Dans le cadre des Suoni Per Il Popolo, Shadia Mansour sera jeudi au centre d'un programme consacré au hip-hop politique. D'origine palestinienne, cette MC a grandi à Londres et fréquenté le hip-hop new-yorkais avant de prendre son envol. Elle a saisi cet esprit aux origines afro-américaines pour ainsi l'injecter dans une expression profondément engagée qu'elle qualifie d'«intifada musicale».

Ainsi, Shadia Mansour préconise un militantisme culturel non violent et dédié essentiellement à la cause palestinienne. À tel point qu'on la qualifie de «première dame du hip-hop arabe».

1. Que signifie pour vous first lady of arabic hip hop?

Comme on le sait, l'expression «première dame» signifie l'épouse du président ou du premier ministre d'un pays. Si je puis m'exprimer en mes propres termes, le hip-hop est la représentation légitime du peuple et j'en suis la dame.

2. Puisque vous avez grandi au Royaume-Uni, quel est votre rapport avec la Palestine, soit le pays de vos parents?

Le lien a toujours été fort parce que j'ai passé beaucoup de temps en Palestine comme j'en ai passé beaucoup à Londres. Je dirais que j'ai grandi entre un endroit dur et un autre difficile.

3. De quelle manière croyez-vous que le hip-hop puisse faire une différence dans le combat des Palestiniens pour leur indépendance et leur liberté?

La résistance non violente est le noeud de mon approche. Je fais partie de cette génération qui va à la guerre avec les armes de la création. J'espère ainsi abolir les frontières qui divisent le pouvoir et la population. Nous communiquons à travers les mots, le hip-hop, la peinture, le théâtre ou la danse. C'est pourquoi je résume nos activités par l'expression intifada musicale. J'ai effectué quelques tournées en Palestine via l'organisation populaire Existence is Resistance. J'y ai encouragé la résistance pacifique au moyen des arts.

4. Y a-t-il une dimension religieuse à votre combat? Ou bien cela se limite-t-il aux combats culturel et politique?

J'aime plutôt me voir prolonger cette tradition hip-hop née dans le Bronx. Expression universelle, le hip-hop est avant tout culturel et continuera à servir le même objet dans tous les coins du monde en s'adaptant à toutes causes. D'abord une petite communauté d'artistes et de fans, le hip-hop s'est vite transformé en une nation. Il en va de même pour le hip-hop arabe, qui a commencé petit et qui rayonne aujourd'hui dans la grande région des pays arabes tout comme dans leur diaspora. Pour moi, la plateforme MySpace fut un point de départ comme ce fut le cas pour d'autres artistes du hip-hop arabe. Lors d'un voyage à Brooklyn, j'avais donné mon premier spectacle de hip-hop arabe et j'avais eu la chance d'y rencontrer plusieurs artistes hip-hop et MCs parmi lesquels on trouvait d'authentiques pionniers. Ceux-là m'ont enseigné l'essence du genre.

5. Au-delà du hip-hop, quels sont vos artistes préférés?

Ma musique est celle des générations antérieures qui m'ont inspirée et qui m'inspirent encore: Al Sayed Makawi, Abdel Wahab, Asmahan, Farid al Atrash, Fairuz. Pour mes contemporains, j'en aime plusieurs comme The Narcicyst, DAM et plusieurs autres que je considère comme des artistes vrais.

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Ce jeudi, 20h30, Sala Rossa, Shadia Mansour partage la scène avec The Narcicyst et Samian dans le cadre d'un programme présenté par les Suoni Per Il Popolo de concert avec l'organisation Artists Against Apartheid.