«C'est aussi une façon de rejoindre une plus large partie de la population comme les 20-35 ans, ajoute le chargé de projet multimédia au Musée de la civilisation, Jules Morissette. Nous utilisons des outils comme Twitter, Facebook, Flickr ou Youtube, car ils sont sur ces médias-là. C'est dans cette même veine que nous avons lancé notre blogue cette semaine.»

La formule semble avoir du succès. Chaque année, le site du Musée McCord attire près de deux millions de visiteurs, alors que de 80 000 à 100 000 personnes fréquentent ses lieux physiques. Du côté du Musée de la civilisation, le jeu interactif de l'exposition Fascinantes momies d'Égypte, lancé au mois d'avril, a obtenu à lui seul près de 20 000 inscriptions. Le jeu consiste (entre autres) à déposer les bons viscères dans les bonnes urnes afin de les offrir aux dieux.

Ce qui s'en vient

Au cours des prochaines années, les grands musées du Québec continueront de surfer sur la vague du web. Le Musée des beaux arts de Montréal aura un nouveau portail. Le Musée de la Civilisation oeuvre à la mise en place d'une visite de la place Royale à Québec avec, pour guides, des plateformes mobiles comme l'iPhone ou l'iPod. Il sera également possible de visionner des images panoramiques de la place Royale sur son ordinateur et de cliquer sur les bâtiments qui nous intéressent pour avoir plus d'informations avant de quitter la maison. Le projet devrait être prêt en avril.

Le musée McCord travaille quant à lui à l'élaboration de podcasts. Les premiers tests du projet-pilote auront lieu à l'automne. «Je pense que les musées ont le devoir de ne pas uniquement utiliser le web à des fins promotionnelles, dit Nicole Vallières. Un musée est un gardien du patrimoine collectif, il se doit de démocratiser l'art de toutes les façons possibles. Nous, en tout cas, c'est le beau risque qu'on a pris.»