Ce samedi au Métropolis, la seconde performance fleuve de Prince été un peu moins fleuve que celle de vendredi. Un peu moins longue, avec moins de classiques au programme. Cela étant, la différence entre ces deux soirées mémorables ne tient pas à tant une demi-heure de plus ou de moins ou au nombre de hits, mais bien aux ambiances distinctes les ayant marquées.

Avec Prince à la barre, comment pouvait-il en être autrement?

Entre 2h30 et 3h30 du matin, le public a eu droit à Kiss et Purple Rain. Certains auront regretté de pas avoir eu droit à une rafale de classiques comme ce fut le cas vendredi. À maintes reprises avant la séquence finale, on a pu entendre les craintes des spectateurs à ce titre. Qu'à cela ne tienne, ils ont eu droit à un événement d'exception au chapitre de la pop culture. Les nostalgiques devront repasser... et ils semblaient peu nombreux au sortir de l'amphithéâtre.

Aussi insatiables que la veille, les fans? Mets-en. Ç'aurait pu se terminer à midi! On imagine même une petite rivalité entre les foules de vendredi et samedi.  Ce qui a, d'ailleurs, mené Prince à conclure: «Montréal est le meilleur endroit au monde pour faire la fête! Je le crois!»

Peut-être conclura-t-il de même au prochain party où ça lève très haut, mais il l'aura cru pendant au moins un week-end avant de s'envoler vers Paris pour y irradier le Stade de France (le 30 juillet) et  ensuite enchaîner les gros festivals d'Europe (North Sea, Umbria, etc.). Il faut donc réaliser notre chance d'avoir vécu cette intimité.

Chose certaine, les fans de pop instrumentale de haut niveau ont été ravis par quelques séquences funk-jazz, par cet épiseode où Roger Nelson a joué de la basse, ou encore lorsque la claviériste Cassandra O'Neil a joué le thème Scrapple from the Apple de Charlie Parker en fondu enchaîné avec Musicology. D'excellentes reprises ont aussi relevé cette performance, dont Le Freak c'est chic (Chic), Play That Funky Music (Wild Cherry) ou même What Have You Done for Me Lately (Janet Jackson!). Pendant la relecture de Take Me With U, on aura contempé le Prince se déchaîner sur sa Telecaster rose pour ensuite calmer le jeu avec une version très gospel de Nothing Compares 2U.

Moins rugueuse, moins rock, moins blues que vendredi, tout aussi funk et avec des soupçons de jazz et de gospel, la performance du New Power Generation m'a semblé excellente. À maintes reprises l'Artiste a préconisé ce groove néo-James Brown dont il maîtrise parfaitement les tenants et aboutissants, avec le légendaire Maceo Parker à l'appui. Il a aussi mis en valeur ses choristes, particulièrement Shelby Johnson.

Sous les ordres princiers, les musiciens et choristes avaient adopté le thème de la cape et de la robe de bal, en phase avec une performance un peu moins abrasive que la veille. Parlant de look, il faut souligner que ces escales montréalaises n'ont pas été marquées par une scénographie ambitieuse, assortie d'effets spéciaux. Les éclairages et les habits de scène suffisaient amplement à donner du lustre à la musique.

On était là pour la musique de Prince, pour l'efficience absolue de son band. Pour rien d'autre.