Ronald Brautigam est reconnu pour ses interprétations de Beethoven, Mozart et Haydn au piano-forte. Mais c'est Chopin qu'il offrira au public de Lanaudière, mardi soir, sur un piano Pleyel restauré de 1848, à l'église de Saint-Alphonse-Rodriguez. La Presse a discuté avec lui cette semaine de son amour pour les pianos anciens.

Même s'il ne dédaigne pas jouer les compositeurs romantiques sur les grands pianos modernes, Ronald Brautigam trouve plus intéressant d'interpréter Chopin sur un instrument qui permet d'entendre le son tel que le compositeur l'entendait à l'époque où il a écrit sa musique.

«Je joue encore souvent Chopin sur de grands Steinway ou des Bösendorfer, mais je crois que pour ce compositeur, la délicatesse de la musique ressort bien mieux sur un instrument comme le Pleyel, dit-il. Chopin était assez strict au sujet des pianos sur lesquels il jouait. Il ne voulait que des Pleyel ou des Érard, et n'aimait pas les autres pianos, car il sentait qu'ils ne convenaient pas à sa musique. En ce sens, c'est une très bonne idée de donner un récital de Chopin sur un Pleyel et d'offrir au public la chance de vivre cette expérience.»

Le pianiste néerlandais, que le Times a baptisé «le roi du piano-forte», constate que l'intérêt du public pour les concerts sur des instruments historiques est grandissant. Mais pour lui, il n'y a pas d'obligation absolue de les utiliser.

«J'ai reçu une formation de pianiste moderne, et je suis content d'être capable de jouer sur les deux types d'instruments, dit-il. Je suis assez libre et pragmatique à cet égard. La plupart du temps, quand je joue avec un orchestre, c'est sur un piano moderne. J'ai aussi beaucoup de plaisir à jouer Chopin sur un superbe Steinway. Au bout du compte, ce qui est important, ce n'est pas l'instrument, mais la musique et l'interprétation que l'on en fait.»

Il s'agit d'une première présence à Lanaudière pour l'artiste, qui a toutefois déjà joué à Montréal à l'époque de Charles Dutoit. «On m'a dit que le Pleyel sur lequel je vais donner mon récital est un instrument magnifique, et j'ai très hâte de l'essayer, ajoute le pianiste. De plus, l'acoustique d'une église et le Pleyel vont habituellement très bien ensemble.»

Jouer sur un Pleyel n'est toutefois pas facile. «Plus vous jouez doux, plus cela sonne bien. Si vous jouez avec beaucoup de force et de puissance, cela ne donne pas un aussi bon résultat. Mais si vous jouez avec beaucoup de délicatesse et d'élégance, cela sonne admirablement.»

En deuxième partie du récital, Ronald Brautigam interprétera Kreisleriana, opus 16, de Robert Schumann.

«Je trouve un peu étrange le fait que, bien que ce soit aussi le bicentenaire de la naissance de Schumann, il y ait beaucoup plus de concerts consacrés à Chopin. Schumann se retrouve en deuxième place et sous-représenté. C'est pourquoi j'ai pensé, pour la seconde partie du concert, jouer Kreisleriana, oeuvre que Schumann avait d'ailleurs dédiée à Chopin.»

Plus tard au cours de l'été, le pianiste retournera en Suède pour poursuivre une entreprise ambitieuse commencée en 2004: l'enregistrement de l'intégrale des oeuvres pour piano de Beethoven sous l'étiquette BIS, entièrement au piano-forte. Un travail colossal, qui comprendra 17 disques une fois terminé. Il avait déjà, auparavant, enregistré les oeuvres complètes de Mozart et de Haydn sur cet instrument. C'est donc un véritable maître que le public du Festival de Lanaudière aura la chance d'entendre cette semaine.

Ronald Brautigam, récital le 20 juillet, 20h, église de Saint-Alphonse-Rodriguez.