On avait annoncé un programme double Miossec/Vincent Vallières. Effectivement, les deux hommes ont joué à peu près une heure et quart chacun, mais le public, plus jeune que la moyenne aux Francos, qui s'est pointé au Métropolis samedi soir était venu voir l'artiste de Magog plutôt que celui de Brest.

Vallières et sa bande n'ont pas déçu. Leur rock de guitares était encore plus riche, plus enveloppant, plus rentre-dedans même qu'en février dernier dans la même salle. Ça a démarré comme un rappel avec l'imparable trio extrait du dernier album (Le monde tourne fort, En attendant le soleil et Le temps est long), et l'intensité a grimpé d'un cran avec une L'avenir est proche punkisante pendant laquelle Olivier Langevin s'éclatait à la guitare et Vallières sautillait devant.C'était déjà le moment de donner congé aux musiciens le temps d'un trio de chansons acoustiques. Vallières a brièvement cité Norwegian Wood à la guitare puis il s'est lancé dans la toute courte Époque d'opinions. La chorale de ses fans s'est manifestée pour la première fois pendant L'amour au coin de la rue, comme elle l'a fait au rappel pour On va s'aimer encore et Un quart de piasse. Après Tom, les musiciens sont revenus nous offrir l'une des plus belles chansons de Vallières, L'espace qui reste.

Vallières aurait pu se contenter de nous offrir en condensé son spectacle de février. Il a plutôt choisi de revisiter quelques-unes des chansons qu'il n'avait pas jouées depuis quelques années comme le blues-boogie vitaminé de Tapecul. Il nous a aussi offert 'en exclusivité' une chanson intitulée (provisoirement?) Côte Nord. Il s'agit du texte primé au concours organisé par La Presse 'Devenez le parolier de Vincent Vallières', signé François David Prud'homme et que Vallières a mis en musique. 'On n'était pas obligés, mais on la fait parce qu'on l'aime beaucoup' a dit le chanteur de cette chanson qui sonne déjà comme du Vallières vintage.

Au rappel, Sylvain Séguin des Dales Hawerchuk est venu le rejoindre pour une O.K. on part à saveur grunge.

Miossec, le revenant

On n'avait pas vu Christophe Miossec depuis le millénaire précédent, mais on s'est vite rendu compte qu'on n'avait plus affaire à l'artiste bourré dont on avait dû annuler un concert au Coup de coeur francophone de 1998 pour cause de comportement perturbant dans l'avion qui l'amenait ici - il avait fait amende honorable l'année suivante au Lion d'or. Miossec n'avait plus besoin de chanter Non non non non (je ne suis plus saoul) - même s'il l'a fait - pour qu'on constate de visu qu'il était en forme, tout à fait présent et encore capable de crier son indignation.

Le Breton a eu droit à un accueil gentil, mais tout de même réservé de la part des spectateurs qui ne connaissaient manifestement pas beaucoup ses chansons. Ce n'est qu'au milieu du spectacle, quand il a repris Osez Joséphine de Bashung, avec un violon en lieu et place de la slide guitar, que le public a vraiment manifesté son approbation.

Il faut dire que, malheureusement, la voix rocailleuse de Miossec se perdait dans la musique rugissante de son groupe, handicapée par une sono déficiente. On n'entendait guère mieux le chanteur lors des passages plus doux, comme au début de 30 ans, les conversations des spectateurs au parterre s'amplifiant à mesure qu'avançait la soirée.

N'empêche, le rock rugueux de Miossec et sa bande, plus vigoureux encore que sur disque - je pense notamment à À Montparnasse -, était convaincant. Il a même eu droit à un rappel, un peu beaucoup grâce à l'enthousiasme des spectateurs qui étaient collés sur la scène.

Il suffirait peut-être que son très bon dernier album Finistériens tourne un peu et qu'il nous revienne avant 11 ans pour qu'un public bien à lui vienne l'accueillir la prochaine fois.