Après avoir remporté le Félix du meilleur album folk de l'année pour Le feu de chaque jour au dernier gala de l'ADISQ, Patrice Michaud découvre ces jours-ci les joies liées à cette reconnaissance. Après 65 spectacles à un peu partout au Québec, il revient à Montréal dans le cadre du Coup de coeur francophone.

«Mon Félix a eu un effet de relance sur mon album, dit-il. En même temps, ça rend une foule de petits combats plus faciles relativement à ma carrière. Et ça concorde bien avec d'autres bonnes nouvelles, comme de savoir que mon troisième extrait, Je cours après Marie, s'est retrouvé numéro un à la radio pendant deux semaines.»

Retrouver ses chansons dans les stations de radio commerciales est une nouveauté pour l'auteur-compositeur de 34 ans originaire de la Gaspésie.

«Mon premier disque, Le triangle des Bermudes, n'a jamais tourné dans ces stations. C'est une grande surprise pour moi que ces portes-là s'ouvrent. Je n'ai jamais visé ça, mais je suis enchanté de savoir qu'on y joue mes chansons. Ça permet à mon public de s'élargir et je m'en rends compte dans mes spectacles. À l'ADISQ, quelqu'un m'a dit qu'à une autre époque, mon Félix aurait fait parler de moi pendant trois ou quatre mois. De nos jours, cet effet dure plutôt deux ou trois semaines.»

Mais au-delà du succès actuel, l'essentiel est avant tout d'écrire ses chansons et de pouvoir dire ce qu'il a à dire.

«Je suis assez peu ambitieux de nature. Pour moi, le travail et l'ambition sont deux choses distinctes. J'ai toujours travaillé fort et pris mon métier au sérieux, mais dans un sens, j'aime tellement ce que je fais que je n'ai pas l'impression de travailler. Tout ce succès actuel est comme une surprise. J'ai avancé une marche à la fois et je trouve magnifique de pouvoir gagner ma vie avec ça. Mais je sais bien que le défi, dans ce métier-là, c'est de durer. J'espère que certaines de mes chansons feront un bout de chemin et vont rester.»

Est-il tenté, comme bien d'autres, d'écrire des chansons en anglais?

«J'ai une échappatoire que d'autres n'ont pas: je ne suis pas bon en anglais. Dans mon spectacle, je traite d'ailleurs de mon rapport à la langue anglaise. Je n'ai jamais eu de succès dans l'apprentissage des langues, et même si, à l'université, j'ai fait tous les cours de mise à niveau en anglais, c'est demeuré mon talon d'Achille. Mais au-delà de ça, je suis un ardent défenseur de la langue française. Dans le contexte nord-américain où nous vivons, ce sera un éternel combat. Je ne pense pas que nous allons nous éteindre, mais si on ne se bat pas, ça va arriver. Si on parle, encore une fois, de durer dans le temps, et si je peux arriver à laisser une trace quelque part, j'aimerais que ce soit en français.»

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À L'Astral, 8 novembre, 20h.